Me Boscher reste à la barre chez Loudmer

Le Journal des Arts

Le 19 décembre 1997 - 606 mots

Administrée par Me Daniel Boscher depuis le 4 novembre dernier, l’étude Loudmer vient d’être mise en redressement judiciaire par le Tribunal de grande instance de Paris. La poursuite de l’activité est autorisée pour une période de quatre mois : le temps nécessaire à la cession du fond de commerce et au comblement du passif d’une vingtaine de millions de francs. Orphelins depuis l’incarcération de Guy Loudmer le 24 octobre dernier et la fuite en Israël de son fils Philippe, les salariés de l’étude vont malheureusement être licenciés. Seuls quatre à six d’entre eux, sur les vingt-trois actuellement en poste, conserveront leur emploi et continueront à assurer le fonctionnement de l’étude.

PARIS - Moins de deux semaines après avoir été saisi par l’administrateur provisoire de l’étude, Me Daniel Boscher, le Tribunal de grande instance de Paris a rendu son jugement. Présidé par Mme Isabelle Nicolle, il a constaté que l’état de cessation de paiement remontait au 28 novembre dernier. Estimant qu’il convient d’ouvrir une période d’observation de quatre mois pour étudier les perspectives de redressement, il a nommé le 12 décembre Me Pelu­chono, comme administrateur de l’étude pour quatre mois. La société civile professionnelle des commissaires-priseurs Guy et Philippe Loudmer, suspendus de leurs fonctions le 4 novembre par la Chambre de discipline des commissaires-priseurs, survivra donc. “Le temps de trouver les sommes né­cessaires au comblement du passif, par apport d’argent frais”, précise Me Boscher. Ce passif s’élèverait à une vingtaine de millions de francs, auxquels il convient d’ajouter encore plus de vingt-cinq millions dus à l’administration fiscale. La décision a été prise par la juridiction civile, car une étude de commissaire-priseur n’est pas une société commerciale. Les règles sont cependant les mêmes : lorsque l’ensemble des dettes exigibles (le passif) est supérieur à l’actif disponible, la question de la survie de l’entreprise se pose.

Et la SCP Loudmer risquait en l’occurrence de passer du stade du redressement à celui de la liquidation judiciaire. Le Tribunal de grande instance a quand même suivi le plan proposé par Me Daniel Boscher, qui dirigeait le navire depuis le 4 novembre dernier. Ce commissaire-priseur avait des arguments de poids, puisqu’il avait déjà réussi à trouver quinze millions de francs : deux millions apportés par la Compagnie des commissaires-priseurs au titre de la solidarité professionnelle, cinq millions prélevés sur les réserves de Drouot S.A., et dix millions versés par la compagnie d’assurances de l’étude, les Mutuelles du Mans, qui en a retenu deux pour la franchise. Sur la poursuite de l’activité, Me Boscher, qui continuera à tenir le marteau pour l’étude, se veut rassurant, puisque moins de 20 % des objets confiés à l’étude pour être vendus en 1998 ont été retirés par leurs propriétaires. “Le retrait de seulement 3,5 % des objets qui auraient dû être vendus d’ici la fin de l’année prouve bien que les clients de l’étude continuent à nous faire confiance”, a-t-il précisé.

Il table sur un produit de vingt sept millions de francs pour le prochain exercice : dix-sept millions lors du premier semestre 1998, et dix millions au second. L’étude poursuivra donc son activité avec la mise aux enchères, dès le 25 janvier, de tableaux modernes et une vente de vins le 26. Mais il lui faudra réduire ses frais de fonctionnement pour atteindre les objectifs fixés par le tribunal. Aussi, dix-sept à dix-neuf de ses vingt-trois salariés vont-ils être licenciés. La masse salariale passera ainsi de 6,5 millions de francs à un peu moins d’un million. Et dans le même souci d’économie, l’étude quittera ses locaux actuels, dont le loyer s’élève à quelque trois millions de francs, pour d’autres bureaux situés rue de la Grange-Batelière.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°50 du 19 décembre 1997, avec le titre suivant : Me Boscher reste à la barre chez Loudmer

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