Archéologie

Les lauriers de Lutèce

La place parisienne reste attractive pour les ventes d’archéologie

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 12 novembre 2009 - 720 mots

PARIS - L’art gréco-romain est à l’honneur d’une vente d’arts d’Orient, le 27 novembre à Drouot chez Claude Boisgirard.

Un superbe relief romain de sarcophage en marbre, représentant les travaux d’Hercule et datant de la fin du IIe siècle, en est la vedette. Estimé 400 000 euros, il illustre, sur 169 cm de long, cinq des douze exploits du héros. Selon Annie Kevorkian, l’expert de la vente, « ce relief a encore la grâce hellénistique ». Ce décor sculpté, dont le thème a inspiré nombre de sculpteurs de l’époque des Antonins et des Sévère, peut être comparé par son style aux reliefs conservés dans de grandes institutions telles que le Musée des Offices à Florence, le Palais Corsini à Rome ou encore le Musée du Louvre à Paris. Provenant d’une ancienne collection du XIXe siècle, ce relief est mis en vente par un particulier américain, avec une trentaine d’autres pièces d’archéologie de sa collection. Forte de sa réputation internationale grâce à la bénéfique assistance de l’expert Annie Kevorkian, la SVV Boisgirard se voit assez souvent confier des collections étrangères d’archéologie et d’art islamique. Ses vacations régulières sont d’un niveau égal, sinon supérieur, à celles des deux auctioneers. Celle du 27 novembre contient plus d’une trentaine d’objets d’intérêt majeur.
Également issue de la collection américaine, une statuette gréco-romaine en bronze de 21,5 cm figurant un athlète debout, datant du Ier siècle avant J.-C.-Ier siècle après J.-C. est un chef-d’œuvre du genre. Ses bras sont enroulés d’une étoffe drapée formant dans son envol un arc au-dessus de sa tête. Estimé 200 000  euros, ce bronze révèle une très haute qualité de sculpture avec une belle patine noire et vert foncé et, chose rare, il a conservé ses yeux incrustés d’argent, qui donne au personnage une extraordinaire expressivité. Ajoutons que l’œuvre a le mérite d’être intacte. Signalons encore une hydrie grecque en bronze du VIe-Ve siècle avant J.-C, au rare décor à tête de lion, palmettes et volutes au niveau des anses, estimée 140 000 euros ; un rarissime disque romain en or du IIe-IIIe siècle, au buste de Séléné, estimé 70 000 euros ; ainsi qu’une mosaïque romaine du IIe siècle aux masques de théâtre, figurant une tête de Ménade et celle d’un Silène à barbe blanche, réalisée avec des tesselles de pierre et de verre dans une douce palette de couleurs et estimée 80 000 euros.

Arts islamique et judaïque
Les arts d’Orient, de diverses provenances, sont magnifiquement représentés par une puissante panthère achéménide en bronze du Ve siècle avant J.-C., élément de mobilier d’apparat (peut-être un pied de trône), estimée 80 000 euros, et un somptueux rhyton achéménide en argent en forme de bélier, datant du VIe siècle avant J.-C. et estimé 180 000 euros. L’arrière-train de l’animal est ciselé (ce qui est peu courant) dans la corne tronconique, décorée dans sa partie supérieure d’une frise d’animaux. Quatre pièces de choix incarnent magnifiquement l’art sudarabique du Ier millénaire avant J.-C., dans une fourchette d’estimation de 24 000 à 60 000 euros : une stèle funéraire sculptée d’une très belle tête du dernier roi de Ma’ïn ; une table à libations en albâtre à rebord plat flanqué à l’avant de sept bouquetins juxtaposés et à inscription sabéenne gravée sur deux côtés ; une grande plaque votive en bronze, décorée en relief d’une inscription dédicatoire qatabanite à Hawkum, divinité majeure du royaume de Qatabân ; et une statue de bouquetin stylisé en albâtre, d’une rare force et conservée entière.
Estimée 70 000 euros, une lionne en céramique, à décor noir sous glaçure turquoise, porte les couleurs de l’art seldjoukide de Kashan (Iran) du XIIe-XIIIe siècle. Cette pièce de forme rarissime dans l’art islamique, qui plus est de taille exceptionnelle (38 x 42 cm), est à rapprocher d’une céramique similaire de la célébrissime collection Khalili (lire p. 35). Enfin, signalons la présence d’une pièce historique judaïque, à savoir un chandelier de Ménorah datant de l’époque paléochrétienne, du Ve-VIIe siècle, soit l’un des plus anciens connus. Estimé 110 000 euros, cet objet muséal de forme traditionnelle judaïque, mais au piétement formé de dauphins stylisés d’influence romano-byzantine, a fait l’objet d’une publication.

ARTS D’ORIENT, vente le 27 novembre à Drouot, 9, rue Drouot, 75009 Paris, SVV Boisgirard, tél. 01 47 70 81 36, expositions publiques : le 26 novembre 11h-18h et le 27 novembre 11h-12h, www.boisgirard.com

ARTS D’ORIENT
Expert : Annie Kevorkian
Estimation : 2,7 millions d’euros
Nombre de lots : 191

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°313 du 13 novembre 2009, avec le titre suivant : Les lauriers de Lutèce

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