La vente Arp suspendue

Une décision de justice bloque la dispersion annoncée

Par Le Journal des Arts · Le Journal des Arts

Le 19 juin 1998 - 406 mots

La vente d’une importante collection d’œuvres de Jean Arp, qui devait être organisée le 21 juin par l’étude Calmels, Chambre, Cohen, a été suspendue par décision de justice. Un jugement devrait être rendu le 23 septembre.

PARIS - La Fondation allemande Hans Arp et Sophie Taeuber a, le 29 mai, assigné en référé le Dr. Gubler, légataire universel de Ruth Tillard-Arp, fille de François Arp – le frère du peintre – décédée au mois de janvier, pour empêcher la vente prochaine à Drouot-Montaigne d’une collection de 82 pièces. Exécutées par Jean Arp, Sophie Taeuber et Théo van Doesburg, ces œuvres, dont la valeur totale est estimée entre 20 et 30 millions de francs, devaient être dispersées le 21 juin par l’étude Calmels, Chambre, Cohen. Le tribunal de Paris, qui s’est prononcé le 29 mai, s’est opposé à la vente. “Afin de ne pas laisser les parties dans l’incertitude trop longtemps, le tribunal a fixé au 23 septembre la date pour plaider sur le fond de l’affaire”, a indiqué Me Thierry Marembert, associé de Me Georges Kiejman, avocat de la Fondation Hans Arp et Sophie Taeuber établie à Rolandseck, près de Bonn. Cette dernière faisait valoir qu’un testament antérieur désignait comme héritier le créateur de la fondation allemande, Johannes Wasmuth, aujourd’hui décédé. Dans une clause ajoutée il y a quelques années, Ruth Tillard-Arp précisait que l’héritage devait revenir à la fondation si M. Wasmuth décédait avant elle.

“Ce que nous demandions, a indiqué Me Marembert, c’était la mise sous séquestre des œuvres d’art ayant appartenu à Mme Ruth Tillard-Arp, en invoquant ce testament antérieur en faveur de la fondation allemande. Selon nous, le testament du 26 novembre 1997 en faveur du Dr. Gubler doit être annulé en ce qu’il a été fait en faveur du médecin de cette dame, qui devait décéder deux mois seulement après ce deuxième testament. Nous pensons que sa maladie et les soins que lui donnait le médecin ont influé sur sa décision de modifier son testament”. Plus tôt, Me Georges Kiejman avait évoqué un article du Code civil qui stipule que les médecins ne peuvent hériter de leurs patients. Et le Dr. Gubler rétorquait qu’il n’est plus médecin depuis 1986, date à laquelle il est devenu fonctionnaire à l’Inspection des affaires sociales, en précisant que seuls des liens affectifs, dus au fait que sa famille connaissait les Arp depuis de nombreuses années, l’attachaient à Ruth Tillard-Arp, décédée à l’âge de 85 ans.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°63 du 19 juin 1998, avec le titre suivant : La vente Arp suspendue

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