Le contemporain toujours convalescent

Seules quelques valeurs très sûres suscitent l’enthousiasme

Le Journal des Arts

Le 1 novembre 1996 - 414 mots

Pendant que les exposants à la Fiac se réjouissaient de la bonne tenue de la foire, Drouot proposait deux ventes d’art contemporain dont les résultats, fort inégaux, ont démontré l’extrême fragilité du secteur.

PARIS. Officiant le 5 octobre devant une salle archi-comble, Me Philippe Loudmer pouvait se féliciter d’un taux de vente plus que respectable – 152 lots, sur les 185 présentés – et de quelques très bons résultats. Ainsi, Composition vert, ocre jaune et ocre brun de Serge Poliakoff, 1953, estimée entre 60 000 et 80 000 francs, a été adjugée 115 000 francs. Tout en bleus et gris, Compo­sition de Geer Van Velde, également de 1953, a franchi allègrement son estimation haute de 250 000 francs pour atteindre 380 000 francs. Mais ce fut essentiellement une vente de petites œuvres à petits prix, même si elles étaient dues à des grands noms de l’art contemporain ; 118 adjudications ont été prononcées en dessous de 50 000 francs, et une bonne cinquantaine à moins de 10 000 francs. La vente a totalisé 4 188 300 francs.

Un nombre restreint d’artistes
La vente de l’Étude Tajan, le 7 octobre, a démontré à quel point l’art contemporain en ventes publiques reste un secteur fragile. Les artistes étaient pour la plupart prestigieux et la marchandise "saine" ; 80 % des 172 œuvres, dont 84 tableaux provenant d’une même collection privée, avaient été consignés par des particuliers, nous indiquait François Tajan, et le nom de la galerie où ils avaient été achetés figurait souvent dans le catalogue. Or, seuls 63 lots ont trouvé preneur, pour un total de 1 844 500 francs.

Le niveau des estimations et des prix était, en moyenne, plus élevé que chez Me Loud­mer, ce qui semble avoir refroidi un public déjà peu enthousiaste.

"On ne constate pas beaucoup d’envie chez les acheteurs, dont beaucoup se sont détournés de l’art contemporain ces dernières années pour collectionner soit des tableaux XIXe et postimpressionnistes, soit des livres – des objets d’art avec une référence historique, confiait François Tajan. Ceux qui continuent à acheter des œuvres contemporaines se concentrent sur un nombre restreint d’artistes." Parmi ce "nombre restreint", Georg Baselitz, dont O.T., une aquarelle de 1983 s’est vendue 72 000 francs, son estimation, tandis que Clock­work Panda Drummer d’Andy Warhol, également de 1983, était adjugé 120 000 francs, bien au-dessus de la sienne (80 000-100 000 francs). Composition de Jean-Pierre Pince­min, estimée entre 25 000 et 35 000 francs, a trouvé acquéreur à 50 000 francs.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°30 du 1 novembre 1996, avec le titre suivant : Le contemporain toujours convalescent

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