Art impressionniste et moderne

Le fléchissement est confirmé

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 12 novembre 2008 - 785 mots

Les ventes new-yorkaises ont connu une révision des prix et un fort taux d’invendus. Malevitch, Munch et Degas ont battu des records.

NEW YORK - Les ventes de prestige d’art impressionniste et moderne qui se sont déroulées à New York, le 3 novembre chez Sotheby’s et le 6 novembre chez Christie’s, témoignent d’un marché de l’art demandeur en œuvres de qualité, mais pour des prix en recul de 25 % à 30 % en moyenne par rapport aux six mois précédents. Chez Sotheby’s, 223,8 millions de dollars (173,7 millions d’euros) d’œuvres d’art se sont échangées, à 33 % en dessous de l’estimation basse, accusant une baisse de 17 % par rapport à la session new-yorkaise de novembre 2007. Cela aurait pu être pire. Les estimations, fixées trois mois avant, étaient trop élevées et il a fallu jongler avec les prix de réserve pour obtenir ces résultats. 25 lots n’ont pas trouvé preneur, la plupart sans même obtenir une seule enchère. Sur les 70 lots cédés, sept ont été adjugés dans leur estimation, un seul au-dessus de son estimation et la grande majorité ont été cédés sous la barre de l’estimation basse. La semaine précédente, les propriétaires de l’Arlequin (1909) de Picasso, estimé 30 millions d’euros, avaient retiré la peinture cubiste de la vente, officiellement pour « raisons personnelles », mais plus probablement par crainte qu’elle soit ravalée et donc « grillée » pour longtemps sur le marché. Les trois autres « Top » lots ont tous été vendus, à commencer par la Composition suprématiste (1916) de Kasimir Malevitch, emportée à son estimation basse pour 60 millions d’euros. Ce tableau bénéficiait d’une « enchère irrévocable » annoncée par la maison de ventes, c’est-à-dire que son achat était garanti d’avance par un tiers, et ce, même en l’absence d’un autre enchérisseur. Pour Vampire (1894) d’Edvard Munch, Sotheby’s a annoncé en début de vente qu’il n’y avait pas d’« enchère irrévocable », contrairement à ce qui était indiqué au catalogue (à la suite d’un désistement), mais une garantie était portée par l’auctioneer. Le tableau est parti sur une belle enchère de 38,1 millions de dollars, contre 30 millions d’estimation basse. Danseuse au repos (vers 1879), pastel d’Edgar Degas, également garanti par Sotheby’s, a été adjugé 37 millions de dollars, en dessous des 40 à 60 millions escomptés. Les prix atteints pour Malevitch, Munch et Degas constituent des records mondiaux pour ces artistes. Le Degas est, de plus, auréolé d’un record pour une œuvre sur papier aux enchères. Parmi les échecs de la vente, notons trois tableaux signés Amedeo Modigliani (est. 18-25 millions de dollars), Claude Monet (est. 16-22 millions de dollars) et Henri Matisse (est. 12-18 millions de dollars). Heureusement pour Sotheby’s, aucun n’était garanti.
Le second round s’est déroulé trois jours plus tard chez Christie’s. « On s’en est bien sortis, mais le marché doit retrouver son équilibre… Cela prendra un certain temps », observe Thomas Seydoux, directeur international du département. La vente du soir a réalisé 146,7 millions de dollars (en chute de 63 % par rapport à novembre 2007), soit à peine plus de 60 % de son estimation basse. Presque la moitié des lots est restée invendue, ainsi Nu au feuillage vert, fond noir (1936), peinture signée Matisse et estimée 12 à 18 millions de dollars ; Femme en corset lisant un livre (1914-1918) et Homme assis sur une chaise (1956), deux tableaux de Picasso estimés 15 et 10 millions de dollars au minimum. Livre, pipe et verres (1915), composition cubiste de Juan Gris, estimée 12,5 millions de dollars et emportée par le courtier Franck Giraud pour 20,8 millions de dollars, se retrouve être l’enchère vedette de la vente et un record pour l’artiste. Étude pour Improvisation 3 (1910), une huile et gouache sur carton signée Wassily Kandinsky ainsi que Deux personnages (Marie-Thérèse et sa sœur lisant) (1934), tableau surréaliste de Pablo Picasso, se sont vendus respectivement 16,8 et 18 millions de dollars, un peu en dessous de leur estimation basse. Ce fut aussi le cas du Pont d’Argenteuil et la Seine (vers 1883) de Gustave Caillebotte, adjugé 8,4 millions d’euros. Trois hommes qui marchent I (1948-1950), bronze d’Alberto Giacometti, a même été cédé pour 11,5 millions de dollars contre une estimation de 14 à 18 millions d’euros.

Sotheby’s
- Résultats : 223,8 millions de dollars (176 millions d’euros)
- Estimation : 338 millions de dollars
- Nombre de lots vendus/invendus : 45/25
- Lots vendus : 64 %
- Pourcentage en valeur : 68 %

Christie’s
- Résultats : 146,7 millions de dollars (115,5 millions d’euros)
- Estimation : 240 millions de dollars
- Nombre de lots vendus/invendus : 46/36
- Lots vendus : 56 %
- Pourcentage en valeur : 63 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°291 du 14 novembre 2008, avec le titre suivant : Le fléchissement est confirmé

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