Le cerveau derrière la puce en vente publique

En 1974, Roland Moreno (1945-2012) déposait le brevet d’une invention appelée à révolutionner la vie quotidienne : la carte à puce. Cinquante ans plus tard, une partie méconnue mais essentielle de cette épopée technologique est dévoilée au public à travers une vente aux enchères organisée par FauveParis le 24 mai prochain. 

La vente rassemble près de 80 lots inédits, conservés jusqu’alors par la famille de l’inventeur. Des premiers prototypes de synthétiseur bricolés dans sa chambre d’étudiant jusqu’au légendaire terminal de paiement « de la marchande », en passant par la mythique bague à puce, l’ensemble retrace le parcours de l’un des plus grands innovateurs français. L’ensemble avait été présenté au Centre Pompidou en 2024 dans l’exposition « Roland Moreno. Du désordre créatif à l’invention de la carte à puce ».

On y retrouve aussi bien des objets techniques que des créations poétiques ou décalées : machines expérimentales, notes manuscrites, dessins de circuits, outils de prototypage, télétypes, premiers essais de générateur de nom de marque par intelligence artificielle, objets publicitaires, correspondances avec Gotlib ou Reiser, cartes télématiques annotées de sa main. Certaines pièces incarnent le passage à l’ère numérique : modem siglé Apple, prototype du Pass Navigo, ou encore PIAF, l’horodateur individuel à carte.

La pièce phare de la vente reste le tout premier terminal de paiement industriel, adjoint de sa « Carte Prom » originelle, estimé entre 300 000 et 500 000 €. Il témoigne du saut technique entre le prototype fait main dans l’appartement de l’inventeur et la technologie de masse adoptée par les banques dix ans plus tard. 

La vente rend hommage à un inventeur autodidacte, poète et provocateur, qui rêvait de marier humour, progrès et désordre créatif.