Temps Forts

Le mobilier et les arts décoratifs en retrait

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 14 mai 2004 - 769 mots

Du 25 mai au 31 mai, les Temps Forts de Drouot donnent le ton des prochaines ventes de prestige.

 PARIS - Les Temps Forts de Drouot, organisés du 25 au 31 mai à Drouot-Montaigne à Paris, offrent un avant-goût de quelques ventes prestigieuses orchestrées entre juin et juillet. Après un démarrage d’année assez calme, lié aussi bien à l’attentisme des élections régionales qu’aux vacances scolaires successives, les premiers frémissements font jour. « Fin mars, on a eu un bon chiffre à Drouot-Richelieu [60,4 millions d’euros], l’équivalent de l’an dernier », déclare Georges Delettrez, président de Drouot Holding. Malgré l’exiguïté des salles, Drouot reste le passage obligé des marchands. « L’animation permanente et la marchandise fraîche, c’est ça l’avenir. Si on est un noyau à continuer comme ça, Drouot sera toujours incontournable », entonnent en chœur les commissaires-priseurs parisiens Éric Beaussant et Pierre-Yves Lefèvre.
L’invitation faite à quelques commissaires-priseurs de province en juin 2003 n’a pas donné lieu à une brèche vers la périphérie. « Les Temps Forts sont parisiens cette année. Ce n’est pas contre la province, peut-être y en aura-t-il à nouveau l’an prochain des représentants, note Georges Delettrez. Lors de la précédente édition, Philippe Rouillac [commissaire-priseur à Vendôme] avait de très importants tableaux et c’était justifié. Ça ne sert à rien de prendre des petits objets à droite et à gauche qu’on peut trouver dans n’importe quelle étude parisienne. » Pourtant, la province n’a pas démérité lors du premier trimestre, en enregistrant notamment de bons scores pour les tableaux anciens. L’art ancien siège d’ailleurs en majesté dans les Temps Forts. La fine fleur flamande et hollandaise donne rendez-vous le 25 juin chez Piasa, qui fournit aussi une bonne part de la cuvée art moderne. Une Nature morte au bouquet de fleurs sur cuivre d’Ambrosius Bosschaert l’Ancien est à l’honneur pour une estimation de 800 000 euros à 1 million d’euros. Le Singe antiquaire, un tableau de Chardin récemment redécouvert, sera proposé le 3 juin par la société Ève pour 400 000-600 000 euros. Côté moderne, Piasa poursuit les réjouissances avec un carnet de voyage au Venezuela par Camille Pissarro estimé 120 000-150 000 euros. Les cinq très rares photographies d’Edgar Degas issues de la collection du peintre Henry Lerolle, à l’affiche chez Beaussant-Lefèvre le 2 juillet, sont estimées entre 8 000 et 30 000 euros. La section archéologique est redevable à la vente organisée par Choppin de Janvry le 16 juin. Une tête colossale en marbre de l’empereur Hadrien sera l’un des lots phares pour 50 000-60 000 euros. À côté des spécialités traditionnelles, la société Gros & Delettrez offre en amuse-bouche une sélection issue de la collection de magie du producteur de cinéma Christian Fechner, dispersée les 5 et 6 juin. À ne pas rater parmi ces curiosités, une pendule automate représentant un escamoteur chinois pour 50 000-60 000 euros.
Les arts décoratifs semblent plus en retrait cette saison. La crise du mobilier du XVIIIe siècle, que d’aucuns prétendent conjoncturelle, est lancinante. Du coup, peu d’œuvres semblent promises dans les prochaines ventes. Dans ce semi-désert, on repère toutefois un bureau de pente à toutes faces dans le goût de Pillement estampillé Delorme et proposé par Piasa sur une estimation de 300 000-350 000 euros,  ainsi qu’une table à transformation attribuée à Delorme, offerte par Binoche pour 150 000-200 000 euros le 2 juillet. « Il y a peut-être moins de meubles, mais cela ne veut rien dire. Les choses tombent souvent à la dernière minute », tempère Georges Delettrez. Même la section Art déco, spécialité hautement parisienne, est un peu pauvre. Tout juste voit-on un fauteuil Metteur en scène en chêne sablé de Jean-Michel Frank (est. 30 000-35 000 euros), vendu par Beaussant-Lefèvre le 9 juin, et une table carcasse de Diego Giacometti que Camard & associés présente pour 50 000-60 000 euros le lendemain. La sélection aurait été plus importante si la direction n’avait pas exclu un panneau en laque d’or gravé de Jean Dunand ou une belle coupe ovale en agate baignée, signée Miklos, que Camard propose le 8 juin à l’hôtel d’Évreux. L’an dernier, les Temps Forts n’avaient pourtant pas fait la fine bouche devant la collection de Claudia et Karsten Greve, dispersée par les Camard en ce même lieu. En voulant promouvoir Drouot-Montaigne contre d’autres lieux de vente, le danger n’est-il pas de s’aliéner des œuvres fortes qui font la réputation de la place parisienne ?

TEMPS FORTS DE DROUOT

Du 25 au 31 mai, 15, avenue Montaigne, 75008 Paris, tél. 01 48 00 20 80, les 25 et 27 mai, 11h-17h, du 28 au 31 mai, 11h-18h, fermé le 26 mai, entrée libre.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°193 du 14 mai 2004, avec le titre suivant : Le mobilier et les arts décoratifs en retrait

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