Galerie

ART CONTEMPORAIN

Le spleen de Paul Rouphail

Par Amélie Adamo · Le Journal des Arts

Le 31 janvier 2024 - 411 mots

L’artiste américain est exposé dans l’espace parisien de la Stems Gallery ouvert il y a deux ans.

Paris. L’exposition réunit peintures à l’huile et petites gouaches sur papier. Quelques vues urbaines et paysages atmosphériques, mais surtout des scènes d’intérieurs peuplées de natures mortes : des tables en bois où gisent divers objets, verre, cafetière, fleurs fanées, papillons mais aussi jouets sexuels et phallus en laiton. On retrouve ici le goût de Paul Rouphail (né en 1987) pour une peinture cultivée. Dans les sujets traditionnels bien sûr, comme celui de la nature morte cher à l’artiste. Dans la technique réaliste précise, dans la recherche des effets de lumière, dans la dimension contemplative qui suspend l’espace-temps en le fixant dans l’étrangeté et le trouble. Mais aussi dans la multiplication des citations et jeux de tableaux dans le tableau, de Caravage et Rembrandt à Philip Guston. Le travail de Paul Rouphail est une réflexion sur le temps, la vanité, la solitude, le doute, la sexualité. Une réflexion assez représentative de la mélancolie et de la distance froide d’une génération aux prises avec les malaises de l’époque déchirée par une multitude de remises en question, climatique, identitaire, sociale et politique.

Recherches et précision font le prix de la rareté

Les prix affichés en galerie vont de 5 000 à 22 000 euros pour les plus grandes peintures (152 x 137 cm). Pour les galeristes Pascaline et Guillaume Smets cette fourchette de prix « est en ligne avec la qualité du CV de l’artiste et la nature de son travail très précis, qui requiert beaucoup de temps et de recherche, Paul ne produisant qu’une vingtaine de peintures par an ». Une approche « systématique » dont « la qualité et l’extrême précision sont très reconnues », précisent-ils. Ainsi remarque Guillaume Smets : « De nombreux collectionneurs aux profils très différents apprécient le travail de Paul, il n’y a pas de règles. Nous avons vendu des pièces autant à de jeunes collectionneurs qui ne connaissaient pas encore notre programme qu’aux collectionneurs qui nous soutiennent depuis nos débuts. » Cet engouement bénéficie bien sûr de l’actuel regain d’intérêt pour la jeune peinture figurative très en vogue sur le marché international. Comme le souligne le galeriste, « la peinture figurative est commercialement ce qu’il y a de moins risques… Cependant, nous ne sélectionnons pas nos artistes pour répondre à une certaine tendance. » Ainsi, au-delà de cette première prédilection pour la peinture figurative, la galerie s’attache aussi à représenter la peinture abstraite, la sculpture et la photographie.

 

 

Paul Rouphail, Credenza,
jusqu’au 10 février, Stems Gallery, 11, rue Pastourelle, 75003 Paris.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°626 du 2 février 2024, avec le titre suivant : Le spleen de Paul Rouphail

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