Enchères estivales

Les pieds dans l’eau

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 9 septembre 2005 - 859 mots

De bons résultats pour les vacations organisées cet été dans les stations balnéaires.

 PARIS - L’été, les salles des ventes de la capitale font une pause. Mais, tandis que les flots de vacanciers (dont de nombreux collectionneurs en villégiature) envahissent les côtes françaises, certains commissaires-priseurs attendent de pied ferme cette clientèle. Comme à son habitude depuis trente ans, la maison Tajan a orchestré une série de ventes de bijoux, de montres, d’art moderne et contemporain à Monte-Carlo les 2 et 3 août. La SVV parisienne, qui avait tablé sur un chiffre de 4 millions d’euros pour les six vacations, a totalisé 4,8 millions d’euros de chiffre d’affaires (dont 3,4 millions d’euros pour les bijoux et montres), soit une augmentation de 16 % par rapport aux ventes de 2004 à Monaco. Clou de la vente de prestige de joaillerie, un bracelet ruban signé Cartier en platine de style persan, serti de beaux diamants taillés en poire (environ 50 carats), estimé 150 000 euros, s’est envolé à 282 182 euros sous le marteau de Jacques Tajan. L’art moderne sur le thème du « Spectacle dans l’art » récompensait trois lots de dessins de jeunesse de Pablo Picasso, datés de 1900-1901, partis dans leur estimation pour 51 960, 59 754 et 64 950 euros. Mais ce sont surtout les artistes russes, soutenus par des collectionneurs compatriotes et des descendants des artistes, qui ont été la vedette de la vacation. Servante et Mousquetaire (1921) et Fête costumée (1924), une huile sur toile et une gouache sur papier d’Alexandra Exter, ont atteint 28 980 et 22 198 euros. L’aquarelle Projet de costume pour l’oiseau de feu de Léon Baskt a été vendue 27 131 euros. Trois sculptures en bois peint représentant un Personnage pour le carnaval de Saint-Pétersbourg de Michael Chemiakine ont été adjugées 27 131 euros pour la première et 28 364 euros pour les deux suivantes, dépassant le double de leur estimation haute. Estimés en moyenne entre 300 à 400 euros, les vingt-neuf documents proposés sur les Ballets russes sont montés jusqu’à 7 399 euros pour le programme de la quatorzième saison de la compagnie du 17 mai 1921. Enfin, pour l’art contemporain, plusieurs œuvres se sont distinguées, parmi lesquelles : Les Deux Assistants, un bronze de 1967 de Max Ernst, pour 127 302 euros ; Mère et Enfant, la sculpture-banc de Niki de Saint Phalle, datée de 2000, pour 101 124 euros ; un Pouce de 45 cm de César (1965), en bronze nickelé, pour 61 661 euros ; et Le Nœud, pièce unique en fer soudé par Mark Di Suvero (1988), pour 49 329 euros.
La SVV Deauville Auction a enchaîné, du 20 au 27 août, cinq vacations (vins, tableaux et sculptures, bijoux et montres, argenterie et arts de la table, autour du thème du cheval), un quinté gagnant qui lui a permis d’engranger 1,77 million d’euros, soit la moitié de son chiffre d’affaires annuel. Le Sas à Trouville (1894) d’Eugène Boudin, vendu 132 210 euros, était la vedette des tableaux, qui ont enregistré une progression de 10 % par rapport à la saison 2004. La nouvelle clientèle russe a aussi participé aux belles enchères dans la plus célèbre station balnéaire normande : Fleurs et Fruits, une huile sur papier de 1925 de Korovine, estimée 3 000 euros, est montée jusqu’à 32 175 euros. Cavalier dans un paysage, une aquarelle d’Alfred de Dreux, adjugée 23 400 euros, a décroché le plus beau prix de la vente sur le thème du cheval.
Organisée la veille du Grand Prix de Deauville, cette vacation a attiré 60 % d’acheteurs issus du monde des courses (jockeys, entraîneurs, éleveurs), ce qui a généré une augmentation de 16 % du chiffre d’affaires de la vente comparativement à 2004. « Il y a un gros potentiel pour les lots de 2 000 à 20 000 euros que l’on vend à hauteur des deux tiers. En revanche, seulement un tiers des objets à plus de 50 000 euros se vend, et surtout à l’étranger », analyse Éléonore Chalmin, directrice du développement de Deauville Auction. Une observation qui s’est vérifiée sur d’autres rivages. À Biarritz, sous le marteau de Marie-Françoise Carayol (en partenariat avec la SVV parisienne Boisgirard), la meilleure enchère visait un cabinet espagnol du XVIIe siècle, vendu 17 960 euros, et à Cannes, chez Cannes Enchères, un collectionneur suisse habitué à venir en vacances dans la région a emporté une boîte en or, présent de Napoléon III, pour 10 732 euros.

Résultat des ventes Tajan

- Bijoux : 2,95 millions d’euros - Pourcentage de lots vendus : 50,9 % - Pourcentage en valeur : 47 % - Nombre de lots vendus/ravalés : 326/314 - Montres : 489 962 euros - Pourcentage de lots vendus : 40 % - Pourcentage en valeur : 44 % - Nombre de lots vendus/ravalés : 38/59 - Art moderne : 517 831 euros - Pourcentage de lots vendus : 69 % - Pourcentage en valeur : 49 % - Nombre de lots vendus/ravalés : 50/23 - Art contemporain : 901 562 euros - Pourcentage de lots vendus : 75 % - Pourcentage en valeur : 61 % - Nombre de lots vendus/ravalés : 39/15

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°220 du 9 septembre 2005, avec le titre suivant : Les pieds dans l’eau

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