Tableaux anciens

Le point de vue de l’artiste

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 10 novembre 2015 - 476 mots

La galerie Mendes expose des œuvres dont la construction est déterminée par la perspective.

PARIS - Mendes fait partie de ces galeries dynamiques qui organisent chaque année une exposition à thème, faisant vivre un marché qui subi la désaffection du public et dans lequel il est difficile de toucher une nouvelle génération de collectionneurs. Après « Le rêve », « Les Vénus », « Le portrait » ou encore les natures mortes, le marchand Philippe Mendes explore les « Points de vue, vues de l’esprit » à travers 18 peintures, essentiellement françaises et italiennes. « Ces expositions thématiques sont une manière de me démarquer. Ce qui me permet aussi d’embraser plusieurs siècles de peinture », indique-t-il.

L’accrochage est visible aux mêmes dates que Paris Tableau, le salon consacré à la peinture ancienne auquel la galerie, qui s’est créée à Paris il y a déjà huit ans, aurait aimé participer. « Pourquoi le salon ne s’ouvre-t-il pas aux jeunes galeries ? Si je fais mon exposition à ce moment de l’année, c’est justement pour faire contrepoids et montrer que j’y ai ma place », argumente le galeriste.

Lignes de fuite et d’horizon
Cinq années ont été nécessaires pour réunir représentations d’architectures et de ruines antiques, cartes historiques et plans anciens ou encore intérieurs d’églises et trompe-l’œil, des œuvres qui explorent le thème des lignes de fuite et d’horizon, du cadrage et de la perspective. Les grands formats y sont à l’honneur, « disposés de manière à se répondre et placés à touche-touche, invitant l’observateur à “rentrer” dans le tableau », précise le marchand. La galerie, qui vient de s’agrandir grâce à l’acquisition d’un second espace situé en face du premier, permet d’accueillir les dits formats. Parmi eux, une paire de cartes géographiques, l’une de Paris et l’autre de Venise, vers 1620, par Giovanni Maria Tamburini, sont issues d’un ensemble de six plans représentant les plus grandes villes d’Europe au XVIIe siècle et commandé par le cardinal Colonna pour le palais Colonna di Paliano à Rome. Ces deux cartes, dont la représentation adopte la perspective cavalière, sont proposées à 400 000 euros la paire. Le marchand souhaiterait que les deux vues ne soient pas dissociées, mais le Musée Carnavalet, très intéressé, souhaite acquérir celle de Paris, seule représentation topographique de la capitale à cette époque.

L’exposition montre aussi un caprice architectural inédit d’Hubert Robert ainsi qu’une paire, de Caprices toujours, de Viviano Codazzi (120 000 euros). Elle comprend encore le Baptême du comte de Paris dans la cathédrale Notre-Dame de Paris le 2 mai 1841 par Hyppolite Sebron, une étude pour une commande royale d’un tableau conservé à Versailles (en négociation avec une institution nationale) ; Religieuses dans un intérieur, vers 1700, une œuvre inédite d’Alessandro Magnasco, très anecdotique et ouverte sur un point de vue infini ; mais aussi d’autres toiles inédites de Demachy, Desubleo ou encore Dufresnoy.

Points de vue, Vues de l’esprit

Jusqu’au 30 janvier 2016, Galerie Mendes, 36, rue de Penthièvre, 75008 Paris, tél. 01 42 89 16 71, www.galeriemendes.com, tlj sauf dimanche, lundi et samedi 14h-19h, du mardi au vendredi 11h-19h. Catalogue.

Légende photo
Hubert Robert, La Colonnade, 1788, huile sur toile, 102 x 144 cm. Courtesy Galerie Mendes, Paris.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°445 du 13 novembre 2015, avec le titre suivant : Le point de vue de l’artiste

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque