Le dessin ancien

Par Marie Potard · L'ŒIL

Le 17 février 2017 - 793 mots

Même si le Salon du dessin, qui se tient du 22 au 27 mars au Palais Brongniart, s’est ouvert aux dessins modernes et contemporains, les feuilles anciennes et du XIXe restent majoritaires.

COLLECTIONNER - Le Salon du dessin, dont c’est la 26e édition cette année, est une réussite dans le domaine. Créé par une poignée de marchands en 1991, il est le seul salon au monde exclusivement consacré à ce médium. Grâce à la venue de marchands réputés et à l’organisation d’un colloque scientifique et d’une exposition muséale, il est devenu un rendez-vous incontournable pour les amateurs et les conservateurs des plus grands musées. À taille humaine, il rassemble 39 exposants, dont 40 % d’étrangers, qui exposent environ 1 200 dessins au total. Si à ses débuts, le salon exposait presque exclusivement des dessins anciens, il s’est peu à peu ouvert aux feuilles modernes puis contemporaines. Cependant, s’il couvre désormais toutes les périodes, les dessins anciens restent les plus nombreux (50 % contre 40 % de dessins modernes et 10 % de dessins contemporains). « Le marché du dessin ancien s’est institutionnalisé dans les années 1970 avec l’apparition de fonds exceptionnels (Ellesmere, Chatsworth), stimulant ainsi l’appétit des collectionneurs et des musées, toujours à la recherche de pièces rares. Le dessin a alors vu sa valeur augmenter fortement sans connaître de fléchissement, à l’exception d’une baisse de régime au milieu des années 1990 », rapporte Louis de Bayser, président du salon. « Il y a vingt ans, personne n’imaginait que Paris deviendrait l’un des baromètres du marché du dessin. À cette époque, le marché était délaissé, ce qui a permis à certains collectionneurs de constituer une collection, tout en permettant à des marchands de s’installer », commente Bertrand Gautier (Galerie Talabardon et Gautier).

Paysages, portraits, dessins académiques, dessins préparatoires à un tableau… tous les genres sont représentés ainsi que toutes les techniques sur papier (fusain, mine de plomb, sanguine, gouache, aquarelle, etc.). « Tout le monde cherche la même chose et notamment des valeurs consacrées. Mais si c’est un artiste moins connu, c’est l’image qui va prévaloir, notamment pour les œuvres du XIXe. Les gens recherchent ce qui est un peu de l’ordre du rêve », souligne Bertrand Gautier.

Fascinant symbolisme

L’intérêt du public pour le symbolisme, dont Gustave Moreau est l’un des plus grands représentants, est de plus en plus vif. Acheté 310 000 euros en 2015, ce dessin important a appartenu à la collection Antony Roux, mécène de l’artiste, « mais c’est surtout une image très belle, dont le format tout en longueur est en adéquation parfaite avec le sujet, l’inspiration du poète », explique Bertrand Gautier, avant de poursuivre : « Lorsque ce type d’œuvre apparaît sur le marché, il est un peu désorienté. »

Gustave Moreau, Le Poète persan, vers 1886, mine de plomb, aquarelle et gouache sur papier, 35,5 x 16,4 cm.
Prix : autour de 600 000 €. Galerie Talabardon et Gautier (Paris).

Record du monde

Cette étude pour l’un des personnages de la Transfiguration, la dernière œuvre importante du maître de la Renaissance italienne commandée par les Médicis autour de 1516, était conservée depuis trois siècles dans la prestigieuse collection des ducs de Devonshire à Chatsworth. L’œuvre a atteint la somme astronomique de 36,7 millions d’euros à l’issue de 17 minutes d’une intense bataille entre quatre enchérisseurs. Il s’agit du plus haut prix jamais atteint pour un dessin.

Raphaël Sanzio, dit Raphaël, Tête d’un jeune apôtre, Italie, vers 1519-1520, craie noire, 37,5 x 27,8 cm.
Prix : 36,7 millions d’euros (est. 12 à 18 M€). Sotheby’s, le 5 décembre 2012 (Londres).

Rare feuille Renaissance

Ce rare dessin du XVIe siècle est certainement l’une des œuvres les plus inattendues de cette édition 2016 du Salon du dessin. Il date de la Renaissance – ces œuvres sont très rares sur le marché –, il a été produit par un artiste allemand important qui a fait quasiment toute sa carrière à Strasbourg après avoir été l’élève de Dürer et, enfin, il traduit la virtuosité technique de l’artiste et l’attention qu’il a portée aux détails réalistes.

Hans Baldung Grien (1484/85-1545), Tête de vieillard barbu, Allemagne, XVIe, pierre noire et estompe, 27,9 x 20,6 cm.
Prix : au-delà de 500 000 €. Galerie Jean-Luc Baroni Ltd, Londres.

Paysage du XVIIIe siècle

Artiste lyonnais, Jean-Jacques de Boissieu peint peu et est surtout connu pour ses dessins et ses estampes. Paysagiste, il travaille d’après nature dans les environs de Lyon, même s’il représente également des paysages de caprice, comme c’est peut-être le cas ici. Son souci du réalisme le rapproche de l’école hollandaise. « Ce dessin précis et très fini est typique de la production de Boissieu dans les années 1780 », précise Sylvie Tocci Prouté.

Jean-Jacques de Boissieu, Paysage de collines avec une forteresse en ruine et personnages au premier plan, 1783, plume et encre de Chine, lavis gris, signé et daté en haut à gauche, 14,4 x 22,4 cm.
Prix : 12 000 €. Galerie Prouté (Paris).

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°699 du 1 mars 2017, avec le titre suivant : Le dessin ancien

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