Peinture ancienne

Le marché dégringole

Par Marie Potard · Le Journal des Arts

Le 19 janvier 2016 - 769 mots

Les ventes publiques mondiales de peinture ancienne ont fortement chuté
l’année dernière alors que Paris effectue une belle remontée.

Les ventes de prestige sont de véritables thermomètres du marché mondial. En effet, selon le rapport Tefaf [The European Fine Art Fair] sur le marché de l’art dans le monde publié en mars 2015, la catégorie peinture ancienne, « qui compte pour 8 % dans les ventes aux enchères de “Fine Art” », représentait 1 milliard d’euros (sur un total global de 51 milliards d’euros) en 2014. Or, les grandes ventes de Sotheby’s et Christie’s ont totalisé à elles seules cette même année 331 millions d’euros frais compris, soit 33 % du total des ventes de peinture ancienne. C’est dire leur importance. Pour l’année 2015, les résultats de ces grandes ventes n’ont atteint « que » 238,1 millions d’euros, enregistrant une baisse de 28 %. Si l’on ajoute Paris – qui n’organise pas de grandes vacations – à ce chiffre, le total est de 268,6 millions d’euros (contre 348,2 en 2014), la baisse n’étant plus que de 23 %. Quoi qu’il en soit, ces chiffres semblent indiquer un fléchissement du marché de la peinture ancienne en 2015.

La comparaison entre New York et Londres montre que c’est la capitale britannique qui rafle la mise pour les ventes de prestige avec un total de 139,8 millions d’euros contre 120,3 millions pour New York, sachant que la métropole américaine n’organise qu’une seule session par an, en janvier, contre deux à Londres (juillet et décembre).

12,8 millions d’euros pour la « Bouche de la Vérité »
C’est Sotheby’s qui domine pour les grandes sessions de ventes, tant à Paris qu’à New York et Londres. Au total, la maison de ventes américaine a récolté dans ces trois grandes villes 206,6 millions d’euros, alors que Christie’s n’en récolte même pas la moitié avec 84 millions d’euros. En effet, Sotheby’s indique que son produit d’adjudications « monde » (toutes villes et ventes confondues) dans la catégorie atteint 220,4 millions d’euros. Elle précise : « Nos ventes dans cette discipline atteignent presque le double de notre concurrent le plus proche [sous-entendu Christie’s]. » Ses estimations ont été moins agressives que sa concurrente, ce qui ne l’a pas empêchée de décrocher des collections importantes comme la collection Weldon à New York en avril (20,2 M€) ou Louis Grandchamps des Raux à Paris, en association avec Artcurial (8,6 M€). C’est aussi Sotheby’s qui a remporté la plus forte enchère de l’année dans la spécialité avec La Bouche de la Vérité (1525-1530), de Lucas Cranach l’Ancien, qui a atteint 12,8 millions d’euros, un record mondial pour l’artiste. Le tableau de Cranach est suivi de près par L’Écluse (1824) de Constable, vendue toujours par Sotheby’s en décembre pour 12,5 millions d’euros à Londres. Des résultats incomparables cependant avec celui de la Vue de Rome par Turner qui avait été adjugée 37,6 millions d’euros par Sotheby’s Londres en décembre 2014. D’ailleurs, fait notable, aucune enchère n’est allée au-delà de 13 millions d’euros en 2015 !

Le score de Sotheby’s montre que Christie’s (qui dévoilera ses chiffres plus tard dans l’année) s’est moins bien battue en 2015. Sa dernière vente de l’année du 8 décembre à Londres s’est soldée par un échec avec un total de 6,4 millions d’euros quand Sotheby’s en emportait 22 millions. « Il est très difficile de proposer des œuvres exceptionnelles aujourd’hui car les collections de tableaux anciens ne cessent de se pérenniser. Aussi, pour trouver de telles pièces, nous avons parfois été obligés de sortir de nos zones de confort d’estimation et de prendre des risques », analyse Elvire de Maintenant, spécialiste chez Christie’s.

Paris tient tête
En revanche, Paris s’est bien défendue sur la place internationale puisque le trio de tête (Christie’s, Sotheby’s, Artcurial) totalise 39,5 millions d’euros contre 24,8 en 2014, attestant une augmentation de 59,3 %. Sotheby’s domine également sur le marché national avec un produit d’adjudications de 22 millions d’euros contre 13,9 millions en 2014 (chiffre comprenant les dessins anciens, l’art orientaliste et de l’Islam). Artcurial récolte près de 9 millions, une année record pour l’opérateur tandis que les chiffres de Christie’s avoisinent 8,5 millions.

Drouot n’est pas en reste et remporte la palme de l’enchère la plus élevée sur le marché français avec une nature morte de Chardin, provenant de la collection Doucet, adjugée 2,1 millions d’euros chez J.J. Mathias, Baron Ribeyre & associés le 14 décembre.

Enfin, relativement à la tendance, « la peinture hollandaise et flamande classique est à la peine tandis que le XVIIIe ainsi que le XVIe italien et flamand se portent bien », souligne Éric Turquin, expert en tableaux anciens.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°449 du 22 janvier 2016, avec le titre suivant : Le marché dégringole

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