Londres et l’Asie, une semaine pour convaincre

Le Journal des Arts

Le 6 novembre 1998 - 709 mots

Lors de la Semaine asiatique de Londres, à la mi-novembre, une quarantaine de marchands vont travailler ensemble et collaborer avec les musées et les auctioneers pour organiser des ventes aux enchères, des séminaires et des expositions de haut niveau.

LONDRES (de notre correspondante) - Les maisons organisent désormais leurs ventes là où les acheteurs spécialisés sont les plus importants. Même si Hong Kong et New York devancent aujourd’hui Londres pour la plupart des arts asiatiques, la position de la capitale britannique reste cependant unique. Le Dr. Robert Knox, conservateur du département d’Art oriental au British Museum, en donne une explication historique : “Au milieu du XVIIIe siècle, la Grande-Bretagne est devenue une immense puissance économique et politique, qui a attiré les œuvres d’art. Les objets exotiques suscitant très vite l’intérêt, les marchands ont ouvert des boutiques. Les musées ont été d’actifs acheteurs, et de grandes collections ont vu le jour et y ont trouvé leur place”. “Depuis des siècles, l’exportation d’œuvres d’art représente pour le gouvernement chinois un commerce lucratif, poursuit-il. En revanche, l’intérêt pour les cultures de l’Inde et du Moyen-Orient ne s’est pas manifesté avant le XIXe siècle. Leurs religions et leur production artistique nous étaient étrangères, contrairement aux porcelaines ou aux laques chinoises et japonaises que nous collectionnions depuis le XVIIe siècle.  Les contacts avec ces pays se développant à partir du milieu du XIXe siècle, d’importantes collections d’art indien et islamique se sont alors constituées en Grande-Bretagne”.

Le marché de l’art asiatique a connu un nouvel essor au début du XXe siècle. Les découvertes archéologiques ont révélé de nouvelles facettes de la culture et de l’art chinois, et la plupart des grands marchands de l’époque qui ramenaient ces objets en Occident – Bluett, Sparks ou Spink – étaient installés à Londres. Le volume d’objets apparaissant sur le marché londonien s’est ajouté aux connaissances acquises par l’étude des collections du British Museum et du Victoria & Albert, celle de porcelaines chinoises de la Percival David Foundation, de miniatures persanes et indiennes et de paysages de l’Inde peints par les artistes occidentaux de l’India Office Library, ou encore d’armes et d’armures orientales ainsi que de porcelaines montées de la Wallace Collection.

Oliver Impey, de l’Ashmolean Museum à Oxford, est l’un des grands spécialistes de la porcelaine japonaise, et son avis prévaut même au Japon. Pour la Semaine asiatique, il a organisé une exposition de la collection de porcelaines chinoises et japonaises de la reine Mary à Kensington Palace, en collaboration avec Mark Hinton, expert en art japonais chez Christie’s. “Les Britanniques collectionnent depuis longtemps les objets d’art japonais, les laques et les porcelaines, mais aussi les arts mineurs comme les netsuke, les inrho et des montures de sabre, plutôt que les peintures et les sculptures qui intéressent davantage les Américains, explique-t-il. Londres compte plus de grands marchands spécialisés dans les netsuke et les arts mineurs japonais que n’importe où dans le monde, y compris au Japon”. Eskenazi, Barry Davies et Sydney Moss figurent parmi ces grand noms. Chez Sotheby’s, Neil Davies est l’un des meilleurs experts en netsuke, tandis que pour la période Meiji, le marchand Malcolm Fairley fait autorité.

Alors que les principales ventes d’art asiatique et indien se tiennent aujourd’hui à New York, les marchands de renom sont demeurés à Londres pour des raisons historiques. John Eskenazi domine le marché des tapis et des textiles du Sud-Est asiatique, et propose de belles sculptures et œuvres d’art de la région, mais aussi de l’Inde et de l’Himalaya. Michael Spink a récemment quitté Spink & Son pour se spécialiser dans l’art de ces pays et, comme Rossi & Rossi, est un expert reconnu dans ce domaine. Par ailleurs, Francesca Galloway et Indar Parischa sont les marchands les plus importants de miniatures indiennes et de peintures de la Compagnie des Indes.

Pour ce qui est de l’art chinois, Londres compte aussi d’éminents spécialistes. Seule la peinture chinoise n’y figure pas au premier rang. La Textile Gallery et Jacqueline Simcox ont accès aux plus beaux textiles chinois du monde. La réputation de Giuseppe Eskenazi s’est forgée à travers de somptueuses expositions d’objets anciens. Nicholas Grindley est le grand spécialiste du mobilier chinois, rejoint cette année par Grace Wu Bruce, de Hong Kong, qui vient d’ouvrir une galerie à Londres.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°70 du 6 novembre 1998, avec le titre suivant : Londres et l’Asie, une semaine pour convaincre

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