Lit bateau à col de cygne

Mariée au riche banquier d’origine lyonnaise Jacques Récamier à seulement 15 ans, Juliette Récamier (1777-1849), femme de lettres, recevait dans son salon, à Paris, les plus beaux esprits de son temps. Mécène mais aussi muse, elle a servi de modèle aux plus grands artistes de son époque (David, Fragonard, Chinard ou encore Canova)

Les époux achètent en 1798 l’hôtel particulier de Necker, rue du Mont-Blanc à Paris. En 1808, celui-ci est racheté par le banquier François-Dominique Mosselman (1754-1840) qui acquiert également une partie du mobilier, dont le lit ci-contre. « Selon les descendants, ce lit, moins luxueux et moins féminin que celui de Madame, aurait appartenu à Monsieur Récamier », confie Jean-Christophe Chataignier, directeur du département Souvenirs historiques chez Osenat.

Les Récamier vont faire appel à l’architecte Louis-Martin Berthault pour le réaménagement de leur hôtel particulier – il va également en dessiner le mobilier. Connue par des gravures publiées en 1802, la chambre, dont une partie est conservée au Louvre, était considérée à l’époque comme à la pointe du raffinement. Tous les grands personnages de l’Empire, de Joséphine à Madame de Staël, vont s’inspirer de son mobilier.

Ce nom correspond à l’association, en 1796, de deux fils de l’illustre menuisier Georges Jacob : Georges II Jacob, dit l’Aîné et François-Honoré-Georges Jacob. L’élégance de leur production leur vaudra une médaille d’or aux Expositions des produits de l’industrie de 1801 et 1802. À la mort de son fils aîné, Georges Jacob, le père, revient aux affaires et forme une nouvelle société avec son fils cadet, François, sous le nom de Jacob Desmalter et Cie.

Très proche de celui de Juliette Récamier conservé au Louvre, ce lit « est un des chefs-d’œuvre de Jacob Frères. On est dans le meilleur de ce qu’ils peuvent faire à l’époque », précise Jean-Christophe Chataignier.