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L’eldorado est à l’est

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 12 décembre 2012 - 786 mots

L’appétit des collectionneurs chinois pour leur patrimoine incite pas moins de cinq maisons à programmer des ventes entre le 16 et 19 décembre à Paris des mariages inédits entre matériaux et un large choix de bijoux.

PARIS - Les dernières ventes de l’année 2012 sont consacrées aux arts d’Asie, une spécialité connue pour ses enchères stratosphériques poussées par des Chinois, sur des objets à haute valeur patrimoniale dont beaucoup ont été conservés dans des familles françaises depuis la fin du XIXe siècle. Le 19 décembre, Christie’s s’attend à voir partir à un bon prix une rarissime et importante paire de vases de forme hu en porcelaine imitant le bronze, sur un socle en zitan sculpté (est. 100 000 euros), et une rare paire de supports de bassins impériaux en zitan (est. 50 000 euros), deux lots d’époque Qianlong (1736-1795), ainsi qu’une précieuse statue en bois de Guanyin du XIIIe siècle (est. 200 000 euros).

Le 18 décembre chez Sotheby’s, l’intérêt se portera sur une spectaculaire cloche de temple impérial (bianzhong), marquée et datée 1713 (est. 200 000 euros) ; une rare statuette de bodhisattva Amitayus en bronze doré incrustée de pierres dures, également d’époque Kangxi (1662-1722) (est. 300 000 euros), et un exceptionnel tangka impérial d’époque Qianlong provenant de la collection de l’érudit belge sinophile Willem Van Heusden (est. 30 000 euros). « Il représente le portrait de Rolpai Dorje, le précepteur de l’empereur Qianlong (1736-1795), la plus importante autorité bouddhiste au XVIIIe siècle. Ce portrait est un des rares connus dans les collections muséales et particulières », précise l’experte Caroline Schulten.

La vente d’Artcurial du 17 décembre comprend un rare cachet impérial en jade vert épinard sculpté, d’époque Qianlong (est. 150 000 euros), et une importante verseuse datant du XVIIe-XVIIIe siècle, en corne de rhinocéros sculptée en forme de barque, « ce qui est extrêmement rare », selon l’expert Philippe Delalande. « Je l’ai estimée 250 000 euros même si elle vaut plus d’un million d’euros, et ce, en raison d’une décision de 2012 de la Commission européenne interdisant la délivrance de document d’exportation ou permis CITES [relatif aux espèces de faune et flore menacées d’extinction] pour les cornes de rhinocéros », précise-t-il. « Cela ne devrait pas empêcher les Chinois de les sortir du territoire français en contrebande », réplique, narquois, un professionnel du marché.

Ensemble de papiers peints
Deux intéressants spécimens en forme de fleur de lotus, datant du XIXe siècle (dynastie Qing) et estimées 20 000 et 50 000 euros, sont à vendre le même jour chez Tajan, qui a choisi d’illustrer sa couverture avec un important vase couvert de la période Qianlong, en émaux cloisonnés polychromes et bronze doré, d’une très grande qualité de ciselure (est. 20 000 euros). D’après la maison de ventes, les collectionneurs vont se battre pour un important sceptre ruyi d’époque Qing, en jade néphrite céladon à décor dit des « Trois abondances » (30 000 euros). D’autres pépites sont à chiner à Drouot, tels, le 16 décembre chez AuctionArt, un ensemble de sept papiers peints chinois du XVIIIe siècle à décor de personnages dans un paysage montagneux (est. 100 000 euros) ; une console d’époque Ming (XVIIe siècle) en laque qiangjin et tianqi à décor incisé et laqué polychrome d’oiseaux dans un jardin (est. 20 000 euros) et un important paravent de la fin du XVIIIe, à dix feuilles en laque noir et or, incrustations de nacre et fils d’or, à décor de scènes de cavaliers à la chasse au tigre et au cerf dans un paysage montagneux (est. 40 000 euros).

« Par tradition orale familiale, ce paravent aurait été offert par le roi Louis XV de France au duc Paul Gérôme Grimaldi, ministre plénipotentiaire », indique l’expert Thierry Portier. Toujours à Drouot, on relèvera une importante gourde bianhu de période Qianlong, en bronze doré et émaux cloisonnés à décor de moineaux sur des branches (est. 30 000 euros, le 17 décembre, SVV Pescheteau-Badin) ; une paire de cerfs couchés d’époque Jiaqing (1796-1820), en bronze doré et émaux cloisonnés (est. 25 000 euros, le 21 décembre, SVV Brissonneau) ou encore une belle statuette sino-tibétaine de la période Yongle (1403-1424) en bronze doré et bronze laqué or, représentant Dharmapala Vajrabhairava (est. 20 000 euros, le 20 décembre, Piasa).

AUCTION ART, LE 16 DÉCEMBRE
- Experts : Thierry Portier et Alice Buhlmann
- Estimation : 550 000 à 650 000 euros
- Nombre de lots : 283

TAJAN, LE 17 DÉCEMBRE
- Experts : Pierre Ansas et Anne Papillon d’Alton
- Estimation : 800 000 à 1,3 million d’euros
- Nombre de lots : 385

ARTCURIAL, LE 17 DÉCEMBRE
- Expert :Philippe Delalande
- Estimation : 1 à 1,3 million d’euros
- Nombre de lots : 286

SOTHEBY’S, LE 18 DÉCEMBRE
- Expert : Caroline Schulten
- Estimation : 4 à 5,7 millions d’euros
- Nombre de lots : 329

CHRISTIE’S, LE 19 DÉCEMBRE
- Expert : Mathilde Courteault
- Estimation : 3,4 à 4,8 millions d’euros
- Nombre de lots : 222

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°381 du 14 décembre 2012, avec le titre suivant : L’eldorado est à l’est

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