Magique majolique d’Urbino et grand mobilier

Quelques résultats exceptionnels à Drouot

Le Journal des Arts

Le 1 décembre 1996 - 826 mots

La récession économique et l’attente de l’ouverture du marché en 1998 ont beau pénaliser les ventes publiques à Paris, les secteurs spécialisés et les objets de grande qualité prospèrent, malgré tout. Quelques ventes récentes de céramique, de numismatique et de mobilier, à Drouot, montrent que certains collectionneurs et marchands n’ont que faire de la morosité ambiante.

PARIS - La nouvelle association de commissaires-priseurs PIASA – réunissant Mes Picard, Audap, Solanet et Velliet – a fait ses débuts de façon éclatante. Le 18 octobre, lors de sa toute première vente, l’étude a établi un record français en dispersant près de 200 lots de faïences du XVIe au XVIIIe siècle, provenant pour la plupart de manufactures provinciales de l’Hexagone. Un rare plat rond d’Urbino à décor polychrome istoriato, estimé entre 80 000 et 100 000 francs, a atteint 435 000 francs – un record. Trois faïences de Meillonnas du XVIIIe siècle, une paire de bouquetières d’appliques, un vase brûle-parfum et un pot à eau ont été préemptés par les Musées nationaux à 140 000, 120 000 et 130 000 francs. La vente a produit un total de 1 804 500 francs, dont 92,13 % de vendus.

Un charmant surtout de table
Le 15 novembre, PIASA a vendu pour 98 % en valeur des 121 lots d’objets d’art, tableaux anciens et mobilier, en majorité du XVIIIe siè­cle, qu’elle dispersait à Drouot, réalisant un total de 10,3 millions de francs. Un étonnant et rare mobilier de salon Louis XVI, dont chaque chaise reposait sur six pieds, a été adjugé 1,8 million de francs, une commode galbée Louis XV, estampille de Joubert, 770 000 francs.

Réunissant provenance prestigieuse et grande qualité – les collections d’objets et de mobilier, du XVIIe au XIXe siècle, du château de Prye –, la vente de Me Jacques Tajan, le 14 novembre, a également obtenu un excellent résultat : 3 867 300 francs, avec plus de 90 % des lots vendus. Un charmant surtout de table en métal argenté, en forme de pagode, estimé très modestement entre 12 000 et 15 000 francs, est parti à 82 000 francs. Une suite de quatre appliques XIXe siècle, style Louis XVI, a trouvé preneur à 142 000 francs, le double de son estimation, tandis que six fragments de tapisserie d’Aubusson, XVIIIe siècle, dépassaient allègrement leur estimation de 120 000 à 150 000 francs pour atteindre 210 000 francs.

Deux ventes réunissaient le petit monde très sélectif des collectionneurs d’art primitif. Celle d’archéologie des Amériques et d’art nègre, organisée par PIASA le 23 octobre, a totalisé 1 735 570 francs, dont 65,50 % de vendus. Le Musée d’histoire naturelle de Toulouse s’est porté acquéreur de deux vases et d’une statuette précolombiens, et une figure de reliquaire Byéri, de type Betsi, a fait 425 000 francs. Me Tajan, le 8 novembre, a vendu un peu plus de la moitié des 177 lots d’art primitif et d’art précolombien qu’il proposait. Peu courantes, les pièces des collections Servarie et Bitran, constituées pendant les années soixante et soixante-dix, trouvaient difficilement preneur. Celles plus classiques de la collection Paul Chadroune, également plus ancienne – où figurait un magnifique cimier de coiffe Tyiwara Kenedougou du Mali, adjugé 450 000 francs –, obtenaient de meilleures enchères.

Les amateurs de numismatique
La vente de céramique et d’objets de pharmacie dirigée par Me Fran­çois de Ricqlès, le 20 octobre, comprenait également quelques pièces hors pair : un vase français à deux anses attribué à Abaquesne (dont seules deux autres pièces sont connues), vers 1550, adjugé 120 000 francs pour le compte d’un collectionneur américain, a été préempté pour le Musée national de la Renaissance à Écouen. Un plat au décor d’une grande langouste rose, Pesaro, vers 1763-1765, a été acheté 215 000 francs par un marchand italien qui enchérissait contre un confrère suisse. La vente a produit 1 850 000 francs, dont 82 % de vendus.

Rien, même la récession, ne décourage les amateurs de numismatique. Inconnue non seulement des autres collectionneurs mais également de la plupart des marchands, la collection de monnaies d’argent de H. G., un habitant du département de la Loire, a attiré de nombreux amateurs d’Europe, des États-Unis et du Japon, lors de sa dispersion les 22 et 23 octobre par Mes Delorme et Fraysse, assistés de l’expert Alain Weil. La vente a totalisé 2,4 millions de francs, contre une estimation de 1,5 million de francs, et seuls 90 des 794 lots, comprenant plusieurs milliers de pièces, sont restés invendus. Une très rare pièce Louis-Philippe a été emportée par un collectionneur français, contre un enchérisseur japonais, pour 23 000 francs, un record mondial. Même si les monnaies étrangères, principalement du Vatican et de la République de Weimar, se sont particulièrement bien vendues, les pièces françaises attiraient également de solides enchères. Estimé 6 000 à 7 000 francs, un écu Louis XIV a été adjugé 11 500 francs, et une cinq francs Napoléon Ier, 11 000 francs, contre une estimation de 7 000 à 9 000 francs.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°31 du 1 décembre 1996, avec le titre suivant : Magique majolique d’Urbino et grand mobilier

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