Les trois coups de Sotheby’s

En juin, l’auctioneer sera le premier à vendre à Paris

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 8 juin 2001 - 638 mots

Paris accueille les 27, 28 et 29 juin deux prestigieuses collections dites « de goût français » sous le marteau de l’étude Poulain-Le Fur associée aux experts de Sotheby’s. Il s’agira des premières ventes organisées à Paris par un auctioneer. Au programme, un ensemble de mobilier XVIIIe et des porcelaines de Chine de l’antiquaire italien Luigi Laura et une première partie de l’exceptionnelle bibliothèque de Charles Hayoit, un des plus grands collectionneurs au monde de livres anciens. Entre 60 et 85 millions de francs sont attendus.

PARIS - Les vacations n’auront peut-être pas lieu chez Sotheby’s à la galerie Charpentier (lire p. 33), mais une chose est sûre : les collections seront vendues à Paris et avant l’été selon le vœu des vendeurs qui craignent une dégradation du climat économique au second semestre. À l’échelle internationale, la place parisienne est en effet réputée pour certaines spécialités comme le mobilier français et les objets d’art ainsi que pour la bibliophilie, qui constituent les points forts des ventes annoncées.

Le 27 juin, la collection Laura, un antiquaire et collectionneur italien installé à Monaco, estimée environ 50 millions de francs, réunira de très belles pièces de mobilier signées de belle provenance. On remarquera une commode à la grecque en marqueterie d’époque Transition, vers 1765, attribuée à Martin Carlin, dont la forme caractéristique très architecturée présentant une façade divisée en trois panneaux surmontés d’une frise avait été mise au point pour Madame de Pompadour au début des années 1760 (3,5 millions de francs). Un secrétaire à abattant en placage de bois de rose et amarante d’époque Louis XVI provenant du mobilier du duc de Choiseul et portant la double estampille d’Oeben et de son beau-frère Roger van der Cruse qui a probablement achevé le meuble vers 1765 est proposé pour 2 à 3 millions de francs, et un fauteuil en bois doré réalisé par François Foliot pour le pavillon du Belvédère de Marie-Antoinette au Petit Trianon et livré en 1780 devrait atteindre le million de francs. Les estimations les plus hautes atteignent 4 à 6 millions de francs : une paire de commodes d’époque Louis XVI aux encadrements de bronze doré, signées Ferdinand Bury, avec un décor géométrique composé d’un jeu de marqueterie de bois de rose et d’amarante propre à l’ébéniste, et une paire de vases formant candélabres en porcelaine de Sèvres bleu d’époque Louis XVI, réalisée par Dulac et qui provient du palais Stroganoff. Parmi les objets chinois figurent une paire de statues porte-bannières en bois sculpté et laqué de l’époque Kangxi estimée 3 millions de francs et qui a appartenu à la reine Mary à Buckingham Palace à Londres.

Éditions originales de Racine et Molière
La bibliothèque de Charles Hayoit, dispersée les 28 et 29 juin, devrait éblouir les bibliophiles. Ce collectionneur belge a acquis, tout au long de sa vie, des éditions originales et des grands manuscrits de la littérature française. Quelque 334 ouvrages estimés près de 17 millions de francs forment l’acte I de la vente. L’acte II, constitué principalement d’ouvrages modernes, se jouera à l’automne. Les amateurs se disputeront, entre autres chefs-d’œuvre, une des quatre éditions originales du Cid de Corneille daté de 1637 en reliure d’époque, une édition originale tout aussi rare des Précieuses ridicules de Molière de 1660, première pièce publiée avec l’aveu de l’auteur, toutes deux estimées 600 000 à 900 000 francs, mais également la collection complète des éditions originales de Racine reliées aux armes du marquis de Naurois, descendant de Racine. Les exemplaires seront vendus à l’unité. Athalie de 1691, la dernière pièce composée, avec une lettre autographe de l’auteur à sa sœur, est évaluée à 100 000 francs. Pour Les Plaideurs, l’unique comédie de Racine, l’estimation tourne autour de 60 000 francs. Jean de La Fontaine, Charles Perrault, Sade, Balzac, Baudelaire, Dumas, Hugo, Stendhal et bien d’autres seront également au rendez-vous.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°129 du 8 juin 2001, avec le titre suivant : Les trois coups de Sotheby’s

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