Passion collection

Les maîtres de l’estampe japonaise

Le Journal des Arts

Le 21 novembre 2003 - 493 mots

L’engouement pour l’art du Japon, et plus particulièrement pour les estampes japonaises, s’est développé en France vers 1875. Le marchand Samuel Bing venait alors d’ouvrir une galerie à Paris. Les estampes en couleurs qu’il proposait soulevaient l’enthousiasme des frères Goncourt et de Van Gogh.
Les artistes japonais désignent sous le nom d’« Ukiyo-e », un monde « flottant », évocateur des scènes de la vie quotidienne et des plaisirs éphémères. À la fin du XVIIIe siècle, Harunobu fut le premier à pratiquer l’impression en couleurs appliquées à la brosse ou au pochoir sur une épreuve en noir.
Ce sont surtout les paysages qui séduisent les amateurs français. Les maîtres du genre se nomment Hiroshige, considéré au Japon comme le plus grand, et Hokusaï dont les « Trente-six vues du mont Fuji » sont un chef-d’œuvre monumental. Les portraits d’acteurs du théâtre populaire Kabuki sont également appréciés pour leur force expressive. Les plus célèbres sont dus à Utamaru et Sharaku.
Tous les genres, y compris les estampes érotiques, sont représentés dans la seconde vente de la collection Huguette Berès, offerte aux enchères chez Sotheby’s France le 25 novembre. Par ce choix, Anisabelle Berès a voulu honorer la mémoire de sa mère et contribuer à faire de Paris un haut lieu de l’art du Japon.
On sait qu’une bonne provenance est toujours une assurance de qualité. Les estimations peuvent paraître élevées, mais elles sont justifiées par la rareté des œuvres proposées. À titre d’exemple, Une paysanne et l’Amour, d’Utamaru, issue de la collection Henri Vever, autre référence précieuse, pourrait dépasser 25 000 euros. Les œuvres les plus rares –  notamment un portrait d’acteur par Sharaku –, sont estimées près de 100 000 euros.
Les principaux critères de choix qui répondent aux exigences des collectionneurs sont les suivants : précision et netteté du trait, beauté de la composition, originalité du sujet, fraîcheur des couleurs et bon état de conservation. Pour les paysages, la neige et la pluie sont des éléments valorisants.
Le lendemain même de la vente de Sotheby’s, les grands maîtres de l’estampe seront également présents à l’hôtel Drouot. Paysages et portraits catalogués à la vente Tajan sont sagement estimés de 1 000 à 6 000 euros par Thierry Portier.
D’autre part, pour ceux qui souhaitent commencer une collection, les estampes de la « nouvelle création », dès 1912, offrent un large choix de planches accessibles à partir de 400 euros. Les estampes du XXe siècle à tirage limité sont en tout point remarquables et d’une qualité technique irréprochable, selon le spécialiste Tamio Ikeda. De jeunes amateurs de plus en plus nombreux se laissent séduire. Le relais est assuré.

- Vente Sotheby’s France, 76 rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris, mardi 25 novembre 2003, 10 h 30 et 15 h. - Vente Tajan, hôtel Drouot-Richelieu, 9 rue Drouot, 75009 Paris, mercredi 26 novembre, 14 h 15. - Galerie Tanakaya, 4 rue Saint-Sulpice, 75006 Paris. Estampes anciennes et modernes. - Galerie Yamato, 23 rue Jean-Jacques Rousseau, 75001 Paris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°181 du 21 novembre 2003, avec le titre suivant : Les maîtres de l’estampe japonaise

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