Escalade

L’art contemporain poursuit son envol

Le Journal des Arts

Le 30 novembre 2007 - 797 mots

Les craintes apparues après les ventes d’art impressionniste et moderne se sont dissipées devant les résultats encore une fois renversants des ventes d’art contemporain à New York.

NEW YORK - Les ventes d’art d’après-guerre et contemporain de novembre ont eu l’effet d’un cachet d’Alka Seltzer, soulageant collectionneurs, marchands et responsables de maisons de vente du monde entier anxieux de voir s’achever la valse des profits. Ces ventes records ont recueilli un total de 889 millions de dollars (599 millions d’euros) et ont dissipé les craintes de voir la crise du crédit américain et la faiblesse du dollar affecter la demande. En dépit des péripéties boursières, Jeff Koons, Richard Prince, Lucian Freud, Takashi Murakami – chacun établissant des records – et autres artistes en vogue ont suscité des enchères impressionnantes.
« Les gens respirent », confiait le marchand new-yorkais David Leiber, de la Sperone Westwater Gallery, « les lots avaient de bonnes estimations ». Ce sentiment de soulagement était d’autant plus frappant après le coup de théâtre de la semaine précédente, lorsque la vente d’art impressionniste et moderne de Sotheby’s a fait plonger le cours des actions de la société (lire p. 24). Les ventes d’art contemporain se sont mieux déroulées, avec des pourcentages à la hausse – les deux grandes ventes du soir affichaient plus de 90 % en nombre de lots vendus. Contrairement aux rumeurs assurant que Sotheby’s et Christie’s misaient sur la venue en masse de nouveaux collectionneurs étrangers, les deux maisons ont assuré que les acheteurs américains avaient dominé les enchères. « C’était du solide, a commenté la marchande Marianne Boesky, les gens ne tombent pas dans l’irrationnel. Ils paient pour les lots dont ils ont envie. »

Nouveaux records
Le bilan total de la semaine a été renforcé par les ventes en journée qui ont, elles aussi, atteint des records. La vente Sotheby’s du 15 novembre a recueilli 102,4 millions de dollars (69 millions d’euros), la première du genre à dépasser la barre des 100 millions de dollars – une vente du soir de Christie’s avait dépassé ce même niveau, il y a à peine trois ans et demi. Jadis domaine réservé des marchands à l’affût des bonnes affaires, les ventes en journée attirent des nuées de collectionneurs en quête d’art plus tendance. Sotheby’s a vu une enchère record pour l’artiste japonais Murakami et les dix lots vedettes sont partis à plus d’un million de dollars pièce. Selon la maison, les collectionneurs privés se sont offert au moins la moitié de ces lots. Chez Christie’s, les ventes en journée ont recueilli 93 millions de dollars (62,7 millions d’euros). Les artistes chinois ont consolidé leur cote, avec de grandes toiles colorées doublant des estimations qui semblaient déjà généreuses. Des tableaux de Zhang Xiaogang ont battu des records au cours des deux soirées, avec les 5 millions de dollars (3,37 millions d’euros) obtenus par Family Portrait (2004) chez Sotheby’s.
Christie’s inaugurait la semaine, le 12 novembre, avec une soirée consacrée à la dispersion d’une seule et unique collection particulière. La succession du marchand new-yorkais Allan Stone a recueilli un total de 52,4 millions de dollars (35,3 millions d’euros), avec seulement sept lots ne trouvant pas preneur. Des pièces inhabituelles et nouvelles sur le marché des artistes américains Wayne Thiebaud, Richard Chamberlain et John Graham – toutes saluées par des enchères records – ont attiré des acheteurs de longue date. Cette vente n’était pas des plus spectaculaires, avec beaucoup d’œuvres sur papier, de l’art africain, des girouettes d’art populaire américain et des figurines de princesses indiennes. Mais elle a donné le ton de la soirée suivante chez Christie’s, où le résultat de 325 millions de dollars (219 millions d’euros) était en plein cœur de l’estimation (271-373 millions de dollars). Seuls cinq des soixante-sept lots n’ont pas trouvé preneur. Sotheby’s emboîtait le pas avec une vente historique pour la maison, d’un total encore jamais atteint de 315,9 millions de dollars (213 millions d’euros). Celle-ci a permis à Sotheby’s de rattraper sa rivale Christie’s, qui domine les ventes d’art contemporain depuis quelque temps. Le recrutement de Lisa Dennison, ancienne directrice du Musée Guggenheim de New York, a également donné de l’élan au département.
Phillips de Pury & Company a eu la malchance de figurer à la fin d’une longue semaine, recueillant 42,3 millions de dollars (28,5 millions d’euros), en dessous des 47,2 millions de dollars de l’estimation haute. La semaine a démontré que les prix pour l’art contemporain restent soutenus. L’enthousiasme pour les œuvres récentes semble intact. « Il y a une bonne part de spéculation », commentait la courtière Louise Eliasof, ajoutant que les collectionneurs aiment être considérés comme des découvreurs de nouveaux talents : « Les collectionneurs sont très satisfaits d’avoir été les premiers à prendre le train en marche, c’est la preuve qu’ils sont visionnaires. »

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°270 du 30 novembre 2007, avec le titre suivant : L’art contemporain poursuit son envol

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