Argenterie

Monts et vermeil

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 26 mars 2008 - 693 mots

Sotheby’s concentre ses ventes d’orfèvrerie européenne à Paris.

PARIS - Dans le cadre d’une vaste réorganisation de ses ventes d’orfèvrerie européenne, Sotheby’s regroupe davantage son activité sur Paris où se déroulent déjà depuis 2002 deux ventes annuelles dédiées uniquement aux pièces d’orfèvrerie. La maison de ventes a cessé ses vacations spécialisées à Amsterdam, soit deux ventes par an pour 1,5 à 2 million(s) d’euros de recettes. De même, l’argenterie italienne dispersée habituellement à Milan avec le mobilier rejoint le réseau de ventes parisien. Si la place de Londres continue de proposer de l’orfèvrerie anglaise et américaine, elle se sépare, en revanche, de sa section objets de vitrine qui connaît désormais un nouveau départ dans la capitale française.
Thierry de Lachaise, directeur du département orfèvrerie de Sotheby’s France, se réjouit de voir ainsi ses ventes s’étoffer. La prochaine se tiendra le 10 avril. Pour autant, l’ensemble proposé est loin d’être pléthorique, car la stratégie de Sotheby’s repose sur une sélection d’objets haut de gamme, avec un ticket d’entrée à 4 000 euros le lot. La pièce la plus attendue est le grand coffret en vermeil aux armes du cardinal duc d’York, dernier membre de la dynastie des Stuart et héritier de la couronne d’Angleterre, et sa doublure en laiton par Luigi Valadier, vers 1785, estimé 300 000 à 500 000 euros. Il est orné d’une frise de bucranes coiffés de rubans et guirlandes de laurier, de frises, de deux médaillons en mandorle encadrés de rubans figurant un couple de cygnes et un autre de hérons. Les anses latérales sont formées de pampres se terminant en têtes de lions.
La vente comprend également un rare bâton de maître d’hôtel (vers 1670), composé de trois anneaux en vermeil, aux armes de la reine Marie-Thérèse de France et de son maître d’hôtel Jacques-Antoine de Robec, baron de Palières, estimé 8 000 euros. Selon Thierry de Lachaise, « c’est une pièce extrêmement rare. Seuls deux autres bâtons de maître d’hôtel français de l’Ancien Régime sont connus ». Signalons une paire d’importants rafraîchissoirs et leurs doublures en vermeil par Jean-Baptiste-Claude Odiot (Paris, 1798-1809), ovales reposant sur quatre pieds en forme de sphinges à pieds griffes, avec deux anses en serpent s’échappant de masques de faunes, estimée 150 000 euros, et une grande coupe en agate montée en argent et vermeil, Les grenouilles qui demandent un roi (Paris, 1891-1897) par Lucien Falize. Inspirée de la fable de Jean de La Fontaine du même titre, elle est estimée 120 000 euros. Notons encore un nécessaire de voyage en vermeil par Martin-Guillaume Biennais (Paris, 1809-1819), au rare motif de paon, estimé 90 000 euros ; une fontaine à thé en vermeil par le même orfèvre, gravée d’armoiries du Prince d’Arenberg (Paris, 1819-1821) et dont un modèle comparable est conservé au Musée du Louvre ; ainsi qu’une soupière couverte ovale, son présentoir et sa doublure en vermeil par Jean-Charles Cahier (Paris, 1809-1819), aux armes de José Manuel de Goyeneche y Barreda, estimées 50 000 euros chacune.

Vases à marrons chauds
Parmi les dix-sept lots venus du nord de l’Europe, sera offerte pour 6 000 euros une paire de vases à marrons chauds en argent par Diederik Lodewijk Bennewitz (Amsterdam, 1824), le plus grand orfèvre en Hollande. Autres nouveautés, Sotheby’s proposera une paire de rimonim italiennes en argent poinçonné (Gênes, vers 1835) estimée 6 500 euros, faisant partie des objets de la Judaïca habituellement cédés à Amsterdam, ainsi qu’une tabatière en or et nacre par François Marteau (Paris, 1743) qui, sur une estimation de 100 000 euros, trône en tête des objets de vitrine proposés pour la première fois à Paris. Enfin, remarquons trois pièces en bronze argenté du sculpteur-orfèvre contemporain José-Maria David, installé en Bretagne, à savoir une paire de grandes appliques à trois lumières aux panthères (2006), une paire de chandeliers aux panthères à cinq lumières (2007) et une paire de grands chandeliers aux ours à cinq lumières (1998), estimées 8 000 à 15 000 euros chacune. Parce que l’expert « souhaite aussi développer une section d’orfèvrerie contemporaine dans [ses] ventes ».

IMPORTANTE ORFÈVRERIE EUROPÉENNE,
- Expert : Thierry de Lachaise
- Estimation : 2,5 millions d’euros
- Nombre de lots : 154

- IMPORTANTE ORFÈVRERIE EUROPÉENNE, vente le 10 avril 14h30 à la galerie Charpentier, Sotheby’s, 76, rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris, tél. 01 53 05 53 05, www.sothebys.com, expositions publiques : du 4 au 9 avril 10h-18h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°278 du 28 mars 2008, avec le titre suivant : Monts et vermeil

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