Médailles, une vente phare

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 19 février 1999 - 539 mots

L’étude Piasa dispersera le 8 mars, à l’Hôtel Ambassador, une grande collection française de médailles françaises, italiennes et flamandes, de la Renaissance à nos jours. Il s’agit de la vente la plus importante de ces vingt dernières années.

PARIS - “On n’avait pas vu de collection de médailles de cette importance en vente publique depuis 1979, date de la vacation Meunier. Cette collection a été commencée par le père et poursuivie par le fils”, indique l’expert Sabine Bourgey. À noter parmi les pièces les plus intéressantes, une médaille exécutée par Marende (35-40 000 francs) figurant Philibert le Beau, duc de Savoie, et sa femme Marguerite d’Autriche, commandée par la ville de Bourg-en-Bresse pour être offerte à la duchesse le 2 août 1502 – il en existe plusieurs variantes, dont une a été mise en vente en juin 1988 par Sabine Bourgey –, et une médaille par Jacques Jonghelinck représentant l’entrée triomphale dans la ville d’Anvers, en 1585, d’Alexandre Farnèse, duc de Parme et gouverneur des Pays-Bas (12-14 000 francs).

La valeur des médailles est fonction de leur époque, de leur rareté et de leur état de conservation, mais aussi de la qualité de la fonte et du sujet représenté. “Les collectionneurs de médailles sont très différents des collectionneurs de monnaies. Ce sont souvent des amateurs d’art qui s’intéressent également à la sculpture et aux tableaux. C’est un public uniquement masculin, secret et discret”, poursuit l’expert.

Le marquis de Ferrare
Au nombre des médailles italiennes de la Renaissance, une représentation par Pisanello de Leonello d’Este, marquis de Ferrare, à côté de deux hommes nus soulevant de grandes corbeilles pleines de rameaux d’olivier (30-40 000 francs). Deux vases, sur des rochers, reçoivent des gouttes tombant des nuages. Une autre médaille, plus tardive, représente le buste de Marie Tudor, reine d’Angleterre et deuxième femme de Philippe II d’Espagne, par Jacopo da Trezzo. Elle porte une coiffe ornée d’une rangée de perles et un corsage en riche étoffe (14-16 000 francs). Sous le buste, la Paix brandissant des rameaux, entourée de suppliants, met le feu à un monceau d’armes. Une autre pièce très rare figure Nicolas Machiavel, l’auteur du Prince, avec une légende gravée en creux avant la fonte de la médaille (15-18 000 francs). A. Heiss, dans son ouvrage sur Les graveurs de la Renaissance, émet cependant quelques doutes sur l’identité du personnage représenté.

Parmi les médailles françaises, une représentation de Louis II et d’Anne de Bretagne (50-60 000 francs) est à signaler. Le buste du roi, portant le collier de l’ordre de Saint-Michel, apparaît sur un semis de fleurs de lis, tandis que le buste de la reine est couronné et voilé. Elle a été offerte au couple royal à l’occasion de son passage à Lyon, le 15 mars 1500. Il s’agit de la première médaille de fort relief et de grand diamètre fondue en France. Dessinée par Jean Perréal, exécutée par Nicolas Leclerc et Jean de Saint-Priest, elle a été fondue par Jean Lepère.

Seront également proposées une médaille d’Henri II par Germain Pilon (50-60 000 francs), un Louis XI, roi de France, coiffé d’un haut chapeau, par Giovanni Candida (20-25 000 francs), et l’une des plus belles monnaies gothiques françaises, une couronne d’or de Philippe VI de Valois, extrêmement rare.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°77 du 19 février 1999, avec le titre suivant : Médailles, une vente phare

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