Foire & Salon

Bruxelles

L’union fait la force

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 2 juin 2015 - 764 mots

Les trois manifestations du Grand Sablon, Bruneaf, Baaf et AAB, avancent désormais main dans la main. Plusieurs marchands font pourtant défection.

BRUXELLES - Les trois foires spécialisées qui se tiennent à Bruxelles du 10 au 14 juin, dans le quartier du Grand Sablon, ont mis en place, pour la deuxième année consécutive, une communication commune. Selon Bruneaf (Brussels Non European Art Fair), axée sur les arts d’Afrique, Baaf (Brussels Ancient Art Fair), consacrée à l’archéologie, et AAB (Asian Art in Brussels), tournée vers les arts d’Asie, la combinaison de trois salons distincts et complémentaires rend l’événement unique et séduisant. « Le fait que nous soyons trois foires nous aide à créer l’événement, bien que chacune ait son programme culturel propre avec un cycle de conférences. Et puis ces domaines sont liés : les cultures ne sont jamais isolées, il y a des croisements », explique Carlo Cristi, président du comité AAB. En tout, 77 exposants, représentant 10 pays, quadrillent le quartier de la capitale belge.

Bruneaf, la plus ancienne, créée en 1990 par Pierre Loos, fête donc ses 25 ans. Pour marquer l’édition, les organisateurs proposent une exposition de prestige, « Uzuri Wa Dunia », (« Beauté des mondes » en swahili), qui met à l’honneur les collections privées belges en rassemblant une centaine d’objets venant de 27 prêteurs. Y figure un masque Lega en ivoire resté pendant un siècle dans une collection canadienne et montré pour la première fois. « Cet objet va déplacer les foules », lance Didier Claes, président de Bruneaf. Puis, comme à l’accoutumée, un invité est mis à l’honneur : la Fondation Sindika Dokolo, de Luanda (Angola), une collection africaine d’art qui a à cœur de maintenir la présence des productions contemporaines sur le sol africain. Un catalogue spécial et plus luxueux est édité pour l’occasion.

Pour cette édition, 47 marchands ont répondu présent, soit 10 de moins que l’an passé. Ceci s’explique en partie par la défection de plusieurs Français, 9 contre 15 en 2014. Se réservent-ils pour le Parcours des mondes à Paris en septembre ? Pour Renaud Vanuxem, qui a renoncé à participer à l’événement faute d’avoir pu conserver la galerie dans laquelle il exposait depuis seize ans, « Bruneaf et le Parcours des mondes ne s’opposent pas. Ce sont des foires complémentaires. La concurrence se ferait plutôt au niveau du “timing” avec Paris Tribal, qui a lieu en avril. Et ce n’est pas parce que l’on ne vient pas une année qu’on ne viendra plus ». Il est vrai que Bruneaf a un coût, celui de la location de la galerie qui prête son espace le temps de la manifestation. D’après un connaisseur, la raison serait autre : « Il faut que les marchands belges fassent un effort sur le plan de la sélection, car la qualité d’une foire est d’abord insufflée par les marchands autochtones. » Mais ceci n’est pas vrai pour tout le monde puisque Joaquin Pecci (Bruxelles), par exemple, présente une exposition thématique, les « Arts anciens du Congo », dévoilant 40 pièces, dont un masque casque Suku et un fétiche Songye. Tandis que Kapil Jariwala (Londres), installé dans la galerie de Serge Schoffel, expose un ensemble de tapas (textiles en écorce battue) océaniens.

12 exposants à Baaf, 17 à AAB
De son côté, Baaf célèbre depuis treize ans les antiquités grecques, romaines, étrusques, égyptiennes ou proche-orientales. Les participants ne sont que douze, « un nombre assez restreint car nous avons un code déontologique : seuls les marchands membres de l’IADAA (International Association of Dealers in Ancien Art) peuvent exposer », indique son président, Jacques Billen. Parmi les galeries présentes, figurent Cybèle (Paris) ou The Merrin Gallery (New York), qui montre un masque de Silène en bronze, époque hellénistique (Ier siècle av. J.-C.).

La plus jeune des foires, AAB, dont c’est la 3e édition, regroupe 17 marchands, un choix plus resserré que l’an passé (23). Rappelons que se tient en septembre à Paris le premier « Parcours asiatique », qui accueillera une vingtaine de marchands. Certains ont ainsi déserté Bruxelles, comme Gregg Baker (art japonais, Londres) ou Art Passage (art islamique et indien, San Francisco). « Heureusement, nous avons réussi à dissuader les organisateurs de ce parcours de le tenir en juin. Ça n’aurait pas été fair-play. On peut craindre que deux foires à trois mois d’intervalle et à une heure de distance, cela paraisse répétitif. La difficulté est que le marché veut toujours être surpris alors qu’il n’y a pas assez d’objets », commente Carlo Cristi, qui montre pour sa part une statue de Vajrasattva en cuivre doré, Tibet (XIVe siècle).

BRUNEAF, BAAF, AAB, du 10 au 14 juin, quartier du Grand Sablon, Bruxelles, www.3fairs.be

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°437 du 5 juin 2015, avec le titre suivant : L’union fait la force

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