Antiquaires

Le collectionneur roi

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 3 septembre 2009 - 723 mots

Le Salon du collectionneur occupe le terrain au Grand Palais avec une offre renouvelée.

PARIS - Les antiquaires ne manquent parfois pas d’humour. Leur syndicat a convié au Salon du collectionneur les squelettes de vrais reptiles préhistoriques ! Histoire d’exorciser leur crainte de disparaître en ces temps ardus ? « L’année est difficile pour le métier, admet Hervé Aaron, président du Syndicat national des antiquaires (SNA). Les salons restent la seule manière de stimuler un marché qui s’est raidi. » Un sentiment que partage le marchand d’orfèvrerie Bernard De Leye (Bruxelles), lequel participe pour la première fois au Salon du collectionneur. « La crise est forte chez nous en Belgique et, en septembre, il ne se passe traditionnellement rien en galerie, indique-t-il. Ce salon est moins cher que la Biennale [des antiquaires] tout en possédant le même atout, le Grand Palais. » Renonçant cette année au Parcours des mondes (lire ci-dessous), Antoine Barrère (Paris) renoue avec la foire par « solidarité corporatiste », avec une sélection d’archéologie chinoise et de bronzes thaïlandais. « Nous nous sommes posé la question de revenir ou non cette année, mais nous ne voulions pas donner une impression fausse de dépression », renchérit Corinne Kevorkian (Paris), de retour avec de l’archéologie et de l’art islamique. Autre fidèle, Frank Laigneau (Paris) revient avec une commode et trois chaises (vers 1902) d’Eliel Saarinen, père du célèbre Eero Saarinen.

« Un salon d’antiquaires »
Cependant, les organisateurs ont peiné à rallier les troupes, comme en témoigne une liste d’exposants très hétérogène. Plusieurs marchands se sont inscrits en dernière minute, dans l’espoir d’obtenir des tarifs plus avantageux, ou dans la crainte de se voir évincés de la Biennale des antiquaires. Il faut dire que les coûts élevés des stands et la longue durée du salon ne sont pas incitatifs. « On fait des efforts sur le plan de la qualité du service par rapport à d’autres salons, il y a plus de décors qu’à Art Paris, réplique Hervé Aaron. On essaie de maintenir un certain niveau qui corresponde à celui d’un salon d’antiquaires et non d’art contemporain. Par ailleurs, alors que le Grand Palais a augmenté ses tarifs de 40 %, on a baissé les nôtres de 8 %. » L’objectif tacite est aussi d’occuper le terrain – et le calendrier – pour éviter la mainmise d’une manifestation concurrente.
Après leur baptême printanier au Pavillon des arts et du design (Paris), les Parisiens Hélène Bailly et Félix Marcilhac participent pour la première fois au Salon du collectionneur. Leur but commun est de conforter leur image. « C’est un bon entraînement, les gens s’habituent au fait que nous ne sommes pas seulement un cabinet d’expertise », précise Félix Marcilhac. Comme au Pavillon, celui-ci présente une marchandise d’appel dont les prix varient entre 2 000 et 100 000 euros, avec notamment une commode de Jules Leleu et un bureau de Dominique. Plus identifiée pour sa programmation contemporaine, Hélène Bailly s’attache à un pan moins connu de son activité en présentant Georges Mathieu et Maria Elena Vieira da Silva. La foire compte aussi quelques entrants plus établis comme Claude Bernard (Paris) et Baudoin Lebon (Paris). Ce dernier s’en tient à un petit stand de quinze mètres carrés où figureront des estampes et des livres de Dubuffet. On remarque aussi l’arrivée du libraire Laurent Coulet (Paris). « Ce qui me tente, c’est de changer de milieu. Ce n’est pas une foire du livre avec les confrères et clients habituels, explique-t-il. J’espère convaincre de nouveaux acheteurs. Certains des grands clients de la bibliophilie sont venus au livre grâce à la Biennale des antiquaires. Ce sera peut-être le cas avec ce salon. » Celui-ci a prévu une sélection accessible pour les non-bibliophiles, notamment les Fables de La Fontaine illustrées par Jean-Baptiste Oudry. Autre surprise, la présence de François Laffanour (Paris) avec une exposition d’une vingtaine de sièges, de Joseph Hoffmann à Ron Arad. Une tentative de donner de l’assise à cette rentrée en forme de point d’interrogation.

LE SALON DU COLLECTIONNEUR, du 11 au 20 septembre, Grand Palais, avenue Winston-Churchill, 75008 Paris, tél. 01 44 51 74 74, www.sdc france.eu, tlj 11h-20h, les 15 et 17 septembre 11h-22h.

LE SALON DU COLLECTIONNEUR
Organisation : Syndicat national des antiquaires
Nombre d’exposants : 110
Tarif du stand au mètre carré : 695 euros
Nombre de visiteurs en 2007 : 28 000

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°308 du 4 septembre 2009, avec le titre suivant : Le collectionneur roi

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