Galerie - Photographie

Les mythologies de Christopher Williams

Par Christine Coste · Le Journal des Arts

Le 19 janvier 2022 - 497 mots

Réflexions sur le désir, les photographies de l’artiste américain présentées chez David Zwirner usent avec ironie des codes de l’imaginaire publicitaire.

Paris. La dernière exposition en date en France de Christopher Williams remonte à celle organisée en 1999 par la galerie Marian Goodman à Paris. Aussi le focus proposé par la galerie David Zwirner sur l’artiste américain, l’un des plus influents dans le domaine de la photographie conceptuelle, fait-il figure d’événement. Le choix des œuvres, issues pour certaines de son grand projet photographique « For Example : Dix-huit leçons sur la société industrielle », relève d’ailleurs de la séance de rattrapage par rapport à l’exposition « Footwear (Adapter for Use) », présentée en 2020 dans les espaces new-yorkais de l’enseigne et composée exclusivement de photographies récentes et pour la plupart inédites. À Paris, la sélection regroupe au contraire des photographies emblématiques réalisées par Williams entre 2007 et 2017 et exposées pour la majorité d’entre elles dans la rétrospective présentée successivement en 2014-2015 à l’Art Institute of Chicago, au MoMA de New York et à la Whitechapel Gallery à Londres sous le titre de « The Production Line of Happiness ».

La grappe de belles pommes rouge vif qui accueille le visiteur à la galerie David Zwirner figurait ainsi dans cette monographie, de même que le savon d’un jaune éclatant entre des mains au-dessus d’un lavabo ou le portrait noir et blanc de Mustafa Kinte (Gambie) un appareil photo Makina en main.

Réunies aujourd’hui sous le titre « Standard pose », ces photographies rappellent l’intérêt porté par Christopher Williams aux« images conventionnelles, ordinaires, normatives qui appartiennent à l’imaginaire public » et dont il se joue. Le visiteur le comprend très vite. Dernière la perfection de chaque image filtre l’ironie, la critique de notre société de consommation. Ces images d’objets, de personnes ou de paysages se présentent comme des réflexions sur les désirs qu’elles suscitent. En couleurs ou en noir et blanc, chacune s’approprie le mode de production et les codes des images de la publicité, de la mode ou de l’architecture tandis que leur titre à rallonge énumère, d’une façon tout aussi à charge, des caractéristiques techniques et conditions de la prise de vue.

Formé à la California Institute of the Art (CalArts) à la fin des années 1970 auprès de la première vague d’artistes conceptuels tels que John Baldessari ou Douglas Huebler, Christopher Williams, aujourd’hui professeur de photographie à la Kunstakademie de Düsseldorf où ont enseigné Bernd et Hilla Becher, développe depuis quarante ans une œuvre puisant son inspiration dans la lecture des magazines ou journaux en tout genre. Le sens d’une photographie ne dépend pas ici seulement de son contenu, mais aussi de son usage, de ce que le spectateur peut voir en elle et du contexte de sa présentation. L’utilisation d’anciens panneaux mobiles d’exposition pour son accrochage d’œuvres à la galerie David Zwirner est à ce titre une mise en abyme du précédent recours à ces supports par l’artiste et des traces engendrées. Prix des œuvres à partir de 65 000 dollars (57 500 €).

Christopher Williams, Standard pose,
jusqu’au 29 janvier, David Zwirner, 108, rue Vieille-du-Temple, 75003 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°581 du 21 janvier 2022, avec le titre suivant : Les mythologies de Christopher Williams

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