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2022, le rapport Art Basel / UBS

Modèle économique, prime à la taille

Économie des galeries

Par Anne-Cécile Sanchez · Le Journal des Arts

Le 12 avril 2023 - 556 mots

Seules les enseignes affichant un chiffre d’affaires annuel supérieur à 500 000 dollars ont vu leur rentabilité augmenter.

Monde. Près d’une vingtaine pour les galeries du premier marché, une petite trentaine pour les galeries du second marché : le nombre d’artistes représentés en moyenne par enseigne, légèrement inférieur à ce qu’il était en 2017, n’a quasiment pas varié ces dernières années. Reste que les marchands réalisent la moitié de leur chiffre d’affaires (CA) avec seulement trois artistes, une constante encore plus prononcée pour ceux du premier marché (56 % de leur CA). Si la présence en ligne permet de développer à la marge les ventes des artistes moins demandés, l’une des priorités absolues, unanimement avancée par les marchands, est bien de trouver de nouveaux talents.

En 2019, les galeries travaillaient en moyenne avec une soixantaine de clients fidèles, un nombre qui s’était réduit à une cinquantaine pendant la pandémie. La reprise d’une programmation régulière et le retour des foires ont contribué à élargir cette base à 57 clients. Mais engranger de nouveaux contacts demeure l’un des principaux objectifs que se fixent les galeries. En 2022, celles-ci ont effectué un tiers de leurs ventes avec de nouveaux clients, un tiers avec des clients rencontrés au cours des cinq dernières années, et enfin un tiers avec des clients réguliers depuis plus de cinq ans. Les transactions réalisées avec des particuliers, dont un sur deux habite dans la région ou le pays de la galerie, comptent pour les deux tiers (72 %) des ventes. Si l’on ajoute les 5 % de ventes conclues avec des décorateurs d’intérieur et des conseillers artistiques, lesquels travaillent pour des particuliers, 77 % des ventes sont réalisées par des particuliers.

Le transport : un coût alourdi

Dans l’économie générale des galeries, 30 % des dépenses sont liées à leur participation aux foires ; 18 % concernent les voyages et frais d’hébergement ; 10 % la publicité ; et 9 % les technologies de l’information (site Web, abonnements à des plateformes de vente…). Les frais d’expédition des œuvres, qui représentent 12 % des dépenses, se sont quant à eux considérablement alourdis en 2022 : selon les pays, leur coût a ainsi grimpé de 20 à 40 % en l’espace d’un an.

Côté rentabilité, 49 % des galeries qui réalisent un chiffre d’affaires annuel de plus de 10 millions de dollars ont vu leurs profits augmenter en 2022 (contre 69 % en 2021). Cette bonne santé des marchands les plus importants se vérifie jusqu’au segment des galeries dont le chiffre d’affaires se situe entre 500 000 dollars et 1 million de dollars : elles ont réalisé une bien meilleure année qu’en 2021. À l’inverse, 39 % des galeries réalisant moins de 250 000 dollars de chiffre d’affaires ont vu leur rentabilité baisser, de même que 41 % des galeries réalisant entre 250 000 et 500 000 dollars de chiffre d’affaires. Sur le plan géographique, en France, en Allemagne et aux États-Unis, un tiers des marchands affichent une meilleure rentabilité qu’en 2021, tandis qu’au Royaume-Uni, où l’effet de rattrapage post-Brexit se confirme, cette proportion atteint 40 %. En Asie, la région la plus dynamique du marché de l’art actuellement, elle culmine à 50 %.

Le marché de l’art ressemble ainsi de plus en plus à celui du luxe où les enseignes les plus en vue, implantées dans de nombreux pays, affichent la meilleure rentabilité et ont les moyens d’investir pour poursuivre leur développement.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°609 du 14 avril 2023, avec le titre suivant : Modèle économique, prime à la taille

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