Ventes aux enchères

Les Lalanne dopent les ventes

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 6 juin 2019 - 600 mots

L’hommage rendu au couple Lalanne chez Sotheby’s a fait exploser les compteurs. Avec 27 millions d’euros récoltés, jamais les ventes printanières de design à Paris n’avaient atteint un tel niveau.

Paris. Entre le 21 et 29 mai, Christie’s, Sotheby’s et Artcurial ont engrangé 26,9 millions d’euros (+ 10 % par rapport à 2018), dont 16,2 millions pour Sotheby’s. Et si le marché est au plus haut, les Lalanne y sont pour quelque chose. L’hommage rendu au couple par la maison de ventes a fait un carton : sur les 35 lots proposés à la vente, 34 ont trouvé preneur pour un total de 6,7 millions d’euros, un chiffre bien au-delà de l’estimation haute de 2,8 millions. Christie’s proposait quant à elle neuf créations de Claude et Francois-Xavier Lalanne tandis qu’une Lampe dite Grand échassier a été le lot le plus chèrement adjugé (195 000 €) de la vente « Design » d’Artcurial. Mais c’est un fauteuil Crocodile, 2016, de Claude Lalanne chez Sotheby’s qui a retenu particulièrement l’attention, atteignant le prix record de 1,1 million d’euros (estimation 300 000 à 500 000 €) pour un tel exemplaire (il en existe seulement 8). Le Choupatte, une pièce unique, toujours de Claude Lalanne, a multiplié par six son estimation haute ; il a été adjugé 612 500 euros. « Toutes les œuvres uniques de Claude, faites de sa main, comme cette pièce, les miroirs, les chandeliers, vont, à mon avis, atteindre des prix de plus en plus hauts », estime le galeriste Jean-Gabriel Mitterrand, qui a collaboré pendant plus de quarante ans avec le couple d’artistes.

Le phénomène « Lalanne » s’est amplifié depuis une dizaine d’années, après l’élément déclencheur qu’a été la vente « Pierre Bergé-Yves Saint Laurent » en 2009 et le prix de 2,7 millions d’euros obtenu par le Bar YSL (1965) de François-Xavier Lalanne. « Cette collection, mais aussi le développement à l’international grâce au lien qu’ils ont créé avec Alexandre Iolas ou des galeries comme la mienne, Ben Brown à Londres ou Paul Kasmin à New York, et leur rencontre avec l’architecte Peter Marino, tout cela a permis de construire un tissu de collectionneurs internationaux de haut niveau et a démultiplié le potentiel. Sans parler du remarquable travail de catalogues effectué par des maisons de ventes, analyse Jean-Gabriel Mitterrand. C’est un marché en grand développement et dans lequel il y a un grand potentiel. Par ailleurs, la disparition récente de Claude a peut-être accentué le désir de posséder une de ses créations. » Pour autant, « même si la valeur globale se déplace vers le haut, il y a des fluctuations à l’intérieur de cette tendance », observe le galeriste. Par exemple, Les Deux Grues de François-Xavier qui se sont vendues 367 500 euros il y a deux ans chez Sotheby’s, n’ont pas été au-delà de 87 500 euros cette fois-ci. De même, la paire de tables Singes aux nénuphars réalisée à quatre mains et proposée par Christie’s est partie à 490 000 euros, « alors qu’elle aurait dû faire le double ! », notait le spécialiste. Demeurent également des pièces à prix raisonnables comme les chaises bambou de Claude cédées 100 000 euros chez Sotheby’s (est.60 000 à 80 000 €). Autre grand gagnant de ces ventes : Diego Giacometti, dont le Banc, vers 1984, a été adjugé 1,2 million d’euros chez Sotheby’s tandis que la Table Carcasse à la harpie, 1980-1982, s’est vendue 718 000 euros chez Christie’s. « Les frères Giacometti et Claude et François-Xavier Lalanne, à la frontière entre l’art et le design, sont clairement parmi les artistes les plus connus et les plus recherchés par le marché actuel », a souligné Sonja Ganne, directrice du département Design chez Christie’s.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°525 du 7 juin 2019, avec le titre suivant : Les Lalanne dopent les ventes

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