Le tour de France de Lynn Davis

La photographe expose à Paris son “French Project”?

Le Journal des Arts

Le 10 octobre 2003 - 465 mots

Jusqu’au 8 novembre, la galerie du Passage à Paris expose une série d’images inédites intitulée “The French Project”? de la photographe américaine Lynn Davis. Conçu en hommage à l’esthétique de la modernité, l’ensemble comprend pour la première fois des photographies en couleur.

 PARIS - Depuis une vingtaine d’années, Lynn Davis, née en 1944 à Minneapolis (Minnesota), parcourt le monde en quête des grandes réalisations humaines et des monuments naturels. Inaugurant cette démarche avec un voyage au Groenland et la série “Iceberg”, l’artiste a, depuis, sillonné l’Orient, l’Afrique, l’Amérique du Sud, l’Océanie et l’Arctique dans la tradition des photographes-voyageurs du XIXe siècle. Elle a récemment réalisé l’ensemble “Histoire du futur”, scrutant la modernité dans les paysages des États-Unis. La série “The French Project” s’inscrit dans une même recherche. Pour Lynn Davis, les racines de l’architecture moderne sont en France, elle est donc venue y chercher l’inspiration de ce qui inaugure un nouveau chapitre de son œuvre, désormais davantage axé sur les XXe et XXIe siècles.
Vingt photographies témoignent de l’esprit de la modernité dans notre pays, avec principalement des bâtiments de Le Corbusier, mais aussi la Maison de verre de Pierre Chareau, la Tour Eiffel, des blockhaus, le pont de Normandie ainsi que des œuvres de Brancusi. Tous ces ouvrages d’art ou d’architecture ont été sélectionnés par l’artiste pour leur participation à l’émergence d’une esthétique. Pour la première fois, quinze tirages sur vingt-deux (1) sont en couleur. Les progrès techniques des impressions à jet d’encre et certains sujets de la série ont convaincu l’artiste d’être temporairement infidèle aux savants virages à l’or et au sélénium dont ses épreuves sont coutumières.
“Lynn Davis a une connaissance très intime de l’architecture”, explique Larisa Dryansky, qui a collaboré à l’organisation de l’exposition et accompagne “The French Project” depuis ses prémices. “Elle a presque un regard d’architecte et peut révéler des choses que nous ne voyons pas à l’œil nu. Elle restitue par ses cadrages et son sens de la couleur l’esprit de construction, de rigueur et de géométrie qui est à l’origine de ces bâtiments.” Les vues du Cabanon et de la Cité radieuse de Marseille du Corbusier, comme les photographies de la Maison de verre, sont à cet égard saisissantes. L’objectif de Lynn Davis agrandit encore la Colonne sans fin de Brancusi, accentue le foisonnement métallique de la Tour Eiffel et apporte aux blockhaus la notion de minéralité qui achève de les déshumaniser. Dix exemplaires de chacune des œuvres ont été édités dont neuf sont proposés à la vente entre 6 000 à 12 000 euros.

(1) “The French Projet” est composé de vingt-deux épreuves, deux photographies existant dans deux formats différents.

LYNN DAVIS PHOTOGRAPHIES, THE FRENCH PROJECT

Jusqu’au 8 novembre, Galerie du passage, 20-22, galerie Véro-Dodat, 75001 Paris, tél. 01 42 36 01 13, du mardi au samedi 11h-19h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°178 du 10 octobre 2003, avec le titre suivant : Le tour de France de Lynn Davis

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