L’art asiatique à New York

L'ŒIL

Le 1 mars 2003 - 554 mots

Fin mars, pendant huit jours, New York devient asiatique. Organisée du 28 mars au 2 avril à l’Armory sur Park Avenue, la huitième édition de l’International Asian Art Fair regroupe cinquante-cinq exposants de dix pays, dont vingt-trois marchands venus du seul Royaume-Uni, mais aucun Français. En même temps, plusieurs musées et de nombreuses galeries organisent un peu partout dans la Big Apple une foule de conférences et d’expositions sur l’art de l’Asie.
« Depuis le xixe siècle, les Américains se sont beaucoup intéressés à l’art asiatique et il y a toujours eu, aux États-Unis, d’importantes collections d’art de la Chine et du Japon », commente Gisèle Croës, la grande spécialiste bruxelloise de bronzes antiques chinois. Comme plusieurs de ses confrères d’outre-Atlantique, elle choisit cette année d’élire domicile dans une galerie amie, la Danese Gallery, pour y exposer une quarantaine d’objets : des récipients en bronze, des sculptures en pierre de la période des Six Dynasties (220-581), ainsi que des terres cuites Tang (618-907).
Au sein de l’Asian Art Fair à l’Armory, John Eskenazi de Londres expose un stûpa, ou colonne sculptée destinée à la dévotion, datant du xie siècle et provenant de l’est de l’Inde. Elle est divisée en trois parties, chacune ornée de quatre bouddhas. Grande spécialiste de textiles chinois, Linda Wrigglesworth accrochera une très rare robe en soie jaune, ornée de neuf dragons en fil d’or, élaborée autour de 1750 pour l’empereur Qianlong. On verra de l’art japonais chez le marchand britannique Greg Baker, qui déplie un paravent à deux panneaux de la période Edo du XVIIIe siècle, figurant des grues entourées de nuages. Le stand d’Erik Thomsen d’Allemagne sera consacré à tout ce qui se rapporte au thé dans la civilisation japonaise.
Rossi and Rossi de Londres, pour leur part, exposeront dans la galerie Dickinson Roundell Inc. un choix de sculptures et d’images sacrées du Tibet – la plus ancienne, fin du XIIIe siècle, inspirée par les traditions de l’Inde du Nord, représente le bouddha Sarvavid Vairocana.
La plus moderne, si l’on peut dire, est un tableau du XVIIIe siècle représentant Kalachakra et Vishvamata sur un lotus ouvert.
Un autre grand marchand londonien, Giuseppe Eskenazi (l’oncle de John Eskenazi), prend ses quartiers chez Pace Wildenstein pour y exposer dix-huit objets – des bronzes, sculptures en pierre, jades et ivoires sculptés de la période Chang (XIIIe-XIe siècle avant notre ère) à la période Ming (1368-1644), en provenance de la prestigieuse collection du banquier belge Adolphe Stoclet.
Parmi la quinzaine d’expositions organisée en mars par des institutions new-yorkaises, signalons celle consacrée à l’artiste contemporain thaï Montien Boonma dont les installations sont à voir à l’Asia Society and Museum, où se trouve également un choix d’œuvres d’art bouddhiste de la collection de John D. Rockefeller ; cent pièces de céramique japonaise populaire, de 3000 avant notre ère à 1985, au Bard Graduate Center ; la collection Amy S. Clague de textiles chinois, de la dynastie Song (960-1279) à la dynastie Qing (1644-1911) à la Chinese Institute Gallery.
« Les institutions d’art américaines sont terriblement positives à propos de ce genre de manifestation, conclut Gisèle Croës. Quant au marché de l’art asiatique, il a tout simplement changé de capitale ces dernières années. Elle n’est plus à Londres, mais à New York. »

NEW YORK, International Asian Art Fair, Armory, Park Avenue, www.haughton.com, 28 mars-2 avril.

Cet article a été publié dans L'ŒIL n°545 du 1 mars 2003, avec le titre suivant : L’art asiatique à New York

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