Les dessins s’envolent au Salon comme à Drouot (part I)

Fréquentation en hausse au Salon du dessin

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 14 avril 2000 - 578 mots

Du jamais vu ! Les salons Hoche ont accueilli 3 700 personnes en l’espace d’une soirée, le 28 mars, pour le vernissage du Salon du dessin. L’ouverture au public, pendant une semaine, de cabinets de dessins qui lui sont d’ordinaire interdits a favorisé l’étalement des visites (plus de 10 000 personnes) sur les cinq jours du salon et contribué au succès commercial d’une manifestation qui a encore accru sa notoriété auprès des collectionneurs et des conservateurs de musées du monde entier.

PARIS - L’ouverture au public de cabinets de dessins parisiens a sans nul doute contribué à allonger la durée de séjour des collectionneurs et conservateurs étrangers venus pour le Salon. De nombreux conservateurs de musées nord-américains, accompagnés de trustees et de collectionneurs – six personnes avec le conservateur du Musée de Toronto, quatorze avec le représentant de la Pierpont Morgan Library –, qui limitaient d’ordinaire leur séjour à 24 ou 48 heures, sont restés dans la capitale entre cinq jours et une semaine, effectuant de multiples visites au Salon du dessin et dans les galeries parisiennes. Résultat : les ventes, d’ordinaire nombreuses en début de salon, se sont cette fois étalées sur toute la durée de la manifestation. “Nombre de collectionneurs sont venus dans ma galerie dans les jours qui ont suivi leur découverte du Salon du dessin, souligne Chantal Kiener. Des collectionneurs américains ont ainsi acquis un portrait de femme par David d’Angers qu’ils ont donné au Musée de Cleveland.” Elle a vendu une quinzaine d’œuvres entre 10 000 et 140 000 francs, la plupart à moins de 50 000 francs. La majeure partie de la trentaine de transaction réalisées par Patrick Derom portait sur des œuvres entre 20 et 30 000 francs. Les pièces plus importantes de Léger et Picasso qu’il proposait autour d’un million de francs et la feuille de Gustav Klimt à 150 000 francs n’ont, en revanche, pas trouvé preneur. Mais Louis de Bayser a vendu, dès le soir du vernissage, un Autoportrait d’Edgar Degas autour d’un million de francs : “C’était une pièce exceptionnelle. La plupart des dessins que nous exposions ont été cédés entre 15 000 et 50 000 francs”. Le prix moyen des transactions était plus élevé chez Gabriel Terrades, qui s’est séparé d’une quinzaine de pièces entre 40 000 et 300 000 francs, dont une feuille de Jean Hélion à 80 000 francs. “J’ai eu plus de difficultés à vendre les dessins anciens que je présentais”, souligne-t-il.

Le XXe siècle peu représenté
Le XIXe siècle a encore amélioré sa position. La plupart des marchands spécialisés en dessins anciens exposaient aussi des œuvres du XIXe siècle, comme les Londoniens Richard Day et James Faber qui montraient notamment un paysage de Paul Huet, exécuté à la plume et à l’encre brune en 1845, non loin d’une feuille hollandaise du XVIIe siècle de Jacques de Gheyn III. Parmi la quinzaine d’œuvres vendues par Marie-Christine Carlioz, de la galerie La Scala, figurait un beau pastel de Pierre Puvis de Chavannes, Portrait de femme de profil. Cette année encore le XXe siècle était le parent pauvre du Salon. Seules quatre ou cinq galeries – notamment Anisabelle Berès, Patrick Derom et Antoine Laurentin – proposaient une large sélection d’œuvres modernes. Ainsi, Sylvie Brame et François Lorenceau ont cédé une douzaine d’œuvres entre 10 000 et 200 000 francs, dont une charmante aquarelle d’Henri-Joseph Harpignies, le Pont des Saints-Pères (1882), et une aquarelle d’André Lhote, Composition au bateau, qui s’est négociée autour de 40 000 francs.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°103 du 14 avril 2000, avec le titre suivant : Les dessins s’envolent au Salon comme à Drouot (part I)

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