L’âge de la maturité

Le Salon du dessin est devenu un rendez-vous incontournable

Par Éric Tariant · Le Journal des Arts

Le 10 avril 1998 - 573 mots

Le Salon du dessin, qui a fêté son septième anniversaire dans un nouveau décor, celui des salons Hoche, s’est imposé comme la manifestation la plus importante du genre. Grâce à ce rendez-vous annuel, Paris s’affirme comme une des grandes places du dessin. La manifestation a, une fois encore, réservé de belles surprises aux collectionneurs et marchands, qui ne se sont pas fait prier pour réaliser des transactions.

PARIS - Des acheteurs potentiels piétinant devant l’entrée d’un salon d’art avant même l’ouverture au public, voilà qui est peu commun. C’est la scène à laquelle ont pu assister les riverains du parc Monceau, le 31 mars, lors du vernissage du Salon du dessin. Devant quitter l’hôtel George V, fermé pour travaux, la manifestation a pris place cette année dans les salons Hoche, un peu exigus pour accueillir les 25 exposants. Le changement de lieu n’a semble-t-il désorienté ni les amateurs, ni les conservateurs des grands musées qui n’ont jamais été aussi nombreux. “La clientèle semblait aussi plus internationale que les années précédentes, avec beaucoup de Suisses, d’Allemands, d’Espagnols et d’Américains,” signale Bruno de Bayser.

Jean-François Baroni, qui exposait entre autres des dessins de Jean-Baptiste Oudry (Deux moutons) et Michel Corneille (Étude d’homme barbu), a noté également la présence de nombre d’Américains, de Belges et d’Italiens, tout comme Emmanuel Moatti – qui devait livrer le soir même du vernissage un dessin à une cliente californienne – ou Nathalie Hiriart chez Haboldt & Co, qui soulignait en outre la présence active de clients belges et anglais. Chez Didier Aaron, on estime que “la clientèle comportait un nombre important de marchands étrangers, hollandais et anglais notamment.” Le profil du collectionneur de dessin ? Il s’agit essentiellement de gens âgés de cinquante à soixante-quinze ans. Un petit monde de passionnés qui, bien souvent, se connaissent.” De plus en plus de visiteurs d’une quarantaine d’années sont présents sur le salon, mais ils achètent rarement”, ajoute Bruno de Bayser, dont le stand a connu un bon succès avec des œuvres comme la Sainte Famille servie par les anges de Giovanni Benedetto Castiglione. Belle réussite encore du côté de la galerie Paul Prouté, qui a vendu dès la première journée la quasi-totalité des pièces exposées, dont ce Saint Antoine tenté par deux démons de Giovanni Francesco Barbieri, dit le Guerchin, emporté pour 180 000 francs.
Satisfaction également chez Didier Aaron : “Le salon a trouvé son créneau, la formule est bonne. La manifestation s’inscrit aujourd’hui comme une des grandes dates du calendrier parisien. La clientèle est de plus en plus nombreuse, et les exposants vendent bien.”

Variété des prix
Emmanuel Moatti, qui réunissait un ensemble d’œuvres autour du thème de la “vue d’intérieur”, affichait lui aussi sa satisfaction, sur un stand qui ne désemplissait pas. Parmi les dessins de qualité vendus dès les premiers jours, un Degas, Trois danseuses nues en arabesque, que l’on pouvait admirer chez Achim Moeller Fine Art. Ce fusain sur papier marouflé sur carton est parti à 900 000 francs, tandis que la Jeune Bretonne au bord de la mer d’Armand Seguin, présentée chez Talabardon & Gautier, était achetée 250 000 francs. Des œuvres à des prix plus accessibles étaient proposées sur plusieurs stands, notamment chez Chantal Kiener où les Deux chouettes de Raymond Bigot se sont vendues 19 000 francs. Printemps en Île-de-France, un pastel et gouache de Ker-Xavier Roussel empreint de toute la subtilité des Nabis, a été enlevé à 50 000 francs chez Brame & Lorenceau.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°58 du 10 avril 1998, avec le titre suivant : L’âge de la maturité

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