L’art tribal fait recette

Un salon plus riche et mieux organisé

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 24 septembre 1999 - 702 mots

Près de 1 400 personnes ont franchi le porche de l’hôtel Dassault, le 15 septembre, lors de la soirée de vernissage du Salon international d’art tribal. La plupart des marchands se sont félicités de la qualité des visiteurs, comprenant de nombreux collectionneurs français et quelques belges. Des ventes importantes ont été conclues les deux premiers jours, mais la majorité des transactions a cependant porté sur des pièces moyennes.

PARIS - Les allées de l’hôtel Dassault étaient noires de monde, le soir du vernissage du Salon international d’art tribal. Les stands les plus petits étaient difficiles d’accès, malgré l’amélioration du cheminement, tant les visiteurs s’y serraient pour regarder de près les objets. Les grands collectionneurs étaient au rendez-vous, mais aussi de nombreux curieux qui pressaient de questions les exposants. Les visiteurs étrangers – quelques belges, allemands, italiens – semblaient toutefois peu nombreux, Américains et Anglais se faisant encore plus rares. Les exposants ont davantage soigné la présentation de leurs stands que l’an passé, misant sur des décors discrets et des éclairages tamisés. Peu d’entre eux ont cependant fait l’effort d’accompagner leurs pièces de cartels.
La qualité des pièces proposées a progressé. Parmi les objets d’art africain, on notait une belle statue Bongo (Soudan), haute de 135 cm, sur le stand de Bernard de Grunne, une statuette Luba (République démocratique du Congo) du tout début du XXe siècle, représentant un esprit fétiche au crâne évidé, chez Pierre Dartevelle. La galerie Chabadie exposait une statuette Dogon d’un personnage masculin en position debout, et Group 2 Gallery un tabouret à caryatide “Kipona”.
Caractéristique de l’art Zula (République démocratique du Congo), ce siège figurant une femme au torse allongé et aux jambes écartées était utilisé comme trône lors de l’investiture du chef.

Dans la sélection d’art océanien, le visiteur a pu découvrir également, chez Édith et Roland Flak un masque Tatanua de la Nouvelle-Irlande, provenant de l’ancienne collection André Breton, ou sur le stand de Kevin Conru, un autre masque Tatanua ayant appartenu au grand voyageur Bruno Mencke (qui en a fait don au Musée Linden de Stuttgart), ainsi qu’un masque Kepong de la Nouvelle-Irlande peint en rouge et noir. Quelques rares pièces d’art précolombien étaient présentées, tel le masque Guerrero proposé par David M. Lantz à 85 000 dollars (527 000 francs) ou un siège de cérémonie en pierre volcanique grise provenant du Costa Rica, exposé chez Bernard Dulon et vendu dès l’ouverture.

Tabouret Fang
Contrairement à l’an passé, la “commission d’admission” des objets, composée de quatre experts, ne comprenait cette année aucun exposant. Une galerie, qui s’est vu refuser tous ses objets, a dû quitter le salon. Un autre incident a défrayé la chronique : la nocturne du salon, prévue de longue date le jeudi 16 septembre de 19h à 21h, a été annulée le soir même – les organisateurs arguant de la tenue simultanée du vernissage d’Art Paris et de la nocturne de la Fiac – et les visiteurs ont trouvé porte close.

Certains exposants ont vendu des pièces importantes dès le soir du vernissage, comme Pierre Dartevelle qui s’est séparé d’un tambour à fente du nord Zaïre, ou Bernard Dulon qui a cédé plusieurs pièces entre 100 000 et 200 000 francs, ainsi que de très décoratives portes en bois du Mali et du Gabon, entre 20 et 50 000 francs. Jo de Buck a, quant à lui, vendu quelques pièces moyennes autour de 15 000 francs ; toutefois, le deuxième jour du salon, son étonnant tabouret Fang (Cameroun) – qui présente certaines ressemblances avec des pièces de Keith Haring – trônait toujours sur son stand. “Pour les pièces les plus chères, les clients prennent leur temps et reviennent sur le stand les jours suivants”, souligne le marchand belge. Chez Édith et Roland Flak, un crâne de Nouvelle-Guinée est parti à 150 000 francs, un bouclier aborigène australien à 35 000 francs, et deux masques peints d’ancêtres de Nouvelle-Guinée à 25 000 et 45 000 francs. Leur étonnant propulseur de Nouvelle-Guinée, un objet élancé et épuré évoquant une statue de Brancusi, s’est vendu 50 000 francs. Pour sa part, Alain Lecomte s’est séparé d’un masque Punu à 50 000 francs, mais il n’avait pas encore trouvé d’acheteur pour sa grande sculpture Dayak de Bornéo.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°89 du 24 septembre 1999, avec le titre suivant : L’art tribal fait recette

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