Peinture

Malaval en amont

Par Henri-François Debailleux · Le Journal des Arts

Le 14 mars 2012 - 523 mots

La Galerie de l’exil a réuni onze toiles de la série très recherchée des « paillettes » de l’artiste « glam rock ».

PARIS - Même modeste et mal accrochée, une exposition de Robert Malaval (1937-1980) crée toujours une certaine effervescence. L’artiste n’est pourtant pas sous-exposé : lui ont été récemment consacrées : une double exposition, à la fin 2005-début 2006, à la Biennale d’art contemporain de Lyon et au Palais de Tokyo à Paris, puis, au cours de l’été 2009, une rétrospective au Musée des beaux-arts d’Angers.

La sélection d’œuvres que propose la Galerie de l’exil n’échappe pas à la règle. Il faut dire qu’être qualifié tour à tour de peintre météore, icône des années 1970 en France, artiste « glam rock », héros underground, dandy, créateur d’une version française du pop art, kamikaze (d’après le titre de l’exposition du Palais de Tokyo) « Kurt Cobain de la peinture » (Jean-Charles de Castelbajac)…, et qu’avoir été éleveur de vers à soie, avoir écrit un livre – non publié –, sur les Rolling Stones et s’être suicidé d’une balle dans la bouche, cela forge un mythe. Avec pour conséquence l’existence d’un véritable fan-club, à l’image d’une star de rock, en toute logique pour quelqu’un qui a toujours connu un mode de vie très rock’n’roll.

En alignant onze toiles de la période des « paillettes », Jacques Mauguin, le directeur de la galerie, fait aussi assez fort. Il a mis près de trois ans à réunir cet ensemble tant les œuvres de cette série sont rares sur le marché, les collectionneurs qui en possèdent tenant à les conserver. Car parmi toutes ses périodes de création (l’« Aliment blanc », « Rose-Blanc-Mauve, « Été pourri- Peinture fraîche »…), celle où il parsème la toile de paillettes bénéficie d’une aura particulière. Sans doute parce qu’elle est la dernière et que Malaval est le premier à utiliser un tel matériau. Les paillettes multicolores, comme autant de poussières d’étoiles, lui permettent de peindre avec le vent. Elles sont en outre la couleur et la peinture même. Sans doute aussi parce que leur apposition témoigne d’une remarquable fulgurance, et que la série incarne ainsi plus que toute autre le souhait de l’artiste qui disait : « J’ai envie de faire des toiles qui soient aussi rapides, aussi instantanées que la musique. »

Les prix des œuvres ici présentées vont de 4 500 euros pour Mimi Pinson, un petit papier (50 x 70 cm) de 1972, à 200 000 euros pour une grande (195 x 265 cm) et splendide toile de 1980 3 bâtons, violet, rouge, vert. Avec une moyenne située autour de 50 000 euros, ce qui, toutes proportions gardées, n’est pas un montant ahurissant pour un artiste de cette importance. Mais, comme le précise le galeriste Baudoin Lebon, qui a représenté la succession Malaval pendant plus de vingt ans, « le problème est qu’il est français. Il serait américain on ajouterait au moins un zéro de plus ».

ROBERT MALAVAL

Nombre d’œuvres : 14
Prix : de 4 500 à 200 000 €

Jusqu’au 30 avril, Galerie de l’exil, 18, avenue Matignon, 75008 Paris, 01 42 66 55 63.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°365 du 16 mars 2012, avec le titre suivant : Malaval en amont

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