L’effet Salon du dessin

Bonnes ventes de dessins à Drouot

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 24 avril 1998 - 450 mots

Deux ventes organisées parallèlement au Salon du dessin, les 30 mars et 3 avril, rassemblaient des feuilles françaises et italiennes d’artistes aussi réputés que Pierre-Paul Prud’hon, Francesco Guardi ou Giandomenico Tiepolo. Un nu de Prud’hon, vendu par l’étude Piasa plus de 800 000 francs, a battu un record mondial.

PARIS - L’homme est debout, la tête tournée vers le ciel, dégageant une impression de puissance maîtrisée. Les muscles bandés, le menton relevé, il semble défier une puissance invisible. Paradoxa­lement, la force de ce corps en mouvement suggère plutôt un sentiment de paix et de plénitude. Présenté dans une vacation organisée le 30 mars par l’étude Piasa, ce Torse d’homme de Pierre-Paul Prud’hon (1758-1823), un dessin au crayon noir et blanc sur papier bleuté, a été adjugé 840 000 francs, un record mondial pour un nu masculin de ce peintre. Quelques mois plus tôt, une Étude de femme assise, également de Prud’hon et vendue par les mêmes commissaires-priseurs, était partie à 2 500 000 francs sans les frais, battant ainsi un premier record. Salon du dessin oblige, le 3 avril l’étude Tajan dispersait à son tour un ensemble de dessins anciens, qui comprenait une œuvre de celui qui fut le peintre favori de la famille impériale : Pierre-Paul Prud’hon. Estimé 500 à 600 000 francs, le Nu d’homme les bras levés n’a cependant pas connu un destin aussi heureux que son homologue. Il s’est vendu 280 000 francs. Parmi les autres points forts de cette dispersion figurait une œuvre de Francesco Guardi (1712-1793), Le pont du Rialto et la Riva del Vin. Ce lavis nous amène à Venise au milieu de quelques gondoliers en activité ; le geste des marins, suggéré par un trait fin et décidé, suffit à créer une impression de mouvement. Il reste tout à fait exact d’un point de vue topographique : le palais bordant le grand canal au premier plan existe toujours et, derrière le pont, apparaît le plus ancien entrepôt de Venise, le Fondaco de Tedeschi. Estimé 500 000 francs, le dessin a été enlevé à 450 000 francs.

Autres feuilles italiennes avec ces deux lavis de Giandomenico Tie­polo. Le premier, Éléphant près d’une pyramide (310 000 francs), composition baignée d’une lumière cuivrée, est remarquable par la touche légère, nerveuse et rapide utilisée par le peintre. Le second, L’enlèvement de Déjanire par Nessus, plus sombre et tourmenté, a été adjugé 105 000 francs. À noter encore parmi les dessins italiens du XVIe siècle, un Portrait d’une jeune femme d’Ottavio Leoni, pierre noire, sanguine, avec rehauts de craie blanche sur papier bleu qui s’est vendu 52 000 francs, et au nombre des dessins français, une aquarelle gouachée d’Eugène Lami, Les adieux, cédée à 240 000 francs.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°59 du 24 avril 1998, avec le titre suivant : L’effet Salon du dessin

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