Le Pavillon des antiquaires rajeunit

La manifestation s’est largement tournée vers l’art du XXe siècle

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 18 avril 2003 - 561 mots

La sixième édition du Pavillon des antiquaires et des beaux-arts, qui s’est déroulée du 29 mars au 6 avril au jardin des Tuileries, a réussi à maintenir une activité commerciale honorable dans une conjoncture troublée. Certaines spécialités comme le mobilier du XVIIIe siècle ou la peinture ancienne, qui aujourd’hui déparent d’un ensemble résolument moderne, ont été boudées par des visiteurs aux aspirations plus “déco”?.

PARIS - “Compte tenu des successions de malchances, entre la place de la Concorde fermée le jour du vernissage, le beau temps, et la grève du jeudi, cela s’est bien passé. Je pense que 90 % des exposants ont bien travaillé ou sont rentrés dans leurs frais”, commente avec sérénité Patrick Perrin, coorganisateur du Pavillon des antiquaires. Malgré les cassandres, les grands décorateurs étaient au rendez-vous le jour du vernissage. Ils précédaient ou accompagnaient leurs clients, qu’il s’agisse de Linda Wachner, propriétaire de la firme de lingerie Victoria’s Secret, qui a notamment acheté une paire d’armoires de Nicolas Petit chez Patrick Perrin, ou des très convoités Henry Kravis et Ronald Lauder. La venue de ces quelques grands noms ne masque toutefois pas une clientèle essentiellement française en quête d’objets “tendances”. Les amateurs n’ont pas résisté à l’appel de la mode chez Thomas Frisch et Yann Guérin (Puces, Saint-Ouen), comme sur les autres stands dédiés aux arts décoratifs du XXe siècle. La galerie danoise Dansk Mobelkunst et la New-Yorkaise Antik, qui avaient opté cette année pour le Pavillon plutôt que pour le Salon du XXe siècle, se félicitaient tantôt des résultats commerciaux satisfaisants, tantôt des précieux contacts noués. Forte d’une antenne inaugurée à Paris depuis octobre dernier, Maria Wettergren de la galerie Dansk estime “que le phénomène scandinave a un potentiel important en France”. Elle a rapidement cédé un Chieftain Chair de Finn Juhl et d’autres pièces dans une fourchette comprise entre 5 800 et 30 000 euros. “Nos clients américains aiment savoir qu’on est ici. Ils trouvent cela très chic”, s’amuse de son côté Juliet Burrows de la galerie Antik. Chez HP Antiquités (Paris), où primait l’ambiance italienne, les transactions, entre 5 000 et 20 000 euros, se sont portées sur une bibliothèque tournante de Claudio Salochi et une autre de Franco Albini. “Les gens mettent plus de temps à se décider”, concède toutefois Élisabeth Hervé. Laurent-Alexis Guelfucci a ainsi négocié ses trois pièces importantes, notamment une bibliothèque par Ruhlmann et Porteneuve, deux jours après la clôture du salon.
Étonnamment, le public n’était pas au rendez-vous de très belles pièces, comme pour un portrait de Démocrite par Luca Giordano au prix modeste de 88 000 euros chez Virginie Pitchal (Paris). L’une des œuvres les plus fortes de cette édition, une sculpture d’Ossip Zadkine présentée pour 100 000 euros par Michel Zlotowski (Paris), n’a pas non plus trouvé d’acquéreur. Le marchand a toutefois cédé son éventail d’œuvres de Henri Laurens entre 15 000 et 60 000 euros. Les tableaux anciens et le mobilier du XVIIIe siècle, largement minoritaires, peinaient naturellement à s’imposer. Le futur Pavillon du mois de septembre, aux tonalités plus classiques, leur est naturellement dédié. Le XXe siècle pourrait néanmoins entamer cette nouvelle chasse gardée puisque, en dehors des Noortman, Moatti ou Vanderven déjà inscrits, la porte aux grosses pointures du XXe siècle n’est pas fermée. Les organisateurs espèrent ainsi convaincre quelques “leaders de leurs spécialités”, comme les Vallois ou l’Arc en Seine. Irrésistible XXe siècle...

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°169 du 18 avril 2003, avec le titre suivant : Le Pavillon des antiquaires rajeunit

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