L’onéreuse stratégie de Phillips

Le Journal des Arts

Le 12 octobre 2001 - 391 mots

LVMH a connu au premier semestre un fléchissement de ses bénéfices et des pertes d’exploitation pour plusieurs de ses sociétés dont Phillips. L’auctioneer aurait, à lui seul, perdu quelque 262 millions de francs. Ajoutés aux 328 millions de francs de pertes enregistrées l’an passé, on obtient un passif total de près de 590 millions
de francs puisés dans les ressources de LVMH.

LONDRES - Il est vrai que le groupe n’a pas ménagé ses efforts pour propulser “son poulain” sur les plus hautes places du podium des ventes publiques. LVMH a acquis en novembre dernier le bail d’un nouveau siège social pour sa société ; un bâtiment de 12 étages idéalement situé sur West 57th Street, dans le nord de Manhattan. L’aménagement des locaux aurait coûté 128,7 millions de francs, ajoutés à un loyer annuel qui se monte à quelque 32,5 millions de francs. LVMH a encore injecté des fonds dans la société en achetant, l’hiver dernier, l’enseigne de Pury & Luxembourg pour une somme évaluée à 500 millions de francs. Des dépenses qui ne semblent pourtant pas “extravagantes” si l’on sait que l’objectif de Phillips vise à casser le duopole en se hissant au niveau de ses concurrents, Christie’s et Sotheby’s. Pour ce faire, Phillips garantit depuis deux ans le prix de la plupart des lots présentés. Si cette pratique est courante dans le monde des enchères, l’auctioneer l’a poussée à l’extrême en offrant parfois des sommes nettement supérieures à la valeur des œuvres afin de s’assurer la fidélité des vendeurs. Des pertes élevées ont ainsi été enregistrées pour des œuvres adjugées à des prix inférieurs au montant garanti, particulièrement dans le département des ventes d’art impressionniste et moderne lequel aurait dépensé plus de 643 millions de francs pour garantir des tableaux demeurés invendus. Une stratégie qui s’est cependant avérée payante puisqu’elle a permis à Phillips de se placer au second rang des ventes printanières d’œuvres impressionnistes et modernes derrière Sotheby’s et avec plusieurs longueurs d’avance sur Christie’s. Cet été, Phillips a annoncé que la société procéderait en novembre à la vente de la collection d’art moderne Smooke à New York. Et si l’on en croit la rumeur, l’auctioneer proposera alors la garantie la plus chère de son existence puisque la maison de vente aurait promis aux vendeurs 200 millions de dollars pour des tableaux estimés 100 millions de dollars.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°134 du 12 octobre 2001, avec le titre suivant : L’onéreuse stratégie de Phillips

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