Focus - Hubert Robert

« L’Incendie de l’Opéra… »

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 28 avril 2010 - 489 mots

Vendu 1,5 million d’euros le 9 avril Paris
svv mathias.

Les amateurs de tableaux d’Hubert Robert (1733-1808) apprécient particulièrement les caprices architecturaux et les paysages animés d’une cascade qui ont fait le succès du peintre français. C’est pourtant une scène d’incendie qui a été adjugée à un prix phénoménal, le 9 avril à Drouot, à Paris, par la SVV Mathias : estimé raisonnablement 100 000 euros, L’Incendie de l’Opéra vu d’une croisée de l’Académie de peinture, place du Louvre (1781) a été emporté par un amateur français pour 1,5 million d’euros.

Ce prix aurait constitué un record pour l’artiste si une importante paire de toiles, représentant des Colonnade et jardins du palais Medici, ne s’était envolée à 3,3 millions de livres sterling (4,8 millions d’euros), décuplant leur estimation, le 6 juillet 2006 à Londres chez Christie’s. Relevons qu’un autre tableau de l’artiste, de dimensions moins imposantes (40,5 x 32,5 cm) mais d’un sujet exquis, La Sortie des orangers, illustrant le transport d’orangers devant un bel escalier en pierre conduisant à un parc, s’est vendu « seulement » 200 000 euros, le 5 avril à Bayeux (Calvados) par la SVV Bayeux Enchères.

Par sa provenance et son histoire, le tableau de l’incendie de l’Opéra est exceptionnel, ce qui explique son succès aujourd’hui. Le soir du 8 juin 1781, l’Opéra de Paris, enclavé dans les bâtiments du Palais-Royal, résidence du duc d’Orléans, prend feu. « Hubert Robert, qui était alors logé dans les galeries du Louvre, à proximité donc de l’Opéra, se déplaça jusqu’à l’Académie de peinture dont les fenêtres donnaient sur le Palais-Royal. Il brossa rapidement une étude sur bois de la scène dont il fit un pendant le lendemain avec une seconde étude de l’intérieur de la salle incendiée », raconte l’expert René Millet. À partir de ces études, conservées aujourd’hui au Musée de l’Opéra, l’artiste acheva en moins de six semaines deux grands tableaux à la mise en scène dramatique.

Ceux-ci furent achetés pour cent louis par Jean Girardot de Marigny (1733-1796), riche banquier de la cour et grand mécène, avant même leur exposition au Salon de 1781. « La critique se trouva désemparée par la modernité du sujet et par l’utilisation d’un fait divers en peinture », souligne l’expert. Cette toile n’était pas réapparue sur le marché depuis sa vente à Drouot en 1922. Son pendant, qui montre L’Intérieur de la salle le lendemain de l’incendie, est conservé au Musée du Louvre. Selon l’expert, « ce tableau et celui du Louvre attestent du goût prononcé de l’artiste pour les ruines et les incendies, prélude du romantisme du XIXe siècle ».

Hubert Robert

Titre : « L’incendie de l’Opéra vu d’une croisée de l’Académie de peinture, place du Louvre »

Date d’exécution : 1781

Technique : huile sur toile

Dimensions : 173 x 124,5 cm

Provenance : collection Jean Girardot de Marigny

Expert de la vente : René Millet

Estimation : 100 000 euros

Adjudication : 1,5 million d’euros

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°324 du 30 avril 2010, avec le titre suivant : « L’Incendie de l’Opéra… »

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