biennale

Luxe, calme et volupté

L'ŒIL

Le 1 juillet 2001 - 598 mots

L’aventure a commencé au milieu des années 1970 à l’initiative de trois grands antiquaires : l’Italien Mario Bellini, les Français Maurice Segoura et Jacques Perrin. Alors que la Principauté est encore quasi absente du marché de l’art, les trois hommes passent à l’action. La conjoncture est favorable, la jet society se presse sur la côte, l’argent ne manque pas... La première Biennale est placée sur orbite en 1975. « Au début, reconnaît Jacques Perrin, nous avons fait une erreur d’appréciation : nous pensions présenter de belles choses classiques destinées aux résidences secondaires de luxe. Nous avons vite rectifié le tir. Seul le très haut de gamme se vend à Monaco. Nos clients, qu’ils soient français ou étrangers, recherchent l’objet exceptionnel et celui-ci reste rarement dans la région : il repart dans les capitales occidentales et les grandes collections ». En un mot, c’est la même clientèle qui, de Genève à Maastricht et de la Biennale de Paris à l’Armory Show, sillonne le monde en quête de trésors. Seule différence, la taille de la manifestation : à Monaco, ils ne sont qu’une poignée de marchands, 30 depuis l’origine, un nombre restreint imposé par le cadre prestigieux du Sporting Club d’Hiver. Chaque été, les visiteurs, américains et européens, citoyens du Moyen-Orient au fort pouvoir d’achat, passent quelques jours dans les palaces, louent de somptueuses demeures ou ancrent leur yacht dans le port. Tous les deux ans, ils ajoutent la Biennale à leur programme. Selon leurs origines, ils n’apprécient pas les mêmes choses. Les gens du Golfe recherchent les grands joailliers très présents ici, les Japonais s’intéressent à la peinture XIXe et moderne, les Occidentaux forment à 90% la clientèle des grands antiquaires. Cette année, on s’arrêtera chez Maurice Segoura pour admirer une toile de Lancret, La Toilette de Madame Geoffrin, et une table à jeux d’époque Louis XIV en marqueterie de Boulle. Chez Jacques Perrin, on trouve une pendule en bronze doré, d’époque Louis XVI symbolisant la géographie, les arts et la science et une console finement sculptée d’époque Louis XV. Yves Mikaëloff présente une paire de bronzes, Allégorie de la Richesse et de la Pauvreté, d’Allemagne ou de Flandres du XVIIe. Le Florentin Moretti a choisi une Vierge à l’Enfant de Filippo Lippi XVe et le Flamand Berko expose des toiles orientalistes. Comment se porte le marché ? La question fait presque sourire Jacques Perrin. « A merveille, dit-il, le problème n’est pas tant de vendre que de trouver la marchandise ». A ce niveau, c’est vrai, elle ne court pas les rues. Les derniers soubresauts de la Bourse ? Ils n’ont pas eu d’incidence. La dernière crise sur le grand XVIIIe, c’était à la fin du siècle dernier, entre 1991 et 1996. Depuis, affirme le marchand, les objets d’art et les meubles « top niveau » se sont appréciés de 50%, voire plus. Maurice Segoura, président de cette XIVe Biennale est du même avis : « ces dernières années, explique-t-il, le fossé n’a cessé de s’élargir entre les beaux objets et les pièces exceptionnelles : meubles, tableaux référencés, rarissimes et chers ». La Biennale de Monaco ne montre plus désormais que ces objets d’art authentifiés et publiés. Le Suisse de Lugano, Adriano Ribolzi, est un fidèle de la première heure. Pour lui, la Biennale s’est améliorée au fil du temps, elle a évolué en s’ouvrant à l’art moderne. « Nous suivons la clientèle de génération en génération, elle est fidèle », dit-il. La vogue du grand XVIIIe français n’est pas prête de s’éteindre ».

- Biennale de Monaco, Sporting d’Hiver, tél. 377 93 10 84 00, 1er-15 août.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°528 du 1 juillet 2001, avec le titre suivant : Luxe, calme et volupté

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