Galerie

Les Filles du Calvaire grandissent

Par Henri-François Debailleux · Le Journal des Arts

Le 14 mars 2023 - 505 mots

PARIS

La galerie parisienne ouvre une deuxième adresse dans le Marais pour exposer ses nombreux artistes lesquels travaillent tous sur la féconde thématique de l’humain

Nouvel espace de la galerie des Filles du Calvaire, rue Chapon, avec un aperçu de l'exposition Persona. © Matthieu Gauchet
Nouvel espace de la galerie des Filles du Calvaire, rue Chapon, avec un aperçu de l'exposition Persona.
© Matthieu Gauchet

Paris. « Je voulais faire des mathématiques, du grec et de la guitare, et finalement j’ai fait de la métallurgie », lâche de façon inattendue Stéphane Magnan. Cet ingénieur de formation (né en 1950), également chercheur en mathématiques, est devenu l’un des plus importants spécialistes au monde en fonderie d’aluminium pour automobile, allant jusqu’à posséder et diriger une trentaine d’usines sur la planète. Une activité qui mène à tout et qui l’a conduit en 1996, par hasard, parce qu’il était tombé un an auparavant sur un ancien entrepôt de caoutchouc en ruine dans le quartier du Marais, à Paris, à ouvrir la galerie des Filles du Calvaire (au numéro 17 de la rue éponyme) : 300 m2 sur deux étages, avec grande verrière et puits de lumière. « J’étais galeriste le week-end et en soirée », dit Stéphane Magnan qui partageait la direction artistique avec Christine Ollier (depuis partie vers d’autres aventures). Passionnée de photographie, cette dernière avait orienté une partie de la programmation de la galerie vers cette discipline.

Vingt-sept ans plus tard, Stéphane Magnan a inauguré le 1er février dernier un second espace à quelques encablures du premier, au 21, rue Chapon : à nouveau 300 m2 (sur cour) tout en longueur ou en largeur quand on le regarde de face, dont 200 en rez-de-chaussée et 100 en sous-sol. La raison de ce développement ? « Avec trente-cinq artistes dans l’équipe de la galerie, je ne pouvais pas les montrer assez souvent. D’autant qu’avec le Covid et la fermeture des musées, les gens se sont mis à revenir dans les galeries », indique celui qui, aujourd’hui encore, a gardé une activité de consultant dans le domaine… de la fonderie d’aluminium.

Lorsqu’on l’interroge sur son modèle économique, Stéphane Magnan précise : « J’ai tendance à dire que le marché de l’art, de façon générale, ne signifie pas grand-chose. Il est à mon sens surtout constitué de niches et d’opportunités. Je ne représente pas d’artistes stars – donc je ne joue pas dans cette catégorie –, mais des artistes qui évoquent des sujets auxquels je tiens, qui me font confiance et qui intéressent le public et les collectionneurs auxquels je m’adresse. C’est le marché de ma galerie que je développe, pas le marché de l’art. » Et il ajoute : « Je n’ai jamais gagné d’argent, mais je n’en ai pas perdu. Avec le temps, le trou de trésorerie est moindre, d’autant qu’il n’est pas un trou de comptabilité puisqu’il y a eu d’importants investissements et qu’ayant toujours acheté des œuvres à mes artistes, la galerie a un gros stock. » 

L’humain pour boussole

Ouverte avec une exposition collective intitulée « Persona », réunissant quinze artistes (Helena Almeida, Abdelhak Benallou, Thomas Lévy-Lasne…) autour du thème de l’interface entre l’individu et la société, cette seconde adresse rappelle l’identité de la galerie, axée sur l’humain, sur les relations entre les individus, sur la place de l’homme dans le monde aujourd’hui, sur la question de savoir « comment l’humain peut gagner sur l’algorithme », précise Magnan : un comble pour un matheux.

Persona

Jusqu’au 1er avril, galerie Les Filles du Calvaire, 21, rue Chapon, 75003 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°606 du 3 mars 2023, avec le titre suivant : Les Filles du Calvaire grandissent

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