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Le carré se mobilise

Face à la crise, le Carré Rive Gauche fait preuve d’optimisme du 5 au 7 juin.

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 26 mai 2009 - 768 mots

Encouragés par un nouveau directoire élu en octobre 2008, les galeristes du Carré Rive Gauche mettent les bouchées doubles pour l’édition 2009, qui se déroulera du 5 au 7 juin à Paris. Dopée par de nouveaux participants fraîchement débarqués du quartier Drouot et des puces de Saint-Ouen, la manifestation sera fidèle à sa réputation en proposant pléthore d’objets de curiosité.

PARIS - Serrez les rangs ! Tel est en substance le mot d’ordre du nouveau bureau du Carré Rive Gauche élu en octobre dernier. Pour rassembler davantage de marchands, le directoire a même baissé de 700 euros le montant des cotisations. Plus volontaristes que jamais, les antiquaires du quadrilatère ont compris que les jérémiades et les clivages ne sont guère productifs en temps de crise. « À mes yeux, la querelle des Anciens et des Modernes est révolue, affirme William Vonthron, président du Carré Rive Gauche. En période difficile, tout le monde se sert les coudes parce qu’on doit avancer ensemble. » Avancer, plutôt que faire le dos rond. « Il ne faut pas mollir ou se scléroser. Au contraire, on doit travailler deux fois plus, martèle la jeune galeriste Marie Watteau. Il y a une baisse de fréquentation des galeries, mais il n’y a pas de quoi paniquer, quand on a une bonne pièce, on la vend. »
Malgré la récession, l’encéphalo-gramme de ce quartier éclectique n’est pas vraiment plat. Les espaces fermés depuis un an ont pour la plupart trouvé des repreneurs. Début mai, le marchand Jean-Marc Lelouch a troqué son espace du passage Vérot-Dodat pour une enseigne sise rive gauche. « Vérot-Dodat, c’était une belle endormie et j’avais envie de me réveiller. Il y a beaucoup plus de mouvement quai Voltaire », explique-t-il. Celui-ci prévoit pour le Carré des pièces de Philippe Hiquily et Takis. De son côté, Vincent Lécuyer a quitté depuis le mois de janvier le quartier Drouot pour la rue de Lille. André Hayat et Fabien Barbera ont quant à eux abandonné les Puces pour s’installer respectivement rue de Lille et rue de Verneuil. « Le marché aux puces est extrêmement ralenti, relève André Hayat. La clientèle du Carré n’est absolument pas la même que là-bas, il y a à peine 10 % en commun. »

De sérieux efforts
L’optimisme de rigueur n’est pas pour autant béat. La manifestation a pris soin d’éviter le terme d’« objet extraordinaire » tant celui-ci se fait rare. « Ce qui est difficile par rapport aux années précédentes, c’est de mettre des pièces de côté pour le Carré. Quand on peut vendre, on vend tout de suite », observe Nicole de Pazzis-Chevalier. Celle-ci a néanmoins gardé une tapisserie tissée à Bruxelles au XVIIe siècle illustrant l’amour d’Antoine et Cléopâtre. Parmi les objets de curiosité dont le Carré s’est fait une réputation, on relève un sablier en argent filigrané du XVIIe siècle chez Véronique Girard et une gourde de pèlerin de la fin du XVIe siècle présentée à la galerie À la façon de Venise. Fabien Barbera remet à l’honneur le style néoclassique avec une console Empire d’après un modèle de Jacob. Concernant le XXe siècle, la galerie Mandalian-Paillard montre un bureau de Mallet-Stevens réalisé en 1929 pour Roger Gompel, dirigeant de la société Paris-France. Côté peinture, Vincent Lécuyer prévoit Après l’Aurore d’Alfred Smith, tandis que Marie Watteau accroche Au théâtre de Jean Veber ainsi qu’une Nature morte à la mappemonde par Marcel Roche. Antoine Laurentin rend, lui, hommage à Jean Peyrissac, peintre méconnu inspiré des surréalistes, pendant que la Galerie Bailly fait place au jeune dessinateur Dran.
Même si les expositions thématiques ne relèvent pas nécessairement du « meilleur de l’art », comme le prétend le slogan du Carré, les marchands font de sérieux efforts, chacun à leur niveau. Exigeante comme toujours, Myrna Myers présente des bijoux de l’Inde moghole et des Tamouls du sud de l’Inde. Le thème de la nature s’invite à la Galerie Vauclair avec les céramiques d’Avisseau et de Minton. Sous le libellé « Inspiration tabac », la Galerie Parisienne réunit des boîtes et cendriers réalisés par des artistes comme Ben, César, Yonel Lebovici ou Jean Pierre Raynaud. Au menu, un cendrier troublant d’Arman au fond duquel on peut lire l’inscription « cancer ». Un mal qui ne menace pas les galeries les plus actives du Carré.

CARRE RIVE GAUCHE, 5-7 juin, antiquaires du 7e arrondissement, rues de Lille, de Verneuil, de Beaune, du Bac, de l’Université, quai Voltaire www.carrerivegauche.com les 5 et 6 juin, 11h-21h, le 7 juin 11h-18h.

CARRÉ RIVE GAUCHE
Président de l’association du Carré Rive Gauche : William Vonthron
Nombre d’adhérents : 102
Cotisation : 1 200 euros annuels

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°304 du 29 mai 2009, avec le titre suivant : Le carré se mobilise

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