Ventes aux enchères

Le grand sceau

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 1 octobre 2008 - 680 mots

Les cachets de l’empereur Qianlong seront vendus à Hongkong.

HONGKONG - Huit sceaux impériaux de l’ancienne collection Émile Guimet (1836-1918), fondateur du musée parisien éponyme dédié aux arts d’Asie, sont très attendus à Hongkong. Ils seront vendus aux enchères le 8 octobre par Sotheby’s pour 90 millions de dollars de Hongkong (8 millions d’euros), « probablement à des acheteurs de Taïwan ou de Chine populaire », avance Nicolas Chow, directeur international du département des céramiques et objets d’art chinois de Sotheby’s. Tous ces cachets ont appartenu à l’empereur Qianlong (1736-1795). La pièce majeure est un sceau sculpté de deux dragons enlacés, en jade d’un blanc pur. Estimé 50 millions de dollars de Hongkong (4,5 millions d’euros), ce cachet porte l’inscription « Qianlong yubi » (de la main impériale de Qianlong). Selon les archives du Musée du palais de Pékin, de tous les sceaux Qianlong portant ces mêmes caractères sculptés, le cachet de Guimet est le plus grand (12,5 x 12,5 cm). Stylistiquement, il est à rapprocher de deux sceaux en or de l’empereur Kangxi (1662-1722). Qianlong qui vénérait son grand-père, en tant que mentor et empereur modèle, aimait ce sceau datant de l’époque Kangxi, au point de le faire resculpter à son nom durant son règne.
Un second sceau surmonté de deux dragons enlacés, tout aussi imposant par sa taille (12,7 x 12,7 cm), en jade vert, cette fois-ci, sort également du lot. Il fut livré à l’empereur Qianlong en 1790 pour la célébration de son 80e anniversaire. Il est estimé 20 millions de dollars de Hongkong (1,8 million d’euros). « C’est la première fois que des objets issus de cette si prestigieuse collection apparaissent sur le marché », commente Nicolas Chow. Ce n’est pas tout à fait exact. Les deux mêmes sceaux Qianlong (annoncés alors sans la provenance de Guimet, à la demande de la famille) devaient être en vedette d’une vente d’art d’Asie le 16 juin 2006 à Paris chez Piasa. La Direction des Musées de France (DMF) en a empêché la dispersion deux jours plutôt (lire le JDA n°240, 23 juin 2006). La DMF avait pourtant délivré un certificat de circulation pour chacun des cachets impériaux, à la date du 27 avril 2006. Accompagné de son expert Thierry Portier, Pierre-Emmanuel Audap, le commissaire-priseur en charge de la vente, était allé exposer les deux sceaux à l’Asia International Arts and Antiques Fair de Hongkong en mai 2007. Découvrant sur le tard leur provenance Guimet, le musée éponyme avait émis un doute sur leur inaliénabilité, alors qu’il s’agissait de biens familiaux. « C’est choquant de la part d’un musée de revendiquer des objets sans preuve. Ma vente a été sabotée et je me suis fait gruger », regrette aujourd’hui Pierre-Emmanuel Audap. La DMF n’a jamais répondu à sa demande d’explications. Il découvre à présent, non sans amertume, que les sceaux ont à nouveau obtenu leur passeport pour Hongkong sous la bannière Sotheby’s.
En récupérant les deux sceaux importants, plus six autres chez les héritiers Guimet, Sotheby’s est le grand gagnant de ce cafouillage administratif. L’auctioneer s’est félicité d’avoir adjugé un cachet impérial Qianlong le 9 octobre 2007 à Hongkong pour 46,2 millions de dollars de Hongkong (4,2 millions d’euros), soit alors un record pour un objet en jade blanc. Mais notons qu’un sceau impérial Kangxi s’est envolé à 5,6 millions d’euros le 14 juin dernier à Toulouse chez le commissaire-priseur Hervé Chassaing. « Nous ne prétendons pas qu’il y ait moins d’attrait de vendre en France, déclare Nicolas Chow. Mais nous avions cette année à Hong Kong une thématique de ventes autour du pouvoir impérial. Et il nous a semblé intéressant de présenter ces sceaux avec d’autres objets impériaux tels un exceptionnel rouleau de peintures illustrant l’empereur Qianlong passant ses troupes en revue [est. 80 millions de dollars de Hongkong (7,2 millions d’euros)] et un sabre de cérémonie de l’empereur Qianlong [est. 40 millions de dollars de Hongkong (3,6 millions d’euros)]. »

LEGS DU POUVOIR IMPÉRIAL

- Expert : Nicolas Chow
- Estimation : 90 millions de dollars de Hongkong (8 millions d’euros)
- Nombre de lots : 8

LEGS DU POUVOIR IMPÉRIAL : SCEAUX IMPÉRIAUX QIANLONG DE L’ANCIENNE COLLECTION ÉMILE GUIMET, vente le 8 octobre à Hongkong, Sotheby’s, tél. 01 53 05 53 05, www.sothebys.com.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°288 du 3 octobre 2008, avec le titre suivant : Le grand sceau

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