Festival

L’art mis en musique

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 25 juillet 2007 - 509 mots

Une nouvelle foire d’antiquaires cherche à séduire le public mélomane de Salzbourg.
Elle a toutefois peiné à attirer les exposants.

 SALZBOURG - Poussive et démodée, la Biennale de Monaco se met cette année en sommeil. Elle cède la place à une nouvelle manifestation estivale, organisée en Autriche, la « Salzbourg World Fine Art Fair ». Comme son aînée monégasque, ce salon cherche à ferrer les clients jusque dans leurs villégiatures. Salzbourg, ville de Mozart et du chocolat fourré au Marzipan, serait-elle donc un Monaco sans la Méditerranée ? « Ce qui fait la déperdition de Monaco, c’est la mer. Les gens bougent beaucoup, et il est difficile de les retenir », observe le décorateur Patrick Hourcade, l’un des maîtres d’œuvre de ce nouveau projet mené par le Suisse Yves Bouvier. « Il y a aussi ce vieil adage : on ne vend bien que ce que l’on aime bien. Or Monaco n’aime pas l’art mais la Formule 1. »
Salzbourg, elle, aime en tout cas la musique le temps d’un festival. « C’est un petit village qui en un mois devient une grande ville », souligne Theobald Seyffertitz, représentant de la Résidence de Salzbourg, ancien palais des princes-archevêques. « Les visiteurs attendent le concert du soir et, entre-temps, ils n’ont rien à faire dans l’après-midi, poursuit Bruce Lamarche, conseiller pour la foire. Les gens restent au moins pendant quatre jours. En étirant la foire sur deux semaines, on peut capter un public renouvelé. »
La Résidence ayant consenti à abriter la manifestation, Patrick Hourcade compte filer la métaphore de la représentation en concevant les stands comme de petits théâtres. Les organisateurs veulent également un salon « intelligent ». Aussi ont-ils collaboré avec le laboratoire historique de l’université de Salzbourg pour une exposition de cartes géographiques au sein de la Landkartengalerie ouverte pour la première fois au public.

Air classique
Mais il faut plus que des appâts pédagogiques pour harponner les clients. Il en faut plus aussi pour convaincre les marchands. Peinant à faire le plein d’exposants, la foire a pioché principalement dans les régiments allemand et autrichien. « Je vais à Salzbourg car la majorité de mes clients, notamment des collectionneurs du sud de l’Allemagne, s’y rendent pendant le festival, indique le marchand de mobilier XVIIIe, Albrecht Neuhaus (Wurzbourg). L’ambiance est la même que dans ma ville. » On l’aura compris, l’esprit ambiant sera teuton et conservateur, plus proche d’un Herbert von Karajan que d’un Gérard Mortier ! Malgré cette toile de fond classique, Franck Laigneau (Paris) ne démord pas de ses meubles Jugendstil. Il prévoit notamment une jardinière en terre cuite émaillée du Suédois Alf Wallander très inspirée des Arts & Crafts et une paire de fauteuils de Heinrich Vogeler. Bien qu’elle considère l’Autriche comme « un aquarium dont on n’a pas changé l’eau depuis longtemps », la galerie Seroussi (Paris) est aussi du voyage, avec un arsenal germanique de Wols, Max Ernst et Paul Klee, à l’instar de ses confrères parisiens Steinitz et Ratton-Ladrière. Des pionniers qui viennent tâter le terrain et savourer en même temps un avant-goût de vacances.

sSALZBOURG WORLD FINE ART FAIR, 28 juillet-4 août, La Résidence, 1, Residenzplatz, Salzbourg, Autriche, www.salzburg-faf.com, tlj 13h-17h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°263 du 6 juillet 2007, avec le titre suivant : L’art mis en musique

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