Manifestation impériale

Quatre-vingts galeries, dont vingt étrangères, participent au \"Festival\" de Tokyo

Le Journal des Arts

Le 24 octobre 1997 - 612 mots

Pour marquer le quarantième anniversaire de l’Association des marchands d’art japonais, un Festival d’art international est organisé du 30 octobre au 3 novembre dans le tout nouveau International Art Forum, au cœur de Tokyo. Il accueillera une exposition Yuzo Saeki, ainsi que soixante galeries japonaises et vingt marchands de Londres, New York et Paris, tous familiers du marché nippon et présentant des œuvres du XVIIIe siècle à nos jours. Un événement au Pays du Soleil levant, où le marché de l’art se déroule plutôt à huis clos.

PARIS - "Le marché français étant moribond, il faut aller au-devant des musées japonais", indique Philippe Cazeau, de la galerie parisienne Cazeau-Béraudière, l’une des cinq à faire le déplacement avec les galeries Bérès, Fanny Guillon-Lafaille, Hopkins-Thomas et Daniel Malingue. Selon lui, cette foire devrait mieux se dérouler qu’il y a sept ans, car "nous pourrons prouver aux Japonais que les marchands européens ont de belles œuvres et à des prix très intéressants". Un point de vue que partage Daniel Malingue, considérant qu’il est aujourd’hui "impossible d’attendre d’hypothétiques collectionneurs dans sa galerie". Tokyo – sa troisième foire cette année, après New York et le Salon des beaux-arts – lui donnera aussi l’occasion de revoir les clients japonais avec lesquels il travaille depuis des années, "pour leur montrer des tableaux impressionnistes et modernes, comme Le saule pleureur de Monet". Pour Martin Summers, de la Lefevre Gallery, spécialisée dans l’art moderne classique et les impressionnistes, "les Japonais ont toujours eu l’extraordinaire faculté de se réinventer et ils ont décidé de marquer davantage leur territoire. La foire remportera sans doute un grand succès, beaucoup de Japonais ayant une véritable passion pour l’art français." Sa galerie a beaucoup vendu au Japon entre 1969 et 1990, et il est présent cette année parce que le marché donne certains signes de reprise : "Ce ne sont plus les marchands ni les sociétés mais les collectionneurs privés qui sont aujourd’hui beaucoup mieux informés."

En outre, la plupart des trente et quelque musées construits depuis 1986 font leur réapparition sur le marché. La manifestation est ouverte à la peinture, la sculpture et aux œuvres sur papier, japonaises et occidentales. En parallèle à la foire, seront exposées  des œuvres de Yuzo Saeki (1898-1928) qui, malgré sa mort précoce, est devenu l’un des peintres japonais modernes les plus influents. Sa vie symbolise l’histoire d’amour, longue d’un demi-siècle, entre le Japon et Paris, où il avait fait ses études et avait été fortement marqué par Vlaminck. Le Festival est soutenu par le ministère des Affaires étrangères, le ministère de la Culture, les ambassades de France et des États-Unis, et le British Council. Son comité d’organisation est composé de grands industriels japonais, d’un ancien ambassadeur du Japon en France, d’un ancien membre du gouvernement, de Tadayasu Sakai, directeur du Musée d’art moderne de Kamakura, de William S. Lieber­man, président du département d’Art du XXe siècle au Metropolitan Museum of Art à New York, et de Germain Viatte, ancien directeur du Musée national d’art moderne à Paris, aujourd’hui chargé du projet du Musée des "arts premiers". L’organisatrice et vice-présidente du comité est Mme Chieko Hasegawa, dont la galerie de Ginza spécialisée dans les impressionnistes est l’équivalent japonais de Wildenstein. Le président, Shuji Takashina, directeur du Musée national d’art occidental à Tokyo, est un spécialiste mondialement reconnu de la peinture française du XIXe siècle. Les représentants des musées donneront des conférences durant le festival. Enfin, le grand groupe de presse japonais Nihon Keizai Shimbun apporte son soutien à la manifestation. Pudeur japonaise, aucune vente ne peut être conclue dans l’enceinte de ce festival, qui se veut "plus culturel que commercial" : les marchands devront donc traiter leurs affaires à l’extérieur.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°46 du 24 octobre 1997, avec le titre suivant : Manifestation impériale

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