La photo à l’état pur

Paris Photo a moins profité aux \"contemporains\"

Par Emmanuel Fessy · Le Journal des Arts

Le 4 décembre 1998 - 668 mots

Trente mille visiteurs, quatre-vingt cinq exposants – contre 65 en 1997 –, dont onze galeries américaines qui assurent revenir l’an prochain : Paris Photo, qui s’est tenu du 19 au 23 novembre au Carrousel du Louvre, prend du galon. Ce salon unique au monde, puisque contrairement à l’AIPAD de New York, il présente la photographie dans toute sa diversité, a mieux profité aux marchands de photographie “pure�? qu’à ceux de photographie “plasticienne�?.

PARIS - Encore plus nombreuse que l’an dernier, la foule s’est pressée au Vernissage de Paris Photo. Il est vrai que son organisateur, Rik Gadella, avait généreusement distribué les invitations, un peu trop aux dires de certains marchands. Il n’empêche que cette soirée d’ouverture donnait le ton, et le dernier né des salons français a réussi à faire venir au Carrousel du Louvre un public, jeune notamment, qui ne fréquente pas habituellement les travées des foires. Autres réussites, avoir exposé une sélection de la remarquable collection Gilman, qui n’avait jamais encore été montrée en France, accueillir davantage d’exposants sans pour autant faire baisser la qualité des œuvres présentées, et avoir déplacé des galeristes américains, indispensables au marché de la photographie dont la capitale reste New York. “Les onze galeries américaines m’ont déjà assuré de leur présence l’année prochaine”, se félicite Gadella.

Cette seconde édition a mieux profité  aux marchands de photographie “pure” qu’à ceux de photographie dite plasticienne, selon les catégories en vigueur. “Des collectionneurs d’art contemporain semblent avoir découvert le XIXe ou la photographie de la première moitié du siècle, tandis que leurs stands favoris présentaient des pièces déjà vues à la Fiac ou dans les galeries”, commentait un marchand. Ainsi, l’on croisait Claude Berri, qui a rassemblé une collection d’art contemporain avec l’aide en particulier du marchand Leo Castelli, ébloui par un tirage de Dorothea Lange. Le New-Yorkais Howard Greenberg, qui défend les grands classiques, se disait “très satisfait, impressionné par le public”. Il a vendu un Callahan à 9 000 dollars, un Alvarez Bravo beaucoup plus cher. Robert Miller, qui comme lui participait pour la première fois à Paris Photo, avait fait le choix d’une exposition sans cartel. Il a cédé pour 12 000 dollars une image emblématique de Diane Arbus, le portrait d’une Portoricaine, et un Bruce Weber à 3 000 dollars. “Nous avons pris contact avec de jeunes collectionneurs qui ne viennent pas à New York, mais les Français se décident plus difficilement que les Américains”, disait-on sur son stand. Même écho chez Edwin Houk : “Aux États-Unis, les visiteurs d’un salon sont déjà des collectionneurs, ils viennent pour acheter. 4 500 dollars, c’est un prix de départ pour ces acheteurs, alors que pour les Français c’est déjà beaucoup d’argent”. Françoise et Alain Paviot ont bien vendu un Autoportrait de Charles Nègre, ainsi que des Doisneau, Atget ou Brassaï. “Il est certain que nous avons rencontré des amateurs que nous ne connaissions pas”, commentait Alain Paviot, pour qui Paris Photo “est désormais une foire. Un salon c’est 20 stands !”. Nina Beskow a trouvé elle aussi “une nouvelle clientèle”. Elle présentait à nouveau Gisèle Freund, ainsi que des tirages de Christer Strömholm, 80 ans, prix Hasselblad 1997, et dit avoir placé l’exposition dans trois galeries importantes. Satisfaction également pour la galerie 1900-2000, qui a vendu des Wolf et des Krull.

Troisième édition, la mode
En revanche, Yvon Lambert se montrait moyennement satisfait et regrettait que les vernissages professionnel et public n’aient pas été assez séparés. Chez Marian Goodman, où aucun des Thomas Struth à 40 000 francs n’est parti, on parle seulement de contacts. “Si, comme l’an dernier, des ventes se concluent dans le mois qui suit, nous ferons le même chiffre”, estimait Pierre Staudenmeyer de la Galerie RE. Baudoin Lebon, qui offrait un stand allant de Lucien Clergue à Witkin, en passant par Patrick Bailly-Maître-Grand ou Ernestine Ruben, a peu vendu. Il regrettait l’absence de conservateurs américains, et surtout celle de leurs trustees. Troisième édition, du 18 au 21 novembre 1999, avec des expositions sur le thème de la mode.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°72 du 4 décembre 1998, avec le titre suivant : La photo à l’état pur

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque