Le Gray, toujours au faîte

Dispersion de neuf photographies du maître français à Paris

Le Journal des Arts

Le 21 décembre 2001 - 507 mots

L’étude Millon et Associés a proposé le 3 décembre un ensemble de neuf photographies de Gustave Le Gray, le plus recherché des photographes français. Les résultats de la vente, bien qu’importants, semblent toutefois ternis par l’ombre de la vente Jammes qui plane toujours sur le marché de la photographie ancienne.

PARIS - Le catalogue de la vente proposait neuf images issues d’une même collection, celle du chimiste Paul-Émile Lecoq de Boisbaudran (1838-1912). L’originalité du lot provenait des motifs représentés : cinq des clichés avaient été réalisés dans la forêt de Fontainebleau : des vues d’arbres, de rochers, de routes forestières, symptomatiques de l’intérêt nouveau porté à la nature au milieu du XIXe siècle. Plusieurs peintres de l’école de Barbizon avaient déjà montré un goût prononcé pour celui qu’ils appelaient “le Rageur”, un grand chêne de la forêt de Fontainebleau. La photographie de Le Gray, Le Hêtre, image réalisée aux alentours de 1855, un tirage sur papier albuminé d’après négatif sur verre au collodion, pourrait s’apparenter à la même démarche. C’est le portrait d’un arbre, tout en nuances et en contrastes. L’œuvre a été vendue 1,2 million de francs, un résultat très important qui aurait pu apparaître comme très satisfaisant si une image similaire n’avait pas été adjugée plus de 4 millions de francs, il y a deux ans, lors de la célèbre vente Jammes. En passant du quadruple au simple, Le Hêtre résume le paradoxe de la situation de Le Gray sur le marché de l’art. Malgré le fait qu’il est l’artiste le plus recherché du domaine, ses œuvres inspirent une relative frilosité aux enchérisseurs qui depuis deux ans n’ont plus aucune certitude sur la valeur pécuniaire des images. “Nous attendions tous un record sur quelque chose, et cela ne s’est pas produit, analyse Bruno Sepulchre, expert de la vente. Malgré tout, c’est un marché régulier, il y a une cote qui existe et les œuvres ont été vendues aux prix estimés.” Les résultats de la vacation sont effectivement proches des estimations avancées. Arbre creux dans la forêt de Fontainebleau, un tirage sur papier albuminé d’après négatif sur verre au collodion, a été vendu 450 000 francs. Vue de la forêt de Fontainebleau, un tirage sur papier albuminé d’après négatif sur papier, a trouvé acquéreur pour 300 000 francs. Ces sommes honorables ont fait de la vacation une réussite pour beaucoup, même si elles ne sont pas des surprises. Ces dernières viendront peut-être en avril lorsque sera dispersée la seconde partie de la collection Jammes. En dehors de ces événements exceptionnels qui donnent lieu à de surprenants résultats, la cote de Le Gray connaît une certaine stabilité. Soulignons à ce propos que les œuvres de l’artiste ne sont pas particulièrement rares sur le marché. Le nombre significatif d’images, la différence de qualité entre les clichés, la célébrité de l’iconographie même sont autant de variables qui induisent des écarts d’estimation. Autant de facteurs avec lesquels le public pourra se familiariser grâce à la rétrospective que la Bibliothèque nationale de France consacrera prochainement à l’œuvre de Gustave Le Gray.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°139 du 21 décembre 2001, avec le titre suivant : Le Gray, toujours au faîte

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