Le XVIIIe vénéré

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 18 septembre 2008 - 724 mots

Les précieux meubles et objets d’art de la collection Léon Levy seront dispersés à Paris chez Sotheby’s le 2 octobre.

PARIS - La rentrée de Sotheby’s France démarre le 2 octobre avec la collection genevoise Léon Levy, qui « comptera parmi les plus prestigieuses collections particulières jamais mises en vente par la maison à Paris », annonce Brice Foisil, directeur du département mobilier et objets d’art de la maison de ventes à Paris. « Ce qui est tout à fait en accord avec la stratégie de Sotheby’s de concentrer ses efforts sur Paris », ajoute-t-il.

Des candélabres offerts par Louis XVI
Né en 1923 en Égypte, Léon Levy avait fait fortune dans l’industrie du coton avant d’être expulsé du pays par Nasser en 1960. Après un passage en Italie, il s’installe à Genève pour poursuivre ses affaires. Il s’est éteint cette année avant d’avoir vu son dernier souhait se concrétiser : sa précieuse collection cataloguée et dispersée à la Galerie Charpentier chez Sotheby’s. Léon Levy était un grand amateur de mobilier XVIIIe, « fasciné par les porcelaines montées, chinoises et de Meissen », précise Mario Tavella, directeur international du département mobilier et objets d’art de Sotheby’s. Dans ses bureaux avec vue sur le lac Léman et les Alpes, il s’était recréé tout un univers dédié au XVIIIe incluant un décor de boiseries de style et un tapis de la Savonnerie qu’il avait fait faire dans le goût Louis XIV d’après des modèles tissés pour la Grande Galerie du Louvre. Estimé 40 000 euros, ce tapis, comme tous les objets de style qui sont mélangés aux pièces d’époque, fera sans doute le bonheur d’un décorateur. Léon Levy traitait avec ses clients dans un grand salon et une salle à manger XVIIIe dignes d’un grand hôtel particulier parisien, un environnement dans lequel il se sentait bien.
Parmi les pièces majeures de la collection trône une paire de candélabres aux caryatides d’époque Louis XVI, estimée 800 000 euros à 1,2 million d’euros. Du haut de leur 1,28 m, ces candélabres renvoient à deux artistes : Simon Louis Boizot pour les figures en biscuit de Sèvres et Pierre Philippe Thomire pour la monture en bronze doré. Leur provenance très prestigieuse ajoute à leur intérêt. Ils furent probablement offerts par Louis XVI en 1785 à la princesse des Asturies, future reine d’Espagne. Plus tard, ils furent vendus par la reine Isabelle II qui s’exila à Paris vers 1870. Leur trace est perdue avant leur entrée dans la collection Rothschild au château de Mentmore en Angleterre. Ils sont dispersés une première fois aux enchères par Sotheby’s en 1977 avec ce pedigree Rothschild. Léon Levy les a acquis en 1996 à la Biennale des antiquaires de Paris, sur le stand de la galerie parisienne Gismondi. Autre point fort de la vente : les porcelaines montées, qui ont particulièrement la cote (lire le  JdA no 286, 5 sept. 2008, p. X). Fin connaisseur, Léon Levy avait acquis de beaux spécimens, à commencer par une exceptionnelle garniture de trois vases en porcelaine bleue de Chine du XVIIIe siècle, sur une monture de bronze doré d’époque Louis XV (vers 1755-1760) attribuée à Jean-Claude Duplessis. Celle-ci est estimée 700 000 euros à 1 million d’euros, tout comme une paire de vases pots-pourris en porcelaine de Chine céladon gaufré d’époque Kangxi (1662-1722), à monture de bronze doré d’époque Louis XV. Notons une paire de cygnes en porcelaine de Meissen (vers 1747) modelés par Johann Joachim Kändler, sur une base en bronze doré d’époque Louis XV, estimée 250 000 à 500 000 euros. « Ces cygnes faisaient partie de la collection de Nelson A. Rockefeller », relève Brice Foisil. Parmi les meubles figurent quelques pépites, ainsi une table console d’époque Régence attribuée à André Charles Boulle et ses fils, portant l’étiquette commerciale de Séverin et comportant des bronzes poinçonnés au « C » couronné, estimée 600 000 euros à 1 million d’euros, ainsi qu’une paire de cabinets en placage d’ébène, d’époque Louis XVI, estampillés E. LEVASSEUR, acquise à la galerie Jaques Perrin lors de la Biennale 1992 et estimée 500 000 à 800 000 euros.

COLLECTION LÉON LEVY, vente le 2 octobre à 18 heures à la Galerie Charpentier, Sotheby’s, 76, rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris, tél. 01 53 05 53 05 ; expositions publiques : les 26, 27, 29, 30 septembre et 1er octobre 10h-18h, www.sothebys.com

COLLECTION LÉON LEVY

- Experts : Mario Tavella et Brice Foisil
- Estimation : 6 à 10 millions d’euros
- Nombre de lots : 70

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°287 du 19 septembre 2008, avec le titre suivant : Le XVIIIe vénéré

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque