Beaussant-Lefèvre

Les tableaux vernis

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 9 janvier 2004 - 468 mots

Cinq toiles ont été couronnées le 10 décembre à Drouot.

 PARIS - « Le phénomène est général. Les objets moyens se vendent mal ou pas du tout. Si c’est très bien, cela flambe. L’argent est dépensé avec un œil très sélectif », constate Pierre-Yves Lefèvre. Le commissaire-priseur parisien a dirigé avec succès le 10 décembre à Drouot une vente de prestige de tableaux, meubles et objets d’art. 80 % des 192 lots ont trouvé preneurs pour un total de 2,7 millions d’euros, soit 92 % de la valeur attendue. « Toutes les pièces importantes se sont vendues conformément aux estimations », annonce Pierre-Yves Lefèvre. La section tableaux, qui comprenait cinq œuvres importantes, a particulièrement brillé. Ainsi, deux portraits par Antoine de Favray représentant Charles Gravier, comte de Vergennes, ambassadeur de France, en costume turc exécuté en 1766, et La Comtesse de Vergennes en costume oriental (1768), ont été emportés pour 300 900 et 335 205 euros par un grand collectionneur turc. Hamlet et Horatio au cimetière, une huile sur papier marouflé sur toile signée Delacroix, a rejoint une collection française pour 460 990 euros. Peint en 1844, soit cinq ans après la version conservée au Musée du Louvre, ce tableau avait été offert par le peintre à sa maîtresse Élisabeth Boulangé-Cavé et, conservé par les descendants, il n’était jamais apparu sur le marché. Une autre œuvre du maître du romantisme  : Étude de veste orientale, couvertures de missels et personnages, d’après Goya, portant le cachet de la vente de l’atelier Delacroix, a été cédée pour 163 680 euros, soit un peu au-dessous de son estimation. Enfin, la Réunion publique à la salle Graffard, une huile sur toile signée et datée « Jean Beraud 1884 », a été adjugée 506 730 euros. Tous ces tableaux avaient été montrés aux Temps Forts de Drouot.
Le mobilier n’était pas au premier plan. Néanmoins, de belles mises ont été observées sur quelques lots comme un bureau Mazarin du début du XVIIIe siècle, à riche décor marqueté, estampillé trois fois Hache et adjugé 82 558 euros. « Il y a eu un coup de chauffe pour les beaux objets de charme à l’exemple de sièges à l’assise large, sobres et chics », souligne le commissaire-priseur à propos de deux paires de marquises. L’une, d’époque Louis XVI en hêtre mouluré relaqué gris, est partie à 15 332 euros (quatre fois son estimation), l’autre, également d’époque Louis XVI, en hêtre mouluré relaqué gris, estampillée H. Jacob, a atteint 32 080 euros (six fois le prix annoncé). Une large console du début du XIXe siècle, en fer forgé rehaussé de tôle dorée, coiffée d’un plateau de marbre brèche rouge et estimée 8 000 à 10 000 euros, a créé une petite surprise. Pour ce bel objet de décoration, les enchères sont montées jusqu’à 30 075 euros.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°184 du 9 janvier 2004, avec le titre suivant : Les tableaux vernis

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