Le salon du goût français

Davantage de dessins néo-classiques du XIXe siècle

Le Journal des Arts

Le 18 avril 1997 - 715 mots

Du 23 au 28 avril, l’Hôtel George V sera le cadre du 6e Salon du Dessin, consacré à l’œuvre sur papier et à ses multiples techniques, de la Renaissance à 1950. Vingt-deux marchands, dont neuf venant de l’étranger, proposeront aux visiteurs une sélection de dessins de qualité, souvent tenue secrète avant l’heure.

PARIS - Autour du noyau dur des onze marchands de l’Association du Dessin, le salon s’ouvre cette année à cinq nouveaux invités européens : Jan Krugier, de Genève, Patrick Derom, de Bruxelles, Bernard Houthakker, d’Amsterdam, Madame Koerfer-Tan-Bunzl, de Londres, et Lucas Baroni – frère du marchand parisien Jean-François Baroni –, de Colnaghi & Co à Londres. Les quatre invités allemands et suisses de l’an dernier sont de nouveau conviés : Katrin Bel­linger et la galerie Arnoldi-Livie, de Münich, Thomas Le Claire, de Hambourg, et Arturo Cuellar, de Zurich. Spécialisé dans le paysage romantique et la fin du XIXe siècle, Antoine Lau­rentin revient cette année en tant qu’invité français, ainsi que Bob Haboldt, qui propose essentiellement des dessins hollandais du XVIIe siècle.
Français ou italien, le dessin ancien jusqu’au XVIIIe siècle est le domaine de prédilection de la majorité des exposants. Parmi les "membres" attitrés, la galerie Cailleux, Didier Aaron, la galerie Grunspan, entre autres, en ont fait leur spécialité. Passionné par le dessin italien, Jean-François Baroni, à l’écoute de ses clients, répond également à une forte demande d’œuvres françaises sur papier. Nicolas Joly offre lui aussi une sélection de dessins anciens de facture élégante et classique. Il expose pour la première fois seul cette année, puisque Yves Mikaeloff a fermé sa galerie et ne participe plus au salon. D’autres exposants ont une approche plus vaste du dessin, du XVIe au XIXe siècle, comme le marchand et expert Bruno de Bayser, la galerie Brame & Lorenceau, la galerie Talabardon, et la galerie Fischer-Kiener. Grand spécialiste du dessin qui transmet son savoir à ses deux filles, Paul Prouté réunit des feuilles du XVIe siècle au XXe siècle, avec le même souci de montrer des œuvres de qualité.

La plupart des galeristes gardent en principe jalousement le secret des dessins qu’ils ont l’intention d’exposer afin de ménager un effet de surprise auprès des visiteurs, qui se décident souvent d’emblée, dès le soir du vernissage. Les dessins italiens et français des XVIIe et XVIIIe siècles sont les plus recherchés, en particulier des signatures telles que Fragonard, Greuze, Boucher, Watteau ou Cara­che. Les dessins d’architecture sont à la mode en ce moment, et Bertrand Tala­bardon se réjouit de présenter un étonnant projet de reconstruction de la façade de Versailles par Peyre l’Aîné. Dans un autre registre, il exposera un carton de vitrail de Maurice Denis pour un hôtel particulier de la rue de Prony. La pièce la plus spectaculaire chez Nicolas Joly sera un grand projet de plafond par Giando­menico Tiepolo, représentant Vénus et l’Amour entourés de putti. Sa sélection porte essentiellement sur les dessins français du XVIIIe siècle, parmi lesquels Moïse découvert par la fille du pharaon de Jean-Baptiste Pierre, peintre du roi Louis XV, et une étude de jeune homme assis par François Le Moyne.

Vues néo-classiques
Le XIXe siècle est notamment représenté par deux paysagistes : Achille-Etna Michallon, le maître de Corot, mort à 26 ans – une Vue de Terni de 1821 –, et l’aquarelliste anglais John Smith. La galerie Cailleux exposera essentiellement des dessins du XVIIIe, ainsi que des œuvres de jeunesse de deux grands artistes néo-classiques du XIXe : une copie d’un tableau de Perron par Ingres, et deux vues de Rome à la sanguine d’Hubert Robert. Chez Paul Prouté, il y aura des dessins français anciens – de Louis de Boulogne, Coypel, Boucher, Vincent, Isabey, Vernet, Chassériau –, des dessins hollandais et italiens, et surtout un beau Braque des années 30. Didier Aaron proposera un choix de dessins français "de charme" du XVIIIe siècle avec de grands noms comme Natoire et Greuze, à côté de dessins du XIXe : paysages animés, portraits et scènes de genre de petits maîtres, plus accessibles. La première moitié du XXe siècle sera relativement moins représentée au Salon, même chez Jan Krugier qui exposera des portraits d’Ingres, des dessins du Maroc par Delacroix et Géricault, une Vue de l’atelier à La Haye de Van Gogh et, véritablement "classique dans le moderne", un dessin Picasso de 1900.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°36 du 18 avril 1997, avec le titre suivant : Le salon du goût français

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