L’Europe des enchères

Les résultats à Zurich, Hambourg, Berlin, Munich et Londres

Le Journal des Arts

Le 1 juillet 1996 - 795 mots

Si Sotheby’s enregistre de bons résultats pour ses ventes de tableaux suisses, de mobilier européen et de céramiques, organisées à Zurich, ceux obtenus par Dörling à Hambourg, et Ketterer à Munich, sont très mitigés, malgré la bonne tenue de la vente d’art moderne proposée par la Villa Grisebach à Berlin. De son côté, Christie’s a remporté un franc succès avec sa vente d’art indien à Londres.

LONDRES - La semaine de ventes organisée à Zurich par Sotheby’s a obtenu de bons résultats, notamment celle de tableaux suisses, le 5 juin, qui a totalisé 4 047 260 francs suisses (16,7 millions de francs). Ce résultat, le meilleur depuis 1989, est en augmentation de 75 % par rapport à celui de juin 1995. Sur les 189 lots mis en vente, 64 % ont été vendus et 80 % en valeur. Les acheteurs suisses, nombreux dans la salle, ont acquis sept des dix lots principaux. L’enchère record a été obtenue par un tableau du peintre suisse Ferdinand Hodler, Der Holfzfaller (Le bûcheron), adjugé 1 357 400 francs suisses (5,6 millions de francs) contre une estimation de 350 000 à 450 000 francs suisses. La seconde adjudication importante fut pour le Quai Kronstadt, Toulon, par Niklaus Stöcklin, vendu 216 100 francs suisses (890 000 francs) contre une estimation de 90 000 à 120 000 francs suisses. Une autre œuvre de Hodler, Le canal de l’Aare près de Scherzligen, estimée entre 60 000 et 80 000 francs suisses, s’est vendue 176 500 francs suisses (727 000 francs).

Toujours le 5 juin, chez Sotheby’s, la vente de mobilier européen et de céramiques a produit un total de 3 402 886 francs suisses (14 millions de francs) : 67 % des lots ont été vendus, représentant 78 % en valeur. Le prix le plus élevé a été atteint par un ensemble de douze chaises Louis XVI, acquis par un collectionneur allemand pour 159 600 francs suisses (658 000 francs), très au-dessus de son estimation de 20 000 à 25 000 francs suisses. Les ventes de céramiques ont totalisé 363 733 francs suisses (1,5 million de francs), avec une préférence marquée pour la porcelaine de Meissen.

Bonne tenue des impressionnistes allemands
Moins de 400 œuvres ont trouvé preneur sur les 1 175 mises en vente le 1er juin, chez Dörling à Hambourg, mais de nombreux lots pourraient être achetés après la vacation, selon une pratique habituelle dans les salles de vente allemandes. La meilleure enchère est allée à un portrait de Goethe, exécuté du vivant du poète par Gerhard von Kugelgen. Estimé 300 000 deutschemarks, il est parti à 290 000 deutschemarks (986 000 francs), mais la vente a connu peu d’autres résultats remarquables.

La Villa Grisebach à Berlin a organisé le 7 juin une grande vente d’art moderne. Le lot de couverture, Rote Dächer (1909), une huile de Heckel, a été adjugé 1,55 million de deutschemarks (5,27 millions de francs) contre une estimation de 700 000 à 900 000 deutschemarks. Estimée entre 200 000 et 300 000 deutschemarks, Frère et sœur (1933), une grande aquarelle de Max Beckmann sur le thème de l’inceste, a fait 720 000 deutschemarks (2,45 millions de francs). L’art impressionniste allemand, très bien accueilli chez Christie’s lors de sa vente annuelle d’art allemand et autrichien, s’est bien comporté. Spaziergänger im Tiergarten (Prome­neurs au Tiergarten, 1921) de Max Liebermann, œuvre jolie sans être exceptionnelle, a obtenu 460 000 deutschemarks (1,56 million de francs) contre une estimation de 240 000 à 280 000 deutschemarks.

Moins d’acheteurs indiens chez Christie’s
À Munich, chez Ketterer, la vente d’art moderne du 11 juin s’est révélée plus difficile, avec un grand nombre de lots restés invendus. Le prix le plus élevé a été payé pour une composition de Rudolf Bauer, très influencée par Kandinsky, adjugée 161 000 deutschemarks (547 000 francs) pour une estimation de 130 000 à 150 000 deutschemarks.

Après ces résultats très irréguliers, la vente que Christie’s organisait à Londres sur le thème de "Visions of India" apparaît comme une réussite complète : 83 % des œuvres ont été vendues, 88 % en valeur. Elle comportait des œuvres d’art d’Européens ayant séjourné aux Indes et d’artistes indiens. Deux peintures naïves représentant des calèches et des chevaux, par l’artiste de Calcutta Shaikh Muham­mad Amir de Karraya, ont respectivement doublé et triplé leur estimation de 10 000 à 15 000 livres. Un ensemble exceptionnel de photographies prises en Inde, que mettait en vente Paul F. Walter, dont la collection formait l’essentiel d’"Aspects of India", la vacation organisée en 1995 à la même époque, a été adjugé pour un total de 486 381 livres (3,9 millions de francs).

Les acheteurs particuliers indiens étaient beaucoup moins nombreux cette année, peut-être parce que depuis que les professionnels se sont intéressés à ce domaine, les prix ont beaucoup augmenté.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°27 du 1 juillet 1996, avec le titre suivant : L’Europe des enchères

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