Salon

L’appel de New York

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 24 juillet 2007 - 616 mots

Recentrée sur un seul site, l’Armory Show tente de calmer la grogne de ses exposants.

 NEW YORK - Pour la direction de l’Armory Show, l’heure est aux bonnes résolutions, face au mécontentement croissant de ses exposants. Que lui reproche-t-on ? Ses espaces trop petits, une qualité artistique insuffisante et une logistique nulle. La concentration de la foire sur un seul site et la mise en place cette année de nouveaux services – ainsi l’intégration d’une entreprise de traiteur –, constituent un premier pas. Les améliorations se révèlent urgentes face à l’hémorragie depuis deux ans des éléphants de la profession, partis rejoindre le Art Show organisé par le collectif American Art Dealer’s Alliance (AADA). Quelques galeries new-yorkaises comme D’Amelio Terras et David Zwirner jouent sur les deux tableaux. « Ce sont deux foires différentes, observe Lucien Terras. Certains visiteurs du Art Show ne vont pas à l’Armory, où l’ambiance est plus feutrée, les murs recouverts de tissus à l’ancienne. On est ici sur Park Avenue. » Ce dernier présente du coup sur Art Show des pièces historiques de Yayoi Kusama, et des œuvres plus récentes, notamment de Sam Samore, à l’Armory.

Des « one-man shows »
L’Armory Show doit aussi en découdre avec le succès grandissant d’Art Basel Miami Beach. « Depuis le lancement d’Art Basel Miami Beach, nous avons vu le nombre des visiteurs, des ventes et des candidatures grimper fortement. Notre audience a doublé depuis 2003 », défend Katelijne De Backer, directrice du salon. Certes, mais la plupart des exposants invoquent des résultats commerciaux bien supérieurs en Floride. « Même si on marche moins bien qu’à Miami, l’Armory reste un rendez-vous symbolique avec la capitale du marché de l’art, insiste le galeriste Emmanuel Perrotin. Les galeries américaines n’ont pas besoin de l’Armory, le reste du monde, si. » On regrette d’autant plus amèrement l’éviction de certaines enseignes parisiennes dynamiques comme Georges-Philippe et Nathalie Vallois, Nathalie Obadia ou Anne de Villepoix. Les sortants cèdent la place à de plus jeunes galeries parisiennes comme Kamel Mennour, Hervé Loevenbruck ou Cosmic. « C’est comme si on amputait une génération de galeries structurées au profit du jeunisme », déplore Nathalie Obadia.
Les exposants français optent souvent pour des présentations lisibles, voire des one-man shows, dans l’espoir de dénicher des relais américains pour leurs artistes. Cette ambition sous-tend le solo show de Mathieu Mercier chez Valentin (Paris). Les relations de l’artiste avec son marchand new-yorkais, Spencer Brownstone, semblant actuellement se déliter, le Mercato est ouvert ! De même, Art : Concept (Paris) mise sur deux expositions personnelles quotidiennes, le coup d’envoi étant donné par Gedi Sibony et Philippe Perrot. « Nous avons choisi de montrer le dernier jour Ulla von Brandenburg et Pierre-Olivier Arnaud, lesquels ne disposent pas encore de galerie à New York. C’est un moment creux pendant lequel les galeries font leur tour de foire », confie Daniele Balice, de la galerie Art : Concept. Pour sa part, Cosmic arbitre son stand autour du noir, entre une batterie couverte de goudron par Marc Bijl et une étagère murale de James Hopkins qui présente des objets composant un crâne humain. Humour plus vachard chez Loevenbruck avec les vétérans d’Alain Declercq. Ces derniers portent autour du cou les noms des cinq camps de garnison américains à Bagdad. Bien que son Congrès ait viré démocrate, l’Amérique savourera-t-elle cette pique ?

THE ARMORY SHOW

23-26 février, Pier 94, Twelfth Avenue at 55th Street, New York, du 23 au 25 février 12h-20h, le 26 février 12h-17h, www.thearmoryshow.com - Directrice : Katelijne De Backer - Nombre d’exposants : 150 - Tarifs des stands : de 5 000 à 47 000 dollars (3 872 à 71 195 euros) - Nombre de visiteurs en 2006 : 47 000

Les nouveaux pénates d’Yvon Saint Lambert

Nouveau logo proche de celui d’Yves Saint Laurent. Nouvel espace d’une superficie de 880 m2 inauguré le 23 février avec Richard Jackson. Nouveaux artistes avec l’Estate [la succession] de Tom Wesselmann et l’arrivée de Loris Gréaud. Depuis septembre 2003, l’antenne new-yorkaise de la galerie Yvon Lambert a fait du chemin. « La première année, c’était la Bérézina. Nous avons voulu exporter une valeur ajoutée française, confie Olivier Belot, directeur de la galerie parisienne. Notre équipe était alors à dominante française, et nos artistes, essentiellement européens. Depuis que nous avons mis en place une structure purement américaine et intégré des artistes américains, c’est le jour et la nuit. » La caisse de résonance de cette antenne se révèle supérieure à celle de la maison parisienne. « À la suite de son exposition “Departure”? en 2005 à New York, Mircea Cantor a fait la Biennale de Berlin. Nous avons vendu la pièce au Walker Art Center [à Minneapolis, Minnesota] et il a eu un projet personnel au Musée de Philadelphie [Pennsylvanie], rappelle Olivier Belot. Je ne suis pas sûr que les résultats auraient été aussi probants à Paris. Quand on fait une exposition à New York, le MoMA ou le New Museum viennent systématiquement. » Alors, fini Paris ? « Au contraire, cela nous a poussés à organiser des projets plus ambitieux à Paris. Il faut être honnête : New York, c’est plus business. Paris est plus un laboratoire pointu. »

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°253 du 16 février 2007, avec le titre suivant : L’appel de New York

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