Ventes aux enchères

Le jade chinois

Par Marie Potard · L'ŒIL

Le 22 novembre 2022 - 834 mots

Pierre éternelle et mythique fort appréciée depuis des millénaires, le jade chinois fait des étincelles aux enchères, particulièrement les pièces sculptées sous la dynastie Qing.

Collectionner -  Les 13 et 14 décembre prochains, Christie’s Paris disperse une importante collection qui renferme de nombreux jades chinois, inédits sur le marché. Depuis 8 000 ans, le jade fascine. D’abord les Chinois – cette pierre était prisée des empereurs –, sans oublier les sultans de Samarkand, les souverains moghols, mais aussi les Occidentaux, les premiers jades orientaux étant entrés dans les collections royales françaises au XVIIe siècle. Même Louis Cartier en rapportait de ses voyages pour les faire monter dans ses ateliers, en pendules par exemple. Ces pierres, caractérisées par leur dureté, leur translucidité et leur douceur une fois polies, sont intimement liées à la culture chinoise, qui leur attribue de multiples vertus, comme l’immortalité, la perfection, la puissance et la noblesse. Les pièces en jade peuvent revêtir une infinie variété de formes (vases, coupes, pots à pinceaux, tabatières, animaux sculptés, etc.), tout comme une gamme très large de couleurs, allant du blanc crémeux au vert épinard. Il existe aussi les cachets impériaux en jade – l’un d’eux s’est vendu 18,5 millions d’euros en 2021, chez Sotheby’s Hong Kong –, ainsi que les jades archaïques, formant une catégorie à part.

Dans la vente de Christie’s, une soixantaine de jades sculptés et une cinquantaine de tabatières en jade seront dispersés, pour des estimations comprises entre 3 000 et 500 000 euros. La plupart des pièces sont issues de la dynastie Qing (1644-1912), notamment de la période Qianlong (1735-1796), « unanimement considérée comme l’une des périodes les plus florissantes de la culture chinoise », précise la maison de ventes. Ce précieux matériau a souvent été mis en lumière. En 2016-2017, le Musée Guimet, à Paris, lui a consacré une importante exposition (« Jade, des empereurs à l’Art déco »), tandis que des ventes aux enchères historiques ont marqué le passé, comme celle de la collection Irving, dont une partie a été vendue en 2019 chez Christie’s New York, la collection Alan et Simone Hartmann en 2006, toujours chez Christie’s Hong Kong, ou encore la collection Djahanguir Riahi chez Sotheby’s Paris, en 2017.

300 000 à 500 000 €

1_bol Couvert -  C’est dans les années 1930, en Chine, que le grand-père du vendeur, qui avait fui les persécutions en Russie au début du XXe siècle, a commencé à collectionner des objets chinois, en particulier les jades. « À cette époque, la dynastie Qinq vient de s’éteindre et quantité d’objets arrivent sur le marché. C’est le meilleur moment pour collectionner en Chine », explique Camille de Foresta. Ce jade blanc finement sculpté est le lot phare de la collection (lian, Chine, dynastie Qing, époque Qianlong, 13 cm). Un bol de forme similaire s’est vendu 3 millions d’euros chez Christie’s Paris en juin 2015 (collection du baron Jean-Baptiste Louis Gros). En vente chez Christie’s Paris, les 13 et 14 décembre 2022.


667 120 € 

2_vase couvert  - Jusqu’à sa vente aux enchères en 2018, ce vase couvert en jade blanc rehaussé de quelques taches de rouille est resté dans la même famille française depuis la fin du XIXe siècle. Estimé au départ 40 000 à 60 000 euros, son adjudication a décuplé son estimation haute. Sa forme élancée, légèrement aplatie, évoque une verseuse dont l’anse est formée par un chilong (dragon sans corne) en ronde-bosse, tandis que le bord opposé est souligné par un phénix dont sont figurées la tête et les ailes stylisées, retenant un anneau mobile (Chine, dynastie Qing, époque Qianlong, XVIIIe, 26 cm). Vendu chez Aguttes, Hôtel Drouot, Paris, le 10 décembre 2018.


80 000 à 120 000 € 

3_verseuse Archaïsante -  Cette pièce couverte jaune et brun, ornée sur le devant d’un phénix sculpté, s’inspire d’une verseuse à vin rituelle en bronze. Le jade étant une substance minérale extrêmement dure, sa mise en forme pouvait être très longue. Pour une pièce très sculptée, évidée comme une dentelle, plusieurs centaines d’heures de travail étaient nécessaires. Mais travailler le jade, c’était aussi bien le choisir, que sa couleur soit uniforme ou que les veines naturelles (impuretés) soient parfaitement intégrées pour en faire un détail du décor, comme pour cet objet (gong, Chine, dynastie Qing, XVIIIe, 16,5 cm). En vente chez Christie’s Paris, les 13 et 14 décembre 2022.


1 087 500 € 

4_écran De Table -  Cet écran de table en jade vert épinard (dynastie Qing, époque Qianlong, 32,5 x 25,5 cm), qui illustre un des épisodes de la vie de Lao Tseu, a pulvérisé son estimation de 150 000 à 250 000 euros. Il provient de la collection de jades de Monsieur et Madame Djahanguir Riahi, couple de passionnés qui a chassé sans relâche des jades d’exception et constitué dans ce domaine l’un des plus beaux ensembles. Cette pièce, qui a notamment fait partie de la collection d’art chinois de Robert C. Bruce (1898-1953), a été montrée au public lors de l’Exposition internationale d’art chinois de l’Académie royale de Londres, en 1935. Vendu chez Sotheby’s, le 22 juin 2017.

Thématiques

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°760 du 1 décembre 2022, avec le titre suivant : Le jade chinois

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque